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jeudi 5 septembre 2013

Non à la guerre ( 2 )



Douteux
Après l’abandon britannique et la soudaine redécouverte par Barack Obama de son Congrès, François Hollande se retrouve bien seul à vouloir mener sa guerre en Syrie. Son opinion publique est réticente et l’opposition, que l’on avait connue plus courageuse, le lâche au milieu du gué. Les dizaines de milliers de morts et de torturés, les millions de réfugiés témoignent de l’abjecte horreur infligée à la Syrie par le clan Al-Assad pour se maintenir au pouvoir. Et tout montre que c’est le régime qui a gazé son peuple, même si on n’en aura peut-être jamais la preuve absolue. Malgré ces charges accablantes, Hollande peine à justifier la guerre. Quelle est la légitimité, sans parler de la légalité, de l’engagement des soldats et des armes français sous hégémonie américaine ? Le Président, dans la constitution monarchique de la Ve République, a tout pouvoir pour faire la guerre. Mais peut-il aujourd’hui être le seul chef d’Etat à user de la force sans un vote de la représentation nationale, sans même un discours ?
Les Français peuvent comprendre qu’il faille mettre fin à l’impunité d’Al-Assad. Mais en quoi le «punir», pour reprendre l’étrange scolastique de Hollande, en raison de l’usage des armes chimiques mettra fin à ses crimes ? Selon le douteux raisonnement des présidents français et américain, Bachar al-Assad doit arrêter de gazer son peuple, mais il pourra continuer à le massacrer par d’autres moyens. Il va falloir trouver mieux pour convaincre les Français (et le reste du monde) que cette guerre est juste et justifiée. Si tu veux la guerre, prépare la paix. François Sergent
Mauvaise conscience ? Une bonne guerre !
Ne pas croire qu’à ne pas s’évoquer ici, l’Orient proche ou moyen nous soit sorti de la tête, fût-ce même en raison de sa légendaire complexité. Non. Le devenir du «printemps arabe», le processus somme toute «normal» des révolutions et contre-révolutions dont l’Egypte offrit cet été un modèle exemplaire, avec ses soudards putschistes déposant ses barbus élus, s’appréciera sur un long terme. Patience, donc… Mais la Syrie, dans ce dispositif ? La Syrie, c’est «juste» trop compliqué.
Après trente mois de massacres plus ou moins confessionnels et plus de 100 000 victimes identifiées (les autres ne sont pas comptabilisées), la question se pose moins de l’ampleur du désastre que de notre accoutumance au désastre. Certes, nous sommes indignés. Combien de fois au juste, depuis la mi-mars 2011 que commencèrent les affrontements entre le sinistre Bachar al-Assad et sa printanière opposition, avons-nous été indignés ? Mais de bombardements de masse en tortures industrielles, de massacres de femmes, d’enfants et de vieillards privés de tout sous les ruines d’hôpitaux d’infortune, nos indignations, ponctuellement entrecoupées de diplomatiques résignations, s’épuisèrent. Cette schizophrénie, cette cyclothymie, c’est notre lot, désormais, sur des charniers multiples.
Ces meurtres de masse qui en promettent toujours plus, par capillarité, en quelque sorte, nous n’en pouvions plus. Pour ne pas sembler entériner la banalisation de la barbarie, il fallait dire quelque chose, sans quoi l’humanité, la «conscience universelle», la «communauté des nations», quoi ? Il fallait mettre un nom sur cette «ligne rouge» cent fois évoquée, identifier enfin «le crime de trop». Ce serait l’usage d’armes chimiques, le 21 août, par le boucher Assad - «contre son propre peuple» constituant paraît-il une circonstance aggravante. A défaut de l’établir formellement, s’en convaincre. L’hypothèse, bien plus plausible, certainement, que celle des armes de destruction massive de l’Irakien Saddam Hussein en son temps (fâcheux précédent), méritait mieux, pour se voir légitimée, que l’ahurissante déclaration, mardi, du porte-parole de Barack Obama, Jay Carney, selon lequel «le régime syrien est responsable […], cela ne fait pas de doute pour quiconque y réfléchit logiquement» (sic).
Le propos était cohérent à la façon de celui de François Hollande affichant sa détermination de «punir» (c’est Dieu qui parle, là ?) le criminel Assad, mais surtout pas de le renverser.
De raisons d’y aller, depuis le temps, la «communauté internationale» en avait autant que de s’abstenir, mais là, sans autre but que de s’y acheter une bonne conscience… A enjoindre d’écraser l’«infâme» au nom d’une morale restant à définir, le chef de l’Etat écrasait d’avance toute contestation. Il fallait frapper, symboliquement, peut-être, mais vite ; excités par l’odeur du gaz, les experts habituels supputèrent illico une opération dans les jours, voire «dans les heures» (sic), sans trop se préoccuper de «légalité internationale» ni d’un autre fâcheux précédent, au Kosovo. Pour le Parlement qu’un conseil de défense suppléa, il serait informé «dans les meilleurs délais» - soit mercredi prochain, une semaine après son homologue britannique, lequel, faute de preuves, fronça le nez devant un scénario belliqueux et pré-écrit. A Paris, comme d’hab, on ne voterait pas.
Quant aux «réalistes», plus ou moins cyniques et plus ou moins «munichois», leaders politiques, élus ou commentateurs soucieux des conséquences, en Israël, au Liban et ailleurs, de frappes occidentales contre Damas, on leur clouerait vite le bec en assimilant leur discours à celui du Front national ; ça marche toujours, ainsi que l’établirent encore l’autre soir les revenants Jean-Michel Aphatie, Antoine De Caunes et Bernard-Henri Lévy, en trafiquant sur le plateau du nostalgique Grand journal de Canal + les propos de Jean-Luc Mélenchon…
Dans le grand silence de l’Union européenne (au fait, l’UE ?), le «machin» onusien continuait de mimer l’incarnation d’un ordre international auquel, depuis des lustres, nous faisons semblant de croire. Au nom de «Plus jamais ça» - mais plus jamais quoi, au juste ? -, se passerait-on de son assentiment ? «On», ce serait Washington, pas vraiment chaud pour l’aventure, mais contraint d’honorer son statut de patron - ou, comme le scorpion de la fable, sa «nature». Ce serait Londres, zélé caniche de Bush en 2003 resté résolument suiviste. Et ce serait Paris, où, comme dit Fabius, «le président de la République prendra les décisions qui s’imposent». Tout seul, comme un grand.
Mais à Washington, à Londres et même à Paris, des opinions, découvrant que cette guerre-là n’échapperait pas aux lois du genre, regimbèrent. Alors, ce «compte à rebours» ? Seulement ralenti ou susceptible réelle interruption ? Jeudi, soudain, «on» tergiversait.
Pierre Marcelle

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