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vendredi 11 avril 2014

Elections Municipales de Die : dernière analyse...( 4/4 )



Vendredi 11 Avril 2014
Die 26150 : Etat des lieux. Dix jours après les Elections. Municipales de Die... Marco Panseri, administrateur de MCD a interrogé Claude Veyret, notre rédacteur sur les élections à Die pour une quatrième et dernière interview… Quatre ou cinq questions à Claude Veyret, ancien élu municipal sur le plateau du Vercors (1976-82) pour comprendre les municipales à Die. (4/4) 1 - Marco Panseri : Quelle bilan tiré de ces Municipales ? 
Claude Veyret : Restons en à l’analyse politique…Pour comprendre la globalité, mettons ces élections en rapport avec ce qui c’est passé au national. Ces élections municipales sont une débâcle électorale pour le PS et le gouvernement. En examinant la liste des villes de plus de 30 000 habitants, le Parti socialiste peut faire le décompte : il perd une cinquantaine de villes. Des bastions, des villes conquises en 2008, des villes dirigées par des personnalités nationales : le vote sanction est passé partout. Toulouse, quatrième ville française, Quimper, ville de Bernard Poignant, conseiller proche de Hollande, Roubaix, Reims, Belfort, Argenteuil, Asnières, Colombes, Chambéry, Angers, Caen, Ajaccio, Montbéliard, Valence, Évreux, Tours, Roanne, Saint-Étienne, Laval, Pau, Amiens, La Roche-sur-Yon, Athis-Mons, Livry-Gargan. Un résultat symbolise à lui seul l’ampleur de la défaite socialiste : Limoges. Personne n’aurait imaginé la perte par le PS de ce bastion socialiste depuis 1912. Or Alain Rodet, maire sortant, est battu. Jean-Marc Ayrault, dimanche soir, et la plupart des responsables socialistes n’ont d’ailleurs pas renvoyé à des situations locales difficiles les enseignements de ce scrutin. « C’est une défaite pour le gouvernement. J’y prends toute ma part. Ces élections ont été marquées par la désaffection significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012 », a reconnu le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le résultat est d’une rare sévérité, tant il vient démentir une large partie des socialistes qui perdent aussi plus de 155 villes de plus de 9000 habitants. En Drôme : Romans sur Isère, Valence, Portes lès Valence (en alliance), Livron, etc.… A Bourg-lès-Valence, le basculement à droite est un véritable séisme. La ville n’avait en effet jamais été gérée par la droite. Un grand chelem de la droite qui va aussi remettre en cause la gouvernance de l’agglo Valence-Romans sud Rhône-Alpes présidée par le maire PS de Valence Alain Maurice battu ce dimanche soir. Et en Isère : Voiron, Vizille, Eybens, ….  C’est un cycle qui s’achève ou plutôt la fin d’un système qui est visible dans ce vote : celui de la fin d’un dualisme ou manichéisme Gauche-Droite qui permettait aux socialistes et ses alliés d’avoir comme programme seul la diabolisation de la Droite…Autre point à prendre en compte, je pense, autrefois, et ma génération aussi, nous choisissions de voter à Gauche dès notre premier vote et nous n’en changions jamais jusqu’à notre mort.  Cela ne vaut plus, les nouvelles générations peuvent un jour voter à Gauche et le scrutin d’après, vouloir essayer «autre chose ». L’abstention a encore augmenté en ce deuxième tour (38,5% après 36% au premier tour). Les reports de voix sont médiocres, voire très mauvais, laissant isolés les candidats du PS. Autre symbole de la défaite socialiste : Grenoble. La liste emmenée par l’écologiste Éric Piolle, regroupant le Front de gauche et des associations de la ville, avait créé la surprise en arrivant en tête, devant la liste socialiste, au premier tour. Le refus du candidat PS Jérôme Safar de fusionner a été durement sanctionné par les électeurs. L’écart se creuse encore, puisque l’alliance conduite par les écologistes l’emporte avec 40,8 % des voix contre 27,6 % pour le socialiste. La victoire du candidat du Front de gauche Patrice Bessac à Montreuil ne doit pas masquer les difficultés persistantes du PCF, en particulier en Ile-de-France. Les communistes perdent plusieurs fiefs, Saint-Ouen, Bagnolet, Bobigny, Villejuif. Ils sauvent d’extrême justesse Saint-Denis et préservent quelques villes en région, comme Dieppe. L’affaiblissement du communisme municipal se poursuit. Enfin, même si un comptage précis reste à faire, tout laisse penser que le Sénat, à l’issue des élections de l’automne prochain, devrait être repris par la droite. Cette situation ne me réjouit pas…Ce sont des années de travail dilapidées.
2 - Marco Panseri : La victoire d’un Centre n’était pas prévisible ?
C.V. : François Bayrou a déclaré que s’il était élu (lors de la présidentielle), son gouvernement serait composé des meilleurs, à droite comme à gauche. Est-ce cette idée qui a émergée à Die en 2014 ?  Bayrou ne fait pas partie de mon Panthéon intellectuel, mais arrêtons nous une seconde à cette idée de « coopération » des énergies dioises, d’une « alliance pour virer la Droite » proposée par les écologistes. Iconoclaste, provocatrice, incongrue, gonflée et je ne sais quels qualificatifs. Elle sortait des habitudes politiciennes, de la normose des appareils incapables de voir les évolutions sociétales,  elle dépassait leur vision intelligible, leur compréhension et leurs stéréotypes préfabriqués du politiquement immuable. L’occasion a été ratée (pas pour Mr Trémolet qui a gagné mais pour la liste de Mr Leeuwenberg dont c’était la seule possibilité de gagner). Reprenons au niveau national : nous assistons ici à l’émergence discrète d’un centre….Certain dirons d’une « Droite Dioise » depuis 2 élections municipale. Moins remarqués que le FN ou les écologistes, les candidats des partis centristes sont sortis renforcés du premier tour des municipales. Jérôme Baloge UDI, a emporté dimanche, au premier tour,  la mairie de Niort, Deux-Sèvres, (60 000 habitants). La ville des mutuelles, à gauche depuis soixante ans, a rebasculé vers la droite de l’échiquier convenu. C’est une victoire franche pour ce gaulliste social, catholique pratiquant, avec 54,32% des voix, sur la maire sortante PS qui n’a récolté que 20,35%. « Nous avons fait campagne sur des enjeux locaux très forts comme la diversification de l’emploi, et bénéficié du rejet des logiques politiciennes » souligne-t-il. Les électeurs se sont massivement reportés sur une offre politique centriste au sens large : sur des candidats modérés de l’UMP comme Fabienne Keller, à Strasbourg (Alsace), sur ceux de l’UDI et du Modem, comme Erwann Balanant, à Quimperlé (Finistère). François Bayrou, qui avait perdu son siège de Député, a profité de cette « vague centriste » en étant élu à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Les villes de Béthune, Laval, Amiens et Saint-Brieuc, ont basculé au centre. En Haute-Savoie, des dizaines de maires de petites communes les ont gagnées dimanche dernier sous l’étiquette UDI. Quant à Yves Jégo, Jean-Christophe Lagarde ou André Santini, tous cadres du parti fondé par Jean-Louis Borloo il y a un an et demi, ils ont été, eux aussi, réélus au premier tour, comme 90% des maires sortants sous cette bannière. Au soir du second tour, entre 6000 et 7000 élus de l’UDI ont donc intégrer des conseils municipaux, dans la majorité ou l’opposition, contre environ 2500 jusqu’à aujourd’hui. Entre les deux grandes forces politiques omnipotentes, le centre séduit une frange de l’électorat en quête de propositions modérées et concrètes. « Les centristes reprennent des couleurs dans cette élection, confirme le politologue Laurent Bouvet. François Loos, de l’UDI : « Nous sommes des humanistes, argumente le candidat. Les gens ne veulent plus de clivage, de tension. Ils veulent qu’on s’occupe d’eux, qu’on leur facilite la vie. » Discours pragmatique sur l’économie et les entreprises, vœux de rigueur quant à la dépense publique, attention portée au social et aux plus démunis… Pour ces élus, la décentralisation n’est pas un vain mot. Ce qui explique sans doute pourquoi les centristes refont surface dans l’Ouest, notamment en Bretagne acquise aux socialistes depuis les municipales de 1977. « Les candidats du centre sont dans une logique de rassemblement, renchérit Marc Fesneau. Cela parle à l’électorat. » « Nous sommes le meilleur antidote au FN ! Veut croire Jean-Christophe Lagarde. On réoccupe l’espace politique du centre. Du coup, l’électeur ne se sent pas prisonnier de la droite forte, d’un côté, et du PS, de l’autre. On lui fait des propositions, mais sans être excessif. » Au soir du second tour,  le centre souhaite incarner une force nouvelle. Et reprendre le sénat en septembre. La gauche ne connaît peut-être que le début de sa déroute.
3- Marco Panseri : Et à Die, c’est un jeu des partis ?
C.V. : Oui et non ! Oui un pays qui depuis 1830 (premières élections de maire de Die, au suffrage universel) vote fièrement et immanquablement à Gauche… La Gauche est alors jaurésienne : Justice sociale, Paix, répartitions des richesses, égalité de tous, droits de l’humain, celle que j’aime. Déjà 2008 était un coup de tonnerre. Mais personne n’a analysé les élections municipales de 2000 ou Isabelle Bizouard (alors apparentée PS) gagnait de quelques voix. Puis de 2008 où elle perdait derrière Mr Berginiat. Isabelle Bizouard, maire de juin 95 à mars 2008, même s’il l’on peut parler de lassitude de l’électorat, n’avait pas fait, avec 1105 voix, fait le plein des voix de Gauche. Peut on là déjà parlé de glissement à Droite de l’électorat, nouveau ou/et jeune. Bien sur les analystes avaient bien déceler que la liste composée de Mme Malaterre, Mr Leeuwenberg et Mme Bizouard partait à sa perte tant les conflits (triangulaire) et violences (retrait de délégation) avaient émaillé les mandatures précédentes et que personne n’a cru une seconde à cette réconciliation tant de façade que d’opportunité. Cette troisième tentative de gagner mathématiquement à Gauche est encore un échec. Mr Leeuvenberg perd même 600 voix à gauche en 6 ans. Cette fois la leçon devrait être tirée par tous. Bien sur il y a eu une réaction générale à sa personnalité qui l’a fait perdre. N’oublions pas que 1663 votants ne voulaient pas de lui. (Et 2545 Diois). Décomptes indiscutables… Mais c’est aussi un changement de siècle : « l’Alliance avec les communistes perd ». Le PS qui gère si bien les rapports de personne, ses élus, devrait le comprendre.
En 2008, les écologistes, qui ne s’étaient pas maintenu, bouc émissaires à l’époque, n’avaient en rien contribué à une défaite annoncée. La gauche ne peut plus être qu’un slogan décérébrant. Mais personne n’a essayé d’en comprendre les causes et raisons, restant dans l’émotionnel. Doit on en conclure que désormais jamais la Gauche ne regagnera sans les écologistes (à 20%), c’est probable, mais personne ne veut se l’avouer tant cela met en péril les vieux schémas et alliances qui  ont fait flores pendant 60 ans. Le deuxième point qu’il faudra bien sur mettre sur la table, c’est cette alliance PCF-PS à Die décidée par les appareils départementaux en échange de carence de candidats PCF sur le reste du département : Nyons, Dieulefit, Montélimar, Chabeuil, Valence, Romans, Bourg de péage, etc… Presque partout en Drôme. Die était laissée, dans la négociation, au PCF. Die se trouvait sans candidat PS, sans primaire pour évaluer les forces, sans choix local. Les Dioises et Diois n’ont pas apprécié du tout ces « combinazione ». Si l’on ajoute, en trois, le choix de la personnalité de Mr Leewenberg, une personne qui ne rassemble nullement, clive le débat et réagit violement contre ses adversaires, c’est évident que cela était fichu. Même avec 2 listes à Droite en 2014. Il faut le faire. Impensable il n’y a que 20 ans. Je peux affirmé que Mme Ribard aurait même gagnée les 12 voix manquantes avec facilité. Quel gaspillage. Cette fois en 2014 les voix écologistes se sont réparti pour une grande part à Gauche (vers 8 %), un peu chez Mr Trémolet (non encarté MODEM alors que son adjoint Feuiltaine y émarge), (vers 4 %).  Et 220 voix (8,7%) sont restées fidèles à leurs idées. On aurait pu croire que face aux pressions et injonctions de la Gauche, ce score fut plus faible encore. Ce noyau demeure le socle solide sur lequel les écologistes devront compter à l’avenir.
4- Marco Panseri : C’est une sortie des clivage des partis ?
C.V. : Certainement. Si l’on peut avoir le plus grand respect pour 70 ans de lutte souvent exemplaire dans notre histoire pour le PCF, (1920, Journal l’Humanité, Front Populaire, Résistance, luttes sociales, défenses des Services publics, etc.…), nous savons aussi qu’il a été  souvent effroyable (Guerre d’Espagne, Jacques Doriot, Pacte Germano-Soviétique de 39, Mai 68, Hongrie 56,  Tchécoslovaquie 68, Afghanistan 79, éviction des intellectuels, etc.) et n’est plus porteur d’espoir. Ni ailleurs, ni ici. Nous avons quitté « le siècle des Totalitarismes » ou  « l’âge des Extrêmes » comme dit l’historien Eric J. Hobsbawm. Nous avons changé de Siècle. Portes lès Valence et Bourg lès Valence viennent de confirmer ce changement de siècle. Et Die aussi. Si l’histoire n’explique pas tout elle permet de comprendre. Les écologistes n’ont rien à voir avec les totalitarismes.  Et l’on peut comprendre que poser comme postulat un maire communiste était une erreur fondamentale de Didier Guillaume (lors de son discours de Die, lors de la Manifestation du 15 décembre 2012 pour l’obtention d’un sursis de 30 mois, annoncé par la ministre de la santé dans une lettre lue lors de la manifestation par le président du Conseil Général).  Nous savons que dans le Diois toute une Gauche socialisante (Radicaux, Catholiques de gauche, Protestants humanistes et sociaux démocrates) sont pas enclins à voter pour un maire communiste.
Enfreindre cette connaissance historique a menée à l’échec. Jean Pierre Rambaud a été élu maire PCF de mars 89 à juin 95 par la qualité de sa personnalité de gentleman qui bousculait toutes les frontières. C’est d’ailleurs cette ombre (il a été CG de Die de 79 à 92 et de 98 à 2004) qui a permis à son successeur au Conseil Général, Mr Condette, de gagner sans difficultés.  Mais le Diois n’est pas une terre communiste, comme certaines régions des Cévennes ou des Baronnies.
Pour ce qui et des Droites, Mr Georgres Berginiat, on peut le dire, n’a pas bénéficié de son bilan : Places, adduction d’eau, Chanqueyras, projets d’hydo-électricité de la Raïs, chaufferie bois des bâtiments communaux, ZAC de Cocause, Stade de Foot, Théâtre de Die, etc… Trois erreurs à cela : l’étiquette UMP qu’il a porté en suppléant de Hervé Mariton, lui a collé aux basques, et la presse ne l’a pas démentie. Le manque de proximité avec les commerçants ces 2 dernières années. Quelques commerces ont pâti des travaux de la République et comme dans toutes les villes ces chantiers créent des mécontentements. Mr Trémolet fut la surprise, indiscutablement. Mais 2 ans de proximité avec les commerçants, un homme qui habite le Centre ville…ont induit une campagne de proximité. Là aussi la presse l’a catalogué MODEM, alors qu’il se défend de toutes étiquettes politiques. Cela ne l’a pas handicapé car il a glané les voix du centre Gauche et de la Gauche modérée. Il dit 33% de son électorat. Nous dirions plutôt 40% des ses voix viennent de la Gauche au deuxième tour (il a d’ailleurs des socialistes et votant NPA sur sa liste). La diabolisation qu’en a fait le PCF (caméra, FN, etc.…) n’a pas marché. Car cela ne correspondait pas à la réalité. Enfin les écologistes sont désormais une force incontournable et non une roue de secours, des supplétifs,  pour tel ou tel manœuvrier. Doit on expliquer que les 29% de Mr Leeuwenberg ajouté au 20% de Mr Jouve ne font pas 51%...En plus des écologistes n’auraient pas suivi une fusion de liste et encore moins un désistement, jusqu’à ce que Mr Berginiat dépose sa liste, 30 minutes avant la clôture préfectorale. A 49% il n’y avait nulle ressource où puiser. « Les écologistes ont contrecarré l’ordre établi avec un maire choisi » constatait Eric Piolle à Grenoble, il aurait pu le dire à Die. Les écologistes ont l’habitude d’être maltraités. Je crois que cela va changer. Bien sur il n’y a qu’un écolo au Conseil Municipal de Die, mais libre, indépendant, sur ses valeurs, pas dans une valise du PS ou du PCF. Désormais  Les écologistes sont une force crédible et enthousiaste qui peuvent « refaire société » dans le Diois, si ils se décollent les étiquette que leurs concurrents leur collent aussi régulièrement que malveillamment. Une page se tourne. En conclusion, on peut dire que le seul responsable de l’échec de la Gauche à Die est le PS, avec une alliance préconçue et hors-sol, dont plus personne ne veut. En définitive comme dit  Rousseau, en politique : « le peuple a toujours raison ». Et d’ajouter « on n’a jamais raison contre le peuple ».
5- Marco Panseri : Quelle est le rôle de la presse ?
C.V. : Nous remercions les listes de Mrs Berginiat, Trémolet et Jouve, d’avoir jouer la transparence, la démocratie et la citoyenneté en nous communiquant régulièrement leurs informations. Nous regrettons que Mr Leeuwenberg n’ait pas joué cette carte de la citoyenneté, nous aurions publié ses textes comme pour tous les autres candidats diois. MCD est un blog participatif, cela veut dire que toutes et tous peuvent y écrire, sans exclusion, dans le respect des personnes et de la loi. Quant au rôle exact de la presse en ligne, difficile à dire, puisque 3 listes y étaient publiées régulièrement et à égalité. Les autres organes de presse (Dauphiné Libéré, Journal du Diois, RadioDWA) ont aussi joué leur rôle avec équité et justesse. La presse est libre, mais en rajouter sur tel ou tel, peut ce révéler contre productif. Les électeurs sont éduqués et intelligents. Ils font le tri, nuancent et sont peu manipulables à Die. La virulence contre les journalistes ne fait pas une politique. «On n’attaque pas la presse», disait François Mitterrand. Ces jours-ci on attaque beaucoup la presse. Depuis la dernière campagne présidentielle, et plus encore depuis quelques semaines avec les «affaires», on lui assène des coups verbaux avec une violence inédite. Nicolas Sarkozy, dans sa tribune au Figaro, s’emporte contre «les milliers d’articles rédigés à charge» contre lui, une «boue complaisamment répandue». A droite, c’est une litanie d’accusations. Jean-François Copé dénonce les «Tartuffes bouffis d’orgueil». Pas tous, mais quand même. N’en jetez plus…A Die  Mr Leeuwenberg s’est laissé aller à ce penchant. La campagne pour les élections municipales a donné lieu à des attaques en règle qui traduisent une curieuse conception de la démocratie. A l’extrême droite, Marine Le Pen invective Canal + : des «bobos horribles, pleins de morgue». A Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet accuse une journaliste du Monde d’être «la 21e tête de liste du PS». Nicolas Dupont-Aignan accuse untel d’être «une merde intégrale». Le dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon lance sur son blog un appel à la vindicte : «N’ayez aucun scrupule à dire très haut ce que vous pensez de cette caste partout où vous le pouvez, de manière à créer une ambiance qui leur soit partout contraire et méprisante. Et consolez-vous : ils ne valent pas plus cher». « Comme tous les citoyens, les politiques sont fondés à critiquer la «presse». Pendant longtemps, en dehors des cercles restreints de l’université ou de la «critique médias», cette «fonction sociale» qu’est le journalisme échappait au discours politique, comme s’il s’agissait d’un exercice neutre, hors du champ de la contestation. On peut se réjouir que les questions du pluralisme, de l’indépendance du journalisme, et pourquoi pas de sa qualité, sa pertinence, redeviennent d’intérêt public. Sauf qu’à quelques exceptions près les responsables politiques ne prennent pas d’initiatives pour que la France se retrouve à une meilleure place que la 39e, qu’elle occupe au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières » explique Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. « Quiconque ne se reconnaît pas dans un discours journalistique, dans une présentation de faits, préfère tomber dans l’insulte ou le mépris »explique-t-il. On ne saurait ignorer la haine montante de l’altérité, le dégoût croissant des représentations contraires, des sentiments nourris par de trop nombreux Français sur lesquels les politiques auraient tort de souffler. Ne nous trompons pas. Nonobstant leur caractère «trop humain», nombre de journalistes font preuve d’une indépendance d’esprit, d’une curiosité et d’une intégrité intellectuelle très supérieure à nombre de ceux qui les critiquent. « Ceux qui s’attachent à traquer les débordements journalistiques peuvent-ils reconnaître que les rédactions sont remplies de journalistes qui collectent et rapportent les informations en se fondant sur une «subjectivité désintéressée» ? S’attacher à dévoiler et comprendre le réel, avec honnêteté et doute, est un facteur d’apaisement. Il serait pertinent que les politiques fassent preuve d’un sens de la «complexité » et, plutôt que s’attacher à des polémiques fugaces, à des déclarations démagogiques, nous donnent matière à réfléchir et débattre sur la divergence des intérêts et sur la nécessité de leur juste et libre représentation » continue Christophe Deloire, de mémoire. Ce climat de dénonciation est attentatoire à la liberté de la presse, et simplement de la liberté d’opinion, en ce qu’il procède de l’intimidation. Pour sortir d’un système de «servitude réciproque», il est urgent d’en finir avec le mélange des genres et que chacun fasse son travail. Celui des journalistes consiste à rapporter des faits et les idées. Celui des responsables politiques est de nous préparer un monde correspondant le plus possible à nos choix collectifs. « Et les vaches seront bien gardées ».
6- Marco Panseri : Que serait un monde sans journalistes ?
 C.V. :A l’évidence, ce serait tout au contraire un monde saturé de messages de communication, de propagande, envoyés par des structures publiques et privées, parfois des individus, sans qu’il soit possible de distinguer le vrai du faux, la manipulation de l’information imparfaite, partielle et partiale. Les journalistes ne sont pas toujours à la hauteur de l’idéal, peut-être, mais lorsqu’on leur tape trop fort dessus, quand on porte atteinte à la confiance dans une fonction sociale en soi, on restreint les libertés de tous les citoyens. A force de vouloir contrôler tout ce qui nous entoure, nous gaspillons notre énergie et perdons notre sérénité. Nous refaisons sans cesse le monde à grands coups de "si", de "quand" , au nom de ce qui "devrait être", "aurait pu être", "pourrait éventuellement être", et nos pensées vagabondent dans le passé ou le futur. Il est bien rare que nous soyons vraiment " ici et maintenant " – alors même que nous ne pouvons en fait être ailleurs qu’ici et à un autre moment que maintenant. Cultivons une attitude intérieure d’ouverture à la vie et aux autres…
MCD
(Les élections municipales à Die sont passées. Nous espérons avoir apporté de l’intelligence collective pour tous dans une analyse appropriable, mais non exhaustive. Combien il est difficile de comprendre 70 ans de l’histoire dioise. Consolons nous,  tranquillisons nous, nous participons dès ce jour à l’histoire du Diois,  mais l’humilité oblige à écouter, histoire de mémoire et d’altérité… Ici l’histoire nous oblige… Et la mémoire nous contraint. Marco Panseri).

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