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mercredi 13 novembre 2013

En Bretagne, comme ailleurs, un modèle agricole productiviste obsolète....( 4/4 )



Crise en Bretagne dans l’agro-alimentaire : c’est le modèle de l’agriculture productiviste qui est en cause
De très importantes difficultés dans plusieurs grosses entreprises de l’agro-alimentaire breton amènent à une forte crise, associant la protestation de ceux qui perdent leur travail et de ceux qui craignent que l’instauration de l’”écotaxe” sur les poids lourds alourdissante les coûts dans une région excentrée par rapport à l’Europe.
Le gouvernement, où les Bretons sont fortement représentés, a bien compris le danger dans une région ayant dans l’histoire montré une capacité à de fortes mobilisations, n’excluant pas une certaine dose de violence, et pris dans l’urgence des premières mesures, insuffisantes certes, mais montrant une conscience de la nécessité d’une grande attention à une situation explosive, Bernard Poignant, maire de Quimper et conseiller à l’Elysée n’hésitant pas à parler de “colère bretonne”.
Mais il est probable que, malgré cette attention, la mobilisation va se poursuivre pour construire un rapport de force avec le gouvernement, avec Paris, avec l’Europe, avec le monde…, dans la mentalité de péninsule assiégée qui va si bien à la Bretagne. Cela est d’autant plus probable que les acteurs principaux de cette mobilisation, les organisations professionnelles agricoles, en premier rang desquelles se range la FNSEA, ont tout intérêt à être en première ligne dans une mobilisation contre les responsabilités gouvernementales qui évite toute réelle interrogation sur le modèle de développement agricole dont ils sont les acteurs et les laudateurs
L’agriculture bretonne s’est en effet développée, avec une efficacité certaine, sur des productions de masse, le porc, la volaille et  le lait, où la quantité a été, en règle générale, privilégiée à la qualité. Ce développement a été fortement soutenu par les banques, avec bien sur au premier rang le Crédit Agricole et de puissantes coopératives agricoles n’hésitant pas à acheter des entreprises privées, à l’exemple de la CECAB achetant l’entreprise Gad à Lampaul-Guimiliau, qui est aujourd’hui liquidée
Ce développement s’est accompagné d’une prise en compte que l’on peut, pour rester dans l’euphémisme, insuffisante de l’environnement, dont la multiplication des algues vertes est le révélateur (voir De quoi sont morts les sangliers costarmoricains ? et Les sangliers costarmoricains ont intérêt à gagner des contrées plus hospitalières), et d’une forte propension, (voir L’agriculture productiviste ne désarme jamais) relayée par l’appareil d’Etat, à nier la réalité de la dégradation des milieux, malgré les mises en cause européennes

Il n’est que temps qu’un autre modèle de développement agricole, fondé sur la qualité, se construise en Bretagne, qui a toutes les potentialités pour cela : un savoir-faire remarquable tant dans la production que dans la transformation, le niveau de formation le plus élévé de toute la France, un terroir qui garde des spécificités, un maillage très dense de PME attachés à leur territoire, des centres de recherches et des organisations professionnelles puissantes, une pratique de l’exportation et, malgré sa dégradation, une image encore préservée, comme le révèle le succès dans la durée de l’opération “Produit en Bretagne” (voir Produit en Bretagne : 15 ans de logo et de charte)
Des produits véhiculant une forte image, comme le pâté Hénaff à Pouldreuzic, la gamme de produits laitiers de la coopérative Even à Ploudaniel ou de la Sill à Plouvien, les gavottes à Dinan les Traou Mad de Pont l’Abbé…, et bien d’autres, préfigurent cet avenir, fondé sur une adaptation de la tradition au contexte de demain. Car il est quand même paradoxal que dans une région maîtrisant la transformation, une très grande partie de la production soit exportée à l’état brut ce qui fait que la valeur ajoutée est produite ailleurs, en Corse ou à Parme par exemple.
Souhaitons que les acteurs acceptent de travailler à la révision de leur modèle de développement et d’adapter les mécanismes de soutien à l’accompagnement de la reconversion de la quantité vers la qualité, ce qui supposera une certaine lucidité sur les excès de la recherche exacerbée d’une productivité maximum
Mais c’est tellement plus facile, en s’appuyant sur un désespoir compréhensible, de mobiliser contre le mythe de Paris que de travailler à un autre mode de développement qu’il est à craindre que les manifestations, barrages de routes et autres attaques de bâtiments symboliques remplacent la réflexion sur d’autres modèles de développement, qui sont pourtant l’avenir de la Bretagne.
Michel ABHERVE
AJOUT 1
Comme on pouvait s’y attendre, les chambres d’agriculture persistent dans leur fuite en avant vers une agriculture de plus en plus productiviste et et signent dans un communiqué révélateur leur rejet de toute mesure environnementale
“Les pouvoirs publics doivent prendre conscience que le meilleur soutien de  l’activité économique, c’est d’abord la production. Or toutes les décisions en matière d’agriculture – normes, réglementations environnementales… - ont  conduit à la fragilisation des productions.”
AJOUT 2
De Romain Pasquier, chercheur, dans Rue 89
“La seule solution est de monter en gamme en termes de label ou en termes de transformation du produit, ce qui n’a pas été suffisamment fait en Bretagne.”
Michel ABHERVE
“Crise en Bretagne dans l’agro-alimentaire : c’est le modèle de l’agriculture productiviste qui est en cause”

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