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vendredi 4 avril 2014

Liberté de soigner les animaux avec les plantes...

Pas de plantes pour soigner nos animaux ?

Samedi 13 décembre, de nombreux agriculteurs et personnes concernées par le thème du soin par les plantes en élevage participaient à la ferme ouverte de Sandrine Lizaga à Bourdeaux. Tous unis autour de la même inquiétude : la préservation de ces savoir-faire ancestraux, menacés par des directives européennes et nationales...
Eté 2013. Sandrine Lizaga, tranquille éleveuse d'une soixantaine de brebis laitières à Bourdeaux, reçoit la visite de deux agents de la DDPP (Direction Départementale de la protection des populations, contrôlant le bien-être animal). Jusque-là, rien d'anormal. Sauf que ça n'est pas l'hygiène de la fromagerie qui intéresse les agents, mais sa pharmacie. Adepte de l'agriculture biologique, Sandrine Lizaga traite son troupeau à l'aide de granulés d'homéopathie, d'huiles essentielles et d'extraits de plantes. La malheureuse ! La chose est partiellement interdite, et l'agricultrice est priée de vider sa pharmacopée. «C'était ubuesque, confie l'éleveuse. J'ai dû retirer les tubes de granules de mon armoire».
Soigner le moins possible
C'est tout d'abord éviter de traiter un maximum. Pour ça, Sandrine Lizaga favorise les races rustiques, et privilégie les individus les plus forts de son troupeau. Elle travaille également la génétique en changeant de béliers reproducteurs le plus souvent possible. «Pendant très longtemps, les bêtes n'ont été sollicitées que sur leur capacité à produire. Aujourd'hui, il faut mettre l'accent sur la résistance aux maladies» affirme la Confédération paysanne 26. Mais c'est aussi des pratiques au quotidien : on ne sort pas les brebis quand l'herbe est humide pour éviter le parasitisme par exemple...
Et privilégier le préventif
Pour pallier certaines carences suite à la mise à bas, Sandrine Lizaga donne un traitement d'huiles essentielles accompagné d'ail (mais après la traite bien sûr). Un peu d'huile de foie de morue pour favoriser le système immunitaire. Une cure de chlorure de magnésium par ci, un baume décongestionnant pour les mammites par là...
Et pour les humains, qu'en est-il ?
C'est là que la situation devient complètement hallucinante... Car oui, ce que l'on interdit aux animaux, on l'autorise aux humains. Impossible de donner des granules à vos chèvres sans ordonnance, mais par contre, pas de problème pour acheter de l'arnica en pharmacie pour votre enfant !
Pour les huiles essentielles, c'est encore différent. Mais pas moins comique : «On n'a pas le droit d'être herboriste, donc on fait de la cosmétique, ou de l'alimentaire», sourit amèrement Claire Montesinos, membre du syndicat des simples. Effectivement, les producteurs ne sont pas habilités à donner des conseils, à prescrire. «Ce sont donc les gens qui demandent, qui savent ce qu'ils veulent». Et tout s'achète sous couvert de produits de beauté ou de cuisine. L'huile de neem par exemple (une huile végétale issue des graines du margousier) est connue pour ses nombreux bienfaits. Mais en France, c'est de l'huile de massage ! Bien entendu, Claire Montesinos ne nie pas la complexité des soins par les huiles essentielles et indique que «ça nécessite un bon usage, une bonne posologie». D'où une inquiétude plus troublante : et si le contrôle accru de ces médecines rendait les pratiques encore plus dangereuses ?
Dans l'été, Sandrine Lizaga fera l'objet de six contrôles successifs. Ce qui fait un peu beaucoup, mais elle n'est pas la seule. Réunis à Bourdeaux pour une ferme ouverte le 13 décembre, les agriculteurs sont inquiets. Et bizarrement, ce sont les plus «bios»...

Où en est la législation ?

Le soin par les plantes en élevage est un sujet complexe car franchement méconnu, y compris des principaux intéressés (agriculteurs ET services vétérinaires). Alors revenons aux bases, qui sont au nombre de trois :
1 — La directive européeen Reach (Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques), mise en place en 2007, tend à protéger les consommateurs des produits chimiques mis sur le marché. Une bonne intention, sauf que, dans la loi Reach, les huiles essentielles sont mises au même niveau que des produits chimiques toxiques, et ce dès que la production dépasse 1kg (amendement en 2010). Pour Claire Montesinos (productrice-cueilleuse de plantes médicinales et distillatrice), c'est une aberration : «Il y a une différence entre une huile essentielle distillée à grande échelle et celle produite par un petit distillateur bio. Il ne faut pas confondre distillation industrielle et aromathérapie».
2 — En mars 2013, le règlement UE 230-2013 interdit 600 plantes sous forme d'huiles ou d'extraits en tant que complément alimentaire. Il s'agit d'un décret d'application français (zélé le décret) découlant d'une loi européenne qui prendra effet en mars 2014 (le temps d'écouler les stocks).
3 — Enfin, une note de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) reconnaît une action physiologique, et pas que curative, comme définition du médicament. Par conséquent «dès qu'il y a allégation de soin, écrit ou oral, la prescription du vétérinaire est indispensable» explique Philippe Bizeul, directeur d'un centre de formation agricole à Nyons. Or, on sait que le soin par les plantes ne s'accompagne pas toujours d'ordonnance, c'est le principe…

Qu'a t-on le droit de faire ?

Aujourd'hui, comme le souligne Vincent Delmas, porte-parole de la Confédération paysanne 26, plusieurs éleveurs ont peur d'être «dans l'illégalité». Ils «ne savent pas s'ils doivent cacher ou pas leurs trousses d'homéopathie»...
Si l'aroma et la phytothérapie sont dans le collimateur des services vétérinaires, l'homéothérapie (qui ne tombe pas sous le coup de l'Anses) est moins inquiétée. D'ailleurs, la DDPP s'est rétractée sur ce sujet après le contrôle de Sandrine Lizaga. «Ils s'étaient renseignés plus haut, et ils sont revenus sur leur décision», raconte l'éleveuse.
Et pour le reste ? «Quand j'ai rencontré la DDPP, ils m'ont dit que la solution était d'établir un protocole avec mon vétérinaire associant à chaque symptôme un système de soins», avoue Sandrine Lizaga. C'est la solution actuelle privilégiée par les éleveurs pour continuer de soigner leurs troupeaux via les médecines douces. Mais l'avenir, avec la disparition imminente des 600 plantes et la loi Reach, inquiète énormément les agriculteurs bio comme les distillateurs et producteurs de plantes médicinales. Pour l'instant, l'heure est à l'organisation de la résistance...
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bourdeaux-affaire-Lizaga-6-3003 questions à Alain Boutonnet, vétérinaire homéopathe à la retraite
Comment avez-vous commencé à travailler les médecines naturelles ?
Je suis devenu vétérinaire en 65, et j'ai commencé à être homéopathe en 70. Au début, ça faisait bien rire les gens, mais tout le monde nous foutait la paix. Puis un jour, j'ai été contacté par un éleveur qui faisait face à des avortements à répétition. Rien n'y faisait, il avait tout essayé. J'ai tenté une isothérapie à partir d'un isolant d'avorton et du placenta d'une des bêtes. En 10 jours, les avortements s'étaient arrêtés. Quand l'éleveur a rapporté son cas à Marseille devant une assemblée d'experts, tout le monde s'est moqué de lui. J'ai compris que quand on sortait du moule, on était montré du doigt.
Qu'est ce qui vous choque dans ces interventions des services vétérinaires ?
Je crois qu'il s'agit de la liberté de mener son élevage comme on le souhaite. Par exemple, sur le cas précédent, les services vétérinaires m'avaient indiqué qu'il était interdit de faire des prélèvements sur ses propres brebis pour les donner à ses propres brebis. Alors que pour moi, on est dans la liberté élémentaire. Ce sont nos animaux...
Et sur les huiles essentielles, qu'en pensez-vous ?
Je reprendrai les mots de Philippe Labre (vétérinaire naturothérapeute interdit d'exercer par le Conseil Régional de l'Ordre des Vétérinaires Rhône-Alpes NDLR) : cette législation qui vise à interdire l'usage de certaines plantes est caractéristique d'un lobby pharmaceutique qui essaye d'entraver le développement de ces pratiques. Ça nous est indispensable, mais c'est aussi politiquement et éthiquement nécessaire. http://www.e-tribune.fr/index.php/montelimar/montelimar-agriculture/1086-pas-de-plantes-pour-soigner-nos-animaux

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