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dimanche 1 septembre 2013

Où va la France ?



La ministre du logement et de l'égalité des territoire Madame Cécile Duflot : «Sur la justice il n’y a qu’une seule ligne de gauche»
Interview Aux  Journées d’été des écologistes, la ministre du Logement, Cécile Duflot, revendique l’utilité de sa participation au gouvernement : Ministre du Logement, Cécile Duflot a été six ans à la tête d’Europe Ecologie - les Verts. Alors que sa formation tient, à partir de jeudi, ses Journées d’été à Marseille, elle évoque sa participation au gouvernement et tacle les outrances de Jean-Luc Mélenchon comme l’offensive de Manuel Valls contre la réforme pénale.
L’an dernier lors des Journées d’été d’EE-LV, vous aviez lancé que vous portiez désormais une «muselière», mais qu’elle permettait «un petit peu de l’ouvrir». C’est toujours le cas ?
Vous l’avez beaucoup vu la muselière cette année ? J’avais expliqué qu’en tant que ministre je n’allais plus m’exprimer comme une responsable de parti. J’ai changé de statut : je l’assume et le revendique. Si j’ai profité d’une liberté totale d’expression durant les dix années où la droite était au pouvoir, je pouvais critiquer mais je ne pouvais pas agir. Aujourd’hui, j’ai choisi d’agir en gardant toutes mes convictions. Quand j’ai un désaccord majeur avec un membre de la majorité, je n’hésite pas à le dire.
Et avec Manuel Valls sur la réforme pénale, c'est un «désaccord majeur» ?
Après tout ce qu’on a répété lorsqu’on était dans l’opposition - je pense à l’engagement de Robert Badinter contre les peines planchers - et pour ce que ça signifie des valeurs de gauche, cette réforme pénale est indispensable. C’est une question d’efficacité : ce n’est pas en bourrant les prisons qu’on améliore la sécurité. C’est la seule approche pragmatique et responsable.
Deux lignes de gauche s’affrontent-elles dans ce domaine ?
En matière de justice, il n’y a qu’une seule ligne de gauche. Elle est très bien portée par Christiane Taubira. Vouloir caricaturer le débat entre laxistes et sécuritaires, c’est une erreur. Si on sort de la posture, du court terme et de la communication, on est obligé de reconnaître que notre système fonctionne mal. La question est simple : arrive-t-on à lutter contre la récidive ou pas ? Nul ne doit oublier que, pour être dur avec le crime, il faut aussi être dur avec les causes du crime. Regardez la situation à Marseille (lire pages 2-5) : le retour de la sécurité demande une action dans tous les domaines, et pas seulement une approche basée sur le déploiement provisoire de forces de l’ordre. C’est Jean-Marc Ayrault qui arbitrera le moment venu, et je lui fais entièrement confiance, comme il a annoncé à Marseille de façon très claire que nous supprimerons les peines planchers.
Et quand Valls juge nécessaire de revoir les règles de regroupement familial ?
Je crois que la question ne se pose même pas : le droit à vivre en famille ne souffre pas d’exception. Il est garanti par l’article 8 de la convention européenne des droits de l’homme.
Selon Jean-Luc Mélenchon, vous faites partie d’un gouvernement «de droite»…
C’est toujours plus confortable de critiquer et de vociférer quand on n’est pas aux responsabilités. C’est dommage, car certaines de ses remarques ne sont pas infondées et même parfois pertinentes. Hélas, il tue le débat par le napalm médiatique qu’il ne peut s’empêcher de déverser.
Vous avez participé lundi au séminaire de rentrée du gouvernement sur la France de 2025. Une manière d’oublier un peu le présent ?
Non. Une manière de se projeter. La politique n’est rien sans vision. Prenons l’exemple du gasoil : on en connaît les conséquences dramatiques sur la santé mais on ne peut pas augmenter son prix sans réfléchir, sans prendre en compte les conséquences sur ceux qui habitent à 40 km de leur travail. Il faut tracer une perspective. Travaillons sur les questions de mobilité, les alternatives à la voiture, etc.
Les socialistes semblent davantage disposés à être écolos en 2025 qu’en 2013…
En matière d’écologie, pour réussir en 2025, il faut prendre les décisions de 2013. Soit on organise la transition énergétique, soit on la subit. Si on préfère attendre que les gens n’aient plus les moyens de mettre du carburant dans leur véhicule, c’est une erreur. Il faut choisir : soit on investit dans le nucléaire, soit on met le paquet sur les renouvelables.
Et en septembre, viendront les arbitrages sur la fiscalité verte et la transition énergétique…
C’est un rendez-vous de vérité. Il ne s’agit pas d’un marchandage politique destiné à faire plaisir aux écolos, mais d’une politique d’avenir : c’est le moment pour la France de faire le choix de l’écologie.
Mais pourquoi êtes-vous obligée de menacer de quitter le gouvernement pour obtenir des choses des socialistes ?
J’ai choisi une stratégie : celle de la durée. De la constance. Mais je suis obligée d’être lucide sur le bilan que vont tirer les militants écologistes. Leur insatisfaction est réelle, à la mesure de notre volonté que les choses changent.
A quoi pensez-vous ?
Cette année a porté une vision encore trop court-termiste. Pourtant, il est avéré que les écologistes ont eu raison sur les dangers du gasoil, sur le mensonge d’Etat autour du coût du nucléaire, sur l’augmentation du prix du pétrole, sur les dangers pour la biodiversité… Je veux que toute la gauche n’ait pas que les yeux rivés sur la croissance. Qu’on réfléchisse à ce que nous pouvons faire avec une faible croissance. Nous avons le devoir d’être pionniers dans l’invention de ce nouveau modèle. Le réalisme commande d’agir vite.
Trois ministres de l’Ecologie en deux ans, ça fait un peu beaucoup, non ?
Je ne pourrai le raconter que dans mes mémoires.
Trois ministres pour trouver le bon en la personne de Philippe Martin ?
Le bon ministre sera celui qui engagera la transition écologique. C’est d’ailleurs le travail de toute la majorité que de répondre à cette urgence. Philippe Martin à des arguments à faire valoir en la matière.
Comment relancer la machine EE-LV alors que se profilent les municipales et surtout les européennes, où vous aviez dépassé les 16% en 2009 ?
La question n’est pas de se relancer, mais de redonner de l’enthousiasme. Il y a six ans à la même époque, on était loin d’espérer faire ce résultat.
Mais comment retrouver l’alchimie gagnante de 2009 ?
Par l’ouverture, le rassemblement et le fait de porter un vrai projet européen et écologiste. Maintenant il faut être lucide, l’Europe n’est pas au rendez-vous de son histoire. Tout ce qu’il y avait d’enthousiasmant dans le projet européen a disparu. Même moi qui ai le fédéralisme européen chevillé au corps, je n’en peux plus de l’Europe libérale.
Alors qu’au PS comme à l’UMP, on craint un fort score du FN aux élections de l’an prochain, que préconisez-vous ?
De répondre avec des actes, plus qu’avec des mots. Avoir entendu Jean-Luc Mélenchon attaquer Manuel Valls sur sa proximité idéologique avec le FN, puis les socialistes répliquer que Mélenchon faisait le jeu de Marine Le Pen, m’insupporte. Ce jeu du «c’est celui qui dit qui y est» n’est pas au niveau ! La question est de lutter contre les conditions de l’émergence du FN, cela passe par trois chantiers : agir pour une autre Europe pour retrouver une maîtrise de notre destin, la lutte contre les fractures territoriales et le sentiment d’abandon, la mise en place d’une stratégie de renouveau démocratique pour faire reculer le «tous pourris».
LILIAN ALEMAGNA, JONATHAN BOUCHET-PETERSEN

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