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lundi 11 novembre 2013

La Grande Guerre de 1914-1918 : un désastre Européen...



Pour en finir avec dix idées reçues sur la guerre de 14-18
La Grande Guerre est un événement si immense qu'il suscite sans cesse interprétations et réinterprétations. Son fort impact sur la société française alimente également la circulation d'images et de clichés qui ne correspondent pas à l'état du savoir des historiens. Le point sur dix idée reçues.
1. La guerre était souhaitée par les industriels et les financiers
Les interprétations marxistes des origines de la guerre, derrière les réflexions de Lénine sur l'impérialisme comme stade suprême du capitalisme, allouent une place centrale aux rivalités économiques accentuées par la baisse tendancielle du taux de profit, et au caractère prédateur des milieux industriels. Il y a certes des rapports de force commerciaux entre les blocs en Chine ou dans l'Empire ottoman, entre Britanniques - inquiets du « made in Germany » - et Allemands. La course aux armements dans l'immédiat avant-guerre, dans tous les pays, renforce cette interprétation.
Mais l'historiographie a montré que les interdépendances étaient en fait très fortes entre les économies et que, pour nombre de secteurs (assurances, sociétés minières...), la paix était préférable à la guerre. La City a ainsi plutôt poussé à défendre la paix. Par ailleurs, en matière de politique étrangère, les milieux industriels et financiers n'étaient pas unis.

2. Les soldats sont partis reprendre l'Alsace-Lorraine la fleur au fusil
Il n'est pas évident de saisir rétrospectivement des sentiments, des perceptions de contemporains et encore moins de les agréger pour donner une tendance d'ensemble. D'autant que les mots d'une époque (« résignation », par exemple) ne réfèrent pas forcément à l'identique à nos compréhensions d'aujourd'hui. En 1914, les attitudes face à la mobilisation semblent variées. Elles peuvent aussi évoluer selon les moments et les situations. Il y eut quelques démonstrations d'enthousiasme, mais on ne voit guère de joie dans les quartiers ouvriers de Hambourg, de Berlin, ou dans de nombreuses régions rurales. Beaucoup de témoignages évoquent même de la tristesse. S'il fallait donner une ligne générale, elle tiendrait plus de la résolution et de la résignation que de la « fleur au fusil », véritable mythe que les travaux ont démonté pour les différents pays engagés. Quant à l'Alsace-Moselle, devenue allemande en 1871, si son sort suscite de nombreuses déplorations en France, à l'école comme dans les journaux, rares sont ceux qui la considèrent comme une motivation profonde à faire la guerre en 1914.
3. Les taxis ont joué un rôle décisif dans la bataille de la Marne
La bataille de la Marne (6-12 septembre 1914), qui arrête la grande offensive allemande proche de Paris après avoir traversé la Belgique et le nord du pays, est un affrontement qui s'étend sur environ 300 kilomètres, de Meaux à Verdun. Les quelque 4 000 hommes de la 7e division d'infanterie transportés par taxi, les 6, 7 et 8 septembre, pour renforcer les troupes de la VIe armée vers Silly-le-Long et Nanteuil-le-Haudouin ne sont donc qu'un apport tout à fait limité à une armée composée d'environ 150 000 hommes. L'épisode est militairement insignifiant. La mobilisation de véhicules civils était par ailleurs prévue depuis le début de la guerre et les compagnies de taxis sont payées pour cette course particulière. Dès le moment même, l'épisode est utilisé pour valoriser l'ingéniosité du général Gallieni ou le sursaut d'une société en guerre.
4. Les combats à la baïonnette marquent la guerre des tranchées
La baïonnette est en vérité d'un usage rare dans les combats, même si elle équipe les soldats de différentes armées. Les deux tiers des pertes sont en fait causées par l'artillerie. Les combats rapprochés sont assez limités dans l'expérience de guerre des soldats qui, pour l'essentiel, ne voient pas leurs adversaires. Lorsque des assauts ou des patrouilles mettent cependant en contact, ou rapprochent, les combattants d'armées adverses, chacun préfère utiliser des armes de distance, plus protectrices, comme les grenades, les pistolets ou les lance-flammes.
Les grandes évocations du combat à la baïonnette que l'on trouve abondamment dans les publications de l'arrière reproduisent une représentation traditionnelle de la guerre d'avant 1914, et participent d'une héroïsation des soldats qui ne correspond pas à l'ordinaire de la guerre. Comme l'écrit l'ancien sous-lieutenant Raymond Jubert dans Verdun : mars-avril-mai 1916 (Presses universitaires de Nancy, 1989), le fantassin « meurt sans gloire, sans un élan du coeur, au fond d'un trou ».
5. L'alcool a joué un rôle essentiel pour faire tenir les soldats
L'abondante consommation d'alcool est courante avant 1914. Dans les tensions et les violences de la guerre des tranchées, elle sert à l'évidence à apaiser ou à oublier. Ivresse et beuveries ne sont pas rares. Les soldats sont souvent à la recherche de rations supplémentaires : comme l'écrit en 1915 Jules Isaac, « la chasse au pinard est depuis le début de la guerre la principale occupation du poilu », dans Jules Isaac : un historien dans la Grande Guerre. Lettres et Carnets 1914-1917 (Armand Colin, 2004). Pour autant, il est d'un simplisme consternant de penser que c'est l'ivresse qui fait combattre les soldats dans les terribles circonstances de 1914-1918. Leurs motivations sont multiples et variables selon les pays et les périodes. Pour certains, notamment les intellectuels, la guerre comporte une dimension idéologique affirmée (la grandeur et la défense de la patrie) ; pour beaucoup, il s'agit surtout d'un sens du devoir assez général, sans motivation particulière. La camaraderie des tranchées, la fidélité aux morts tient aussi une large place pour comprendre les comportements des soldats. Les contraintes disciplinaires qui s'exercent sur la troupe ne sont pas négligeables.
6. En 1914-1918, on a fusillé les soldats en masse
Toutes les armées en campagne disposaient d'une justice militaire, et toutes, sauf celle d'Australie, ont prononcé des peines de mort suivies d'exécutions. La sévérité a marqué nombre de ces condamnations, car les conseils de guerre se déterminaient aussi en fonction d'enjeux disciplinaires, comme la volonté de faire des exemples pour la troupe. Mais elle frappe inégalement selon les cultures nationales et les traditions militaires. Dans l'armée française, c'est au début de la guerre que la justice militaire fait le plus fusiller, dans un contexte où le pouvoir civil est très en retrait. Cependant, les procédures deviennent mieux contrôlées au cours du conflit, et l'on ne peut donc pas dire que les armées fusillaient à tour de bras, d'autant que la troupe n'appréciait guère de voir les exécutions de camarades. Au total, on compte un peu plus de 600 fusillés dans l'armée française, 330 dans l'armée britannique (pour des crimes et délits militaires), et 750 dans l'armée italienne (chiffre important par rapport au nombre de mobilisés). Il faut aussi prendre en considération des exécutions sommaires, sur-le-champ, sans passage devant un conseil de guerre. Leur nombre est difficile à évaluer.
7. La guerre s'est jouée à Verdun en 1916

Verdun est assurément une immense bataille, qui s'étire de février à décembre 1916 et mobilise plus de 2 millions de soldats français. Elle coûte la vie à environ 300 000 hommes, Allemands comme Français. Pour autant, elle n'est pas la seule d'une ampleur si marquante, ainsi de la bataille de la Somme (1916) ou de celle du Chemin des Dames (1917, avec environ 1 million d'hommes mobilisés). Verdun n'est donc pas « incomparable », comme l'ont fait croire de nombreux récits mythiques. Surtout, l'affrontement n'était pas d'emblée envisagé comme décisif par l'état-major allemand qui l'a lancé. Plus encore, après des mois de combats dans des conditions très difficiles, les lignes se fixent presque sur leur point de départ. A l'échelle du déroulement d'ensemble de la guerre, la bataille n'a pas eu de conséquences fondamentales. Elle s'inscrit parmi toutes ces batailles que les états-majors lancent depuis 1915 pour tenter de sortir de la guerre des tranchées, peu considérée par la théorie militaire, et retrouver une guerre de mouvement. Sans succès avant 1918.
8. Les généraux français ont sacrifié les minorités régionales
C'est un raisonnement qui a été tenu par certains mouvements régionalistes et identitaires, en particulier en Bretagne et en Corse. A vrai dire, c'est mal poser le problème. Les généraux, en 1914-1918, ne sont pas préoccupés par la composition régionale de leurs troupes en priorité, d'autant que très vite, devant l'ampleur des pertes, les régiments perdent cette caractéristique. Ils disposent leurs troupes comme ils le peuvent, selon les enjeux militaires. Globalement, les travaux et les calculs montrent qu'aucune région n'a été particulièrement « sacrifiée ». Les taux de pertes varient en fait selon la composition démographique et sociale des départements : on sait par exemple que les paysans sont largement mobilisés dans les unités combattantes, donc les régions rurales risquent plus de pertes. Mais il y a aussi des variations régionales et locales plus fines. En revanche, les soldats des colonies étaient considérés selon les logiques raciales et de domination coloniales de l'époque, soit avec peu d'égards, tant par les Français que par les Allemands en Afrique. Il arrivait que, devant les conseils de guerre, des soldats jugés arriérés, parlant mal français ou bien issus des marges du Royaume-Uni (comme les Irlandais) subissent un traitement plus dur.
9. En 1918, la révolution a empêché l'armée allemande de gagner
La légende polymorphe du « coup de poignard dans le dos » a été diffusée en particulier par l'état-major allemand, relayée par des polémistes conservateurs et de la droite radicale. A l'automne 1918, la société et l'armée allemandes étaient exsangues, tandis que les alliés bénéficiaient de l'engagement américain. A l'arrière, le ravitaillement faisait défaut et les tensions sociales et politiques se multipliaient. Au front, après l'échec des grandes offensives du printemps, l'armée s'affaiblit progressivement puis se délite. C'est même l'état-major qui a demandé l'armistice avant de prôner la résistance. Il sut avec habileté faire porter la responsabilité au pouvoir civil et parlementaire, dans des circonstances délicates qui conduisent à l'abdication de Guillaume II et à la proclamation de la République. La droite antirépublicaine bâtit et diffuse avec succès un double mythe : celui d'une armée qui rentre victorieuse (et qui reçoit un accueil triomphal) et qui a été poignardée dans le dos par la subversion à l'arrière. La République de Weimar doit supporter le lourd fardeau de ces accusations fausses.
10. La guerre a émancipé les femmes
La question fait encore débattre les historiens. Assurément, pendant la guerre, les femmes ont accompli des tâches auparavant largement masculines, assurément, elles ont obtenu des droits politiques plus importants dans un certain nombre de pays (comme l'Angleterre), assurément encore, certaines modes, comme celle de la « garçonne », évoquent une émancipation des codes féminins traditionnels. Mais, en réalité, le travail féminin était déjà en croissance avant 1914 et, dès la guerre finie, de nombreuses femmes retournent à leurs tâches antérieures. La féminisation du travail est limitée et dépend des secteurs. Par ailleurs, de nombreux droits leur sont refusés (en France, le droit de vote ne date que de 1945, il y a peu d'acquis aussi en matière de droit civil) et, surtout, les formes d'émancipation des rôles traditionnels sont souvent très restreintes socialement et quantitativement. Des travaux récents mettent l'accent sur cette période comme temps de transition amorçant les évolutions à venir.
Nicolas Offenstadt
Ces tranchées de la fraternité
Dans le petit coin de l'Artois où je suis né, le souvenir du premier conflit mondial est partout. Après s'être retirée, la guerre a laissé au milieu des champs des cimetières au gazon impeccable. Les cultures ont appris à épouser les contours de ces espaces où reposent des gamins de 20 ans venus d'Australie, de Nouvelle-Zélande, du Canada, de Grande-Bretagne et d'ailleurs.
Chaque automne, mon père et moi ramassions des obus ramenés à la surface par les labours. Nous les portions dans nos bras pour les déposer à l'entrée de nos champs. Ensuite, une 4 L de la préfecture venait les charger comme des pommes de terre pour les emporter mystérieusement. Des chercheurs ont estimé que pendant sept siècles encore, la terre racontera, à sa manière, la guerre de 1914-1918.
Les 11 novembre, j'allais chanter La Marseillaise avec mes camarades de classe sous le regard glaçant d'un poilu en pierre, juché sur une colonne dont nous devions lire, à haute voix, chaque nom et chaque prénom. Nous habitions dans des maisons dont aucune ne datait d'avant les années 1920.
DOMMAGE DE GUERRE : L'ETAT INDEMNISAIT
Parfois l'une d'elles s'affaissait car construite sur une ancienne sape souterraine creusée par les soldats. Ces sinistres étaient considéréscomme un dommage de guerre et l'Etat indemnisait la famille… 1914-1918 n'était pas seulement une date inscrite sur les pages de mon cahier d'écolier. C'était le décor de mon enfance. Plus tard, j'ai lu des témoignages de soldats, des livres d'histoire sur cette guerre qui a changé le monde.
En 1992, j'ai découvert les fraternisations de Noël 1914, dans le livre d'Yves Buffetaut, Batailles de Flandres et d'Artois (Tallandier, 1992). J'apprends que des soldats français ont applaudi un ténor bavarois le soir de Noël, que d'autres ont joué au football avec les Allemands le lendemain, qu'il y a eu des enterrements en commun dans le no man's land, des messes en latin.
Je n'ai pas voulu le croire, pas pu. J'ai rencontré l'auteur et lui ai demandé des preuves. Il m'a emmené à Londres, au Musée de la guerre, et m'a présenté les lettres écrites par les soldats britanniques, leurs croquis et photos… J'en ai eu les larmes aux yeux. Quel choc ! Sans doute les tommys pouvaient-ils se permettre une telle récréation, car ils ne se battaient pas sur leurs terres pour reconquérir des provinces perdues.
Le doute achève de s'évanouir après ma visite au château de Vincennes, aux archives des armées françaises. Yves Buffetaut m'a permis d'accéder aux témoignages des soldats français qui ont pris part à ces fraternisations. Non sans difficultés à l'époque, il faut le dire. Clairement, sans la connaissance qu'avait l'historien des us et coutumes de ces lieux placés sous l'autorité de militaires, je n'aurais jamais pu lire les rapports et les comptes rendus.
J'ai complété ma documentation en me rendant à Nanterre, où se trouvent les archives de l'armée allemande de la première guerre mondiale, dans les murs de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). Les documents consultés exprimaient le même désir de se rencontrer, de chanter le soir de Noël, d'échanger des adresses pour se revoir après la guerre…
LES ÉTATS-MAJORS PRIS DE COURT
Rentré chez moi, j'ai compris plusieurs choses. Les fraternisations de Noël 1914 impliquèrent un nombre considérable de soldats, en plusieurs endroits du front, toutes nationalités confondues. Les états-majors ont été pris de court par ces « débordements ».
Ils se sont employés à remettre de l'ordre en déplaçant les unités « contaminées », selon l'expression d'un officier supérieur de l'époque. Des Ecossais, engagés volontaires, furent renvoyés chez eux après deux semaines passées à prendre le thé avec les Allemands, à jouer au foot ou à organiser des visites de tranchées de part et d'autre pour comparer et améliorer les conditions de « travail ».
Personne ne fut passé par les armes pour fraternisation, car trop de gens étaient mêlés à l'affaire. Le « fusillé pour l'exemple » n'avait pas encore été inventé. Il fallut tout de même casser les fraternisations et, côté français, leur mémoire surtout. N'avait-on pas éduqué tout un peuple pour qu'il puisse, le moment venu, offrir sa jeunesse au champ d'honneur ?
Et, l'espace d'un soir, tout ce travail a été réduit à néant à cause d'un chant venu d'en face, du son d'un harmonica ou d'une cornemuse, d'une bougie qu'on a allumée là-bas pour guider ceux qui s'avançaient, sans armes, sur le no man's land. Partis le 3 août, ces hommes avaient tout oublié à la Noël ? C'était à n'y rien comprendre.
En Grande-Bretagne et en Allemagne, les journaux ont relaté les phénomènes des fraternisations. Sur les rives de la Tamise, des photos furent publiées par la presse. En France, pas une ligne sur le sujet. Les journaux avaient été transformés en outils de propagande au service de l'armée et du pouvoir. Les fraternisations ne pouvaient trouver un quelconque écho.
Mais pourquoi personne n'avait-il parlé de ces fraternisations, une fois le conflit terminé ? Aucun ouvrage sur le sujet, aucune recherche… Je ressentais ce silence comme une deuxième punition à l'égard des hommes de Noël 1914. Ce sentiment d'injustice a fait naître en moi le désir profond de réaliser le film Joyeux Noël.
LES REBELLES
J'ai alors retrouvé les mêmes postures qu'à l'époque, toutes proportions gardées. Une minorité au sein de l'armée française m'a empêché d'avoir accès à un terrain militaire pour reconstituer le champ de bataille. La Grande Muette ne pouvait être « partenaire d'un film sur des rebelles », m'a-t-on expliqué.
Rebelles… Le même mot se retrouve dans les comptes rendus de 1914. La mort dans l'âme, nous nous sommes exilés en Roumanie et le film s'est fait, malgré tout, avec l'énergie de tous, acteurs et techniciens. A la sortie du film, j'ai été pris à partie par quelques historiens qui se sont sentis visés lorsque je disais ne pas comprendre l'absence de recherches sur le sujet. On m'a reproché d'en faire trop à propos d'une anecdote. Il n'y aurait eu que deux soldats qui se seraient serré la main, mon film portait sur ces deux-là…
Quelques mois après la sortie du film, on m'a demandé de réaliser un documentaire, afin d'authentifier les faits de fraternisation présentés dans le film. J'ai voulu retourner aux archives militaires pour filmer les preuves. A Vincennes, je fus accueilli par un jeune civil qui avait préparé tous les dossiers que j'avais consultés, avec quelques difficultés, treize ans auparavant. Il me demanda si je voulais voir d'autres choses.
Et il me montra les archives du 2e bureau, les services secrets français. Je fus abasourdi en découvrant que l'état-major avait dépêché sur les lieux des fraternisations des officiers des services secrets, pour savoir et comprendre. Leurs comptes rendus étaient précis, concis, édifiants, magnifiques… Je me souviens d'un mot rédigé par des soldats allemands, arrivé dans la tranchée française et rapporté par l'officier du 2e bureau.
Ce message, écrit dans un français approximatif, avertissait les soldats français qu'un colonel allait passer dans leur tranchée et qu'ils allaient devoir tirer vers 14 heures Mieux valait baisser la tête à cette heure-là. Mais cela ne remettait nullement en cause le pot prévu vers 17 heures. Et c'était signé : « Vos affectionnés camarades allemands ».
UN TÉMOIGNAGE EXCEPTIONNEL
Les commémorations du centenaire de la première guerre mondiale viennent de commencer. Il faut se souvenir de Lorette, Vimy, Verdun, Passchendaele et de tant d'autres endroits où le sang a coulé. Ces noms font partie de l'ADN historique des trente-cinq nations emportées dans le tourbillon du premier conflit mondial.
Allons-nous oublier, une fois de plus, ces hommes qui ont sympathisé à Noël 1914 ? L'un d'eux nous a laissé un témoignage exceptionnel sur l'esprit des fraternisations. Il s'appelle Louis Barthas, tonnelier dans l'Aude avant la guerre, caporal pendant les quatre années du conflit dont il est sorti vivant.
Barthas a écrit : « La même communauté de souffrance rapproche les coeurs, fait fondre les haines, naître la sympathie entre gens indifférents et même adversaires. Ceux qui nient cela n'entendent rien à la psychologie humaine. Français et Allemands se regardèrent, virent qu'ils étaient des hommes tous pareils. »
Et puis il adressait, du fond de sa tranchée près d'Arras, une demande. « Peut-être un jour sur ce coin de l'Artois on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient l'horreur de la guerre et qu'on obligeait à s'entre-tuer malgré leur volonté. »
Nous devons donner raison à Louis Barthas, porte-parole de tous ceux dont on a nié les actes, les témoignages, la mémoire, et édifier un monument pour ceux qui eurent le courage du geste fraternel. A nous maintenant d'avoir le courage de concevoir, financer et construire, à l'endroit où Louis Barthas a écrit ces lignes, le seul monument sur la planète commémorant un acte de paix pendant un conflit.
Je fais le souhait que le soir de Noël 2014, une première pierre puisse être posée à l'endroit même où un homme a imaginé ce qui était impensable, les pieds dans la boue de l'Artois.
Christian Carion (Cinéaste)
Soutiennent cette démarche Mickaël Barker, coprésident de Sony Pictures Classics ; Lucas Belvaux, comédien ; Philip Boëffard, producteur, membre fondateur de l'association Noël 14 ; Dany Boon, comédien ; Daniel Brühl, comédien ; Guillaume Canet, comédien ; Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental, président d'honneur de Noël 14 ; Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière de Lyon et délégué général du Festival de Cannes ; Diane Kruger, comédienne ; Gary Lewis, comédien ; Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille ; Claude Michelet, écrivain ; Christophe Rossignon, producteur, membre d'honneur de Noël 14 ; Bertrand Tavernier, réalisateur, président de l'association Noël 14.

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