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jeudi 10 avril 2014

Climat : avant le rendez vous de "Paris 2015"...

s2bnetworkorg.gifTout le monde se souvient de l’échec du Sommet de Copenhague en 2009, qui n’a pu être rattrapé depuis. Cette fois c’est la France qui accueillera la prochaine négociation internationale sur le climat « Paris Climat 2015 ». A Copenhague, la mobilisation massive et internationale des organisations politiques et des mouvements sociaux, sous le mot d’ordre commun de « Changeons le système, pas le climat », avait réussi à braquer les projecteurs sur l’enjeu climatique. Elle n’avait néanmoins pas pu empêcher la fin du protocole de Kyoto et l’abandon de tout objectif contraignant. L’oligarchie mondiale réunie, relayant la volonté des transnationales, y avaient mis tacitement fin à l’accord de diminution des émissions de gaz à effet de serre. C’est un feu vert pour continuer à délocaliser et libéraliser les marchés qui y fut donné et le modèle productiviste qui s’est imposé ce jour là : continuer à produire à tout-va sans se poser la question de l’utilité sociale de ce qu’on produit, comment on le produit, dans quelles conditions de travail, avec quel impact social et écologique.
Cet échec a malheureusement entraîné le délitement de certaines alliances et changé les rapports de forces qui s’étaient constitués au cours du long processus de préparation des négociations entre de larges parties de la société civile et certains pays, notamment ceux de l’Alba. Dans cet espace laissé vacant se sont engouffrées les multinationales qui agissent au nom du « développement durable ». Au point qu’à la conférence de Varsovie en novembre 2013, la plupart des ONG et des syndicats ont quitté le processus de négociation, dénonçant la mainmise des firmes sur les négociations.
Dans ce contexte, l’Union Européenne est en train de mettre la dernière touche à la position libérale qu’elle adoptera pour la conférence de « Paris Climat 2015 », position dans laquelle le gouvernement français entend tenir son rôle. Car François Hollande a bien compris que c’est un sujet majeur qui inquiète les français et qu’il ne peut continuer d’ignorer. Plombé par son rôle actif de promotion du nucléaire, pressé par ses alliés écologistes de donner un signe permettant de justifier leur maintien au gouvernement, en quête d’un retour en bonne grâce dans l’opinion, le Président Hollande a donc à tout prix besoin de construire un accord européen, quitte à en brader le contenu. Car c’est le point d’entrée dont il a besoin pour présider la Conférence de Paris en position de force.
C’est dans ce contexte que le Conseil Européen s’est réuni les 20 et 21 mars derniers. A l’agenda, les gouvernants nationaux européens devaient y discuter de la question du paquet énergie-climat européen pour 2030. Las, l’ordre du jour impressionnant de ce Conseil entre Ukraine, relations avec l’Afrique, semestre européen et stratégie libérale européenne, ne laissait que peu de chances aux enjeux climatiques. Les conclusions n’ont fait que confirmer cette crainte. Foin d’accord, on y a retrouvé des intentions remises au lendemain avec un « plan d’étude » pour juin 2014 et le renforcement du marché carbone. Un nouveau Conseil placé sous le sceau du libéralisme et construit main dans la main avec les États-Unis qui demande « d’étudier les façons de faciliter les importations de gaz naturel des Etats-Unis vers l’Union européenne et de considérer comment cela peut être reflété dans le GMT ». Ce n’est pas un hasard si François Hollande et Barack Obama ont abordé de manière concomitante à la fois les négociations sur l’accord de libre échange Union Européenne - États Unis, et les négociations climatiques lors de la visite du Président Français le 10 février dernier. Ce n’est pas non plus un hasard si le président Obama est revenu à Bruxelles ce mercredi 26 mars pour reprendre les discussions sur le Grand Marché Transatlantique.
Cet épisode est à l’image de la stratégie globale de l’Union européenne en matière climatique : recours au marché carbone et renforcement de la libéralisation du marché de l’énergie. Pour faire passer la pilule libérale, l’objectif adopté par le Parlement Européen de 40% de réduction des émissions en 2030 par rapport à 1990 est souvent décrit comme ambitieux. Il ne prend pourtant pas en compte les derniers rapports du GIEC qui demandent d’accentuer les efforts pour maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C, au delà desquels nous savons les conséquences irréversibles pour l’humanité. Par ailleurs il concentre la majorité de l’effort sur la période allant de 2030 à 2050. C’est une grave erreur car au delà du résultat, en matière de réduction des émissions, c’est tout autant l’objectif que la trajectoire pour l’atteindre qui importe. Les gaz à effet de serre s’accumulent d’année en année dans l’atmosphère. Aussi, plus vite nous réduisons les émissions, moins l’effort à fournir est important. A l’inverse plus nous repoussons ces efforts, plus ceux à déployer seront importants sur la dernière période. Enfin, le protocole d’accord européen ne prend pas en compte ce qui est produit ailleurs puis importé dans l’Union Européenne. Selon une note du Ministère de l’Ecologie lui-même, lorsque l’on calcule ces émissions nettes en France par exemple, les émissions n’ont pas augmenté de 5% mais de 15% entre 1990 et 2007. C’est le cas partout en Europe. Par ce biais l’Union Européenne transfère une part de sa responsabilité climatique vers d’autres pays qui se sont vu transformés en ateliers de production du monde, et dilue sa dette écologique vers des lieux moins regardants en matière de conditions sociales et environnementales.
Sous la pression des lobbies de l’énergie dont la parole a été fortement portée par les gouvernements de Pologne, du Royaume-Uni mais aussi par le gouvernement français, le Parlement européen a adopté un paquet climat énergie vidé d’objectif contraignant différencié aux niveaux nationaux en matière d’énergies renouvelables. Cet abandon s’accompagne de mesures de renforcement de la concurrence et de la libéralisation du marché, de la liberté d’exploiter les gaz et huiles de schiste et de déclarations d’intention dépourvues d’objectifs en matière d’efficacité énergétique.
Face à la faiblesse du Parlement européen, à la mainmise des lobbies sur la Commission européenne et à l’inaction du Conseil européen, face à la complicité du gouvernement français, il est crucial de reconstruire, prolonger et renforcer la mobilisation des peuples. Le sommet de Cochabamba en a été une étape. En France, l’immense réussite du forum Alternatiba le 6 octobre 2013 à Bayonne a montré que des forces sont disponibles, prêtes à converger et à se mobiliser. Le 27 septembre prochain, partout en France s’organiseront des répliques d’Alternatiba. Leur réussite sera déterminante et nous appelons l’ensemble des militants des forces sociales et écologiques du pays, à en être partie prenante. Car l’équilibre climatique est une question cardinale de notre projet écosocialiste et de progrès humain. Il est le garant des conditions même de la vie humaine sur Terre et dépendra de notre capacité, en tant qu’humanité, à organiser nos relations avec les écosystèmes nécessaires à la vie. Cette question est donc celle, avec la lutte contre le Grand marché transatlantique, qui organise et structure le combat de notre camp au niveau international. C’est également une des bases sur lesquelles s’est fondé notre réseau écosocialiste européen et sur laquelle se développe la convergence des mouvements sociaux à l’échelle internationale. Ne manquons pas ce rendez-vous, ou il n’y aura pas de lendemain.
Corinne Morel Darleux et Mathieu Agostini
Illustration: réseau s2bnetwork.org

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