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vendredi 20 septembre 2013

La Transition énergétique se fait attendre...



Transition énergétique : quand faut y aller… ?
Un p'tit tour, et puis s'en va. Après l'assassinat en règle par le Medef du débat national sur l'énergie, suivi de près par l'éjection de la deuxième ministre de l'écologie du gouvernement, un autre ministre, Arnaud Montebourg, en charge du redressement productif avec ses p'tit bras musclés, aura profité de l'été pour vérifier si des fois, y'aurait pas moyen de vendre aux Françaises-Français le "gaz de schiste écologique".
Ballon d'essai promptement crevé par François Hollande : l'opinion publique ne veut pas entendre parler de ce "gaz de shit", fût-il "écologique" (concept chimérique d'ailleurs, mais passons).
L'opinion publique n'a pas plus entendu parler, hélas et malgré mes p'tits bras à moi, du déclin de la production d'hydrocarbures en mer du Nord, en Algérie, ou encore au Congo-Brazzaville, qui se trouvent être et c'est ballot, trois de nos principales et de nos plus accessibles sources d'approvisionnement en pétrole et en gaz.
La transition énergétique, mais qui ça regarde ? (image Reuters)
En France, le débat sur l'énergie va donc rester encore gentiment cantonné à la seule alternative politiquement rentable (et encore) : nucléaire ou énergies renouvelables ? Soit à peine le tiers de la question posée, vitale pour l'avenir des sociétés industrielles.
Allez c'est la rentrée, alors *RAPPEL* :
TOUT le reste de l'énergie consumée en France provient des sources fossiles-épuisables-importées-et-polluantes-sans-tsunami, à savoir les hydrocarbures (pétrole 43%, gaz 21 %) et le charbon (4 %).
Eluder les deux-tiers du problème permet au troisième ministre de l'écologie du gouvernement Ayrault, Philippe Martin, de se faire longuement applaudir à l'université d'été des Verts en annonçant la réapparition à la rentrée du serpent de mer de l'écologie politique : la "taxe carbone". Terrifique taxe carbone, dont le premier ministre Jean-Marc Ayrault refuse d'emblée, si l'on en croit Le Canard Enchaîné, qu'elle puisse affecter les prix des carburants (en tout cas pas à la veille des municipales, ni des européennes, etc.)
Le pédalo tourne en rond, et marche au diesel mortifère. Ce blog comporte déjà une rubrique "Franche Touche" bien fournie, à laquelle j'ajoute illico le présent petit bilan de rentrée. (Rappelons encore, ce serait dommage de ne pas s'en souvenir, que la seule décision tangible prise jusqu'ici par ce gouvernement en ce qui concerne la sortie du pétrole a consisté à perdre un demi-milliard d'euros en baissant de trois centimes par litre les prix à la pompe, visionnaire mesure "pérenne" enterrée au bout de trois mois.)
En politique et même en économie on peut très bien, et parfois durant fort longtemps, prétendre qu'une porte est simultanément ouverte et fermée. En physique, c'est plus dur (quand bien même pour certains, le fait que la dernière décennie ait été la plus chaude jamais enregistrée signifie que le réchauffement du climat, c'est terminé – au fait qu'est-ce qu'il devient, claude allègre ?)
Donc le pétrole et nous. Après grosso modo une année d'accalmie relative, voilà ces jours-ci le prix du baril de Brent de retour aux alentours de 115 dollars, exerçant instantanément sa pression sur la carotide de l'économie mondiale.
Que peut-il bien se passer ?
En Libye, une grève qui menace de tourner à la guérilla bloque les principaux terminaux pétroliers, et réduit ces jours-ci à pas grand chose les exportations du pays, alors même que la production de brut a pu l'an dernier revenir à 1,5 million de barils par jour (Mb/j).
Au Nigeria, des détournement d'or noir à grande échelle, ainsi que des problèmes de maintenance, abaissent la production du premier pays pétrolier africain à son plus bas niveau depuis quatre ans.
Distillation artisanale de pétrole brut au Nigeria (© Akintunde Akinleye / Reuters)
La probabilité d'une intervention en Syrie, enfin, incite les négociants à renforcer les stocks d'or noir.
"Bien, bien, il ne s'agit là que de crises locales et conjoncturelles. Rien à voir avec les symptômes précurseurs du pic pétrolier, lâchez donc cet épouvantail", entends-je dire d'ici.
Nope.
Ce ne sont pas tant ces menus tracas conjoncturels qui apparaissent symptomatiques (la planète pétrole n'a pas cessé d'en connaître de toutes sortes depuis plus d'un siècle), c'est la persistante incapacité de l'industrie à les contrecarrer, en augmentant ailleurs les extractions. Une docte analyse fournie hier dans le Financial Times prévient que l'Arabie Saoudite elle-même ne dispose que "d'une capacité limitée à réagir" : les vannes sont déjà ouvertes à fond, partout.
Indices confirmés : les extractions d'or noir des principales compagnies pétrolières internationales (les majors) paraissent poursuivre leur déclin, d'après les résultats trimestriels publiés durant l'été.
La production de pétrole du groupe français Total continue sa glissade pour la huitième année de rang : elle a chuté de 4,8 % sur un an au deuxième trimestre 2013, atteignant seulement 1,160 Mb/j, contre 1,218 Mb/j au deuxième trimestre 2012.
Idem pour le géant américain Exxon, lequel, malgré des investissements toujours aussi titanesques, a fait part d'une baisse de 1,2 % [*] de sa production de brut, à 2,182 Mb/j au deuxième trimestre, au lieu de 2,208 Mb/j un an auparavant. [*] Correction, voir commentaires.
Chevron enregistre une baisse de 3,7 % sur douze mois au deuxième trimestre.
Seule BP a augmenté ses extractions de 1,3 % sur un an, avec 1,165 Mb/j atteint au deuxième trimestre 2013. La compagnie britannique est toutefois loin d'être revenue de loin. Parmi les majors, elle est celle qui de beaucoup connaît la plus forte baisse : sa production de brut est aujourd'hui moitié moindre qu'au moment de son pic, en 2003.
Du côté de la Royal Dutch Shell enfin, particulièrement affectée par la situation au Nigeria, la dégringolade atteint 6,8 % sur un an, avec 1,502 Mb/j au deuxième trimestre contre 1,612 Mb/j un an plus tôt. Peter Voser, le pdg en partance de la compagnie, a fait savoir que la Shell renonce à respecter les objectifs de production fixés pour 2017. Peter Voser, les lecteurs fidèles à ce blog s'en souviennent, est celui qui a déclaré que l'industrie de l'or noir doit mettre en production au cours des dix prochaines années l'équivalent de quatre Arabies Saoudites ou de dix mers du Nord, soit la moitié de la production mondiale,... rien que pour maintenir cette production à son niveau présent.
J'ai publié ici en février un article montrant que la production totale des cinq majors (Exxon, Shell, BP, Chevron et Total) a baissé de pas moins d'un quart (!) depuis 2004, et ce en dépit d'accroissements faramineux entre-temps des investissements dans la production :
(cliquer pour agrandir)
Voilà pour une mise à jour sur la conjoncture de cette rentrée. Je tâcherai de prendre du champ dans mon prochain post.
S'il vient, le Deus ex machina se fait encore attendre, lors même que dans le Financial Times, un gourou du négoce de l'énergie sobrement surnommé "Dieu" estime que la "révolution" des gaz et pétrole de schiste aux Etats-Unis est "temporaire", rejoignant plusieurs analyses exposées sur ce blog, notamment ici, ou encore .
Je profite de cette fin de trêve estivale pour soumettre à vos commentaires et à vos critiques une courte vidéo mise en ligne au mois d'avril, où j'ai essayé de faire la synthèse de la question du pic pétrolier telle que je la comprends et sur laquelle je n'ai pour l'heure, dans les grandes lignes, pas tellement de choses à ajouter :
"Pic pétrolier: chimère ou danger imminent...", par MatthieuAuzanneau
Je suis journaliste indépendant, blogueur invité de la rédaction du Monde. Le pétrole est la matrice du monde moderne, il pourrait devenir sa némésis : déclin des extractions et/ou catastrophe climatique ?
Blogueur invité de la rédaction du Monde, je suis journaliste indépendant, spécialiste d'économie et d'écologie (mais c'est la même chose, non ?) :
Le Monde (Le Monde2), Terra Eco, Transfert.net, Le Canard Enchaîné, Philosophie Magazine, "Global" (Arte, création du concept originel de l'émission), "Envoyé Spécial" (France 2), BBC,...
C'est bien connu, en France on n’ a pas de pétrole (quoique), mais on a des idées ! Voyons voir ce qu'on peut faire...
Matthieu Auzanneau
http://twitter.com/OIL_MEN
anoildude @ gmail [point] com

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