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vendredi 15 mars 2013

Décès de notre ami Robert Castel...



Robert Castel (1933-2013), un éclaireur du social
Robert Castel aurait eu 80 ans le 27 mars prochain. Directeur d'études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), ses premiers travaux portaient sur la psychiatrie. Mais son grand œuvre est d'avoir été l'un des plus perspicaces analystes de la condition salariale. Observateur ? Non point seulement, car son empathie faisait que les « gens de peu » n'étaient pas simplement des objets d'étude, mais des sujets politiques, dont il suscitait et justifiait l'irruption sur le devant de la scène.
Dans l'un de ses ouvrages majeurs, Les Métamorphoses de la question sociale, une chronique du salariat, paru en 1995, partant d'une analyse de la constitution de la société salariale, il a montré que son effritement, à partir du milieu des années 1970, menait à une « désaffiliation » faite de vulnérabilité et de fragilisation des personnes. D'un modèle salarial dominant fait de subordination mais aussi de protection sociale, il a montré l'arrivée d'un nouveau régime fondé sur l'insécurité sociale et la précarité. Il en concluait à l'absolue nécessité de se battre pour le maintien et l'approfondissement d'une société de solidarité.
Cette analyse a débouché sur les publications suivantes : L'Insécurité sociale : qu'est-ce qu'être protégé ?, en 2003, La Discrimination négative, en 2007, La Montée des incertitudes : travail, protections, statut de l'individu, en 2009.
La LDH se retrouvait dans cette analyse pratique et concrète de la nécessité de tous les droits pour tous, et partout. Robert Castel aimait les gens, il écrivait pour justifier leurs droits et militait ainsi pour ces derniers. La LDH salue l'homme, sa vie, son œuvre et son engagement.
La LDH s'honore par ailleurs d'avoir eu Robert Castel comme contributeur à la livraison 2011 de L'Etat des droits de l’Homme en France avec un article, justement intitulé : « La fragmentation sociale ». En ces temps rudes pour toutes celles et tous ceux que leur vulnérabilité sociale expose à tous les vents mauvais, il est judicieux de lire et relire ces textes qui refondent l'universalité et l'indivisibilité de tous les droits.
Claude Veyret
Section Dioise de la Ligue des Droits de l’Homme
LDHrhonealpes@aol.com
Section Dioise
Chastel et Bassette
26150 Die
Le sociologue Robert Castel est mort : Agé de 79 ans, il s'était fait notamment fait connaître par ses travaux sur la psychiatrie et sur le monde du travail.
Le sociologue français Robert Castel est décédé mardi à l’âge de 79 ans, à Vincennes (Val-de-Marne), a-t-on appris mercredi auprès de l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS) où il était directeur d’études.
 «Robert Castel est décédé mardi à Vincennes à l’âge de 79 ans», a déclaré un porte-parole de l’EHESS à Paris.
Né le 27 mars 1933, Robert Castel s’est fait connaître par ses travaux critiques sur la psychiatrie dans les années 70 en publiant une dizaine d’ouvrages collectifs ainsi que plusieurs livres personnels et de nombreux articles sur le sujet, traduits en plusieurs langues.
Mais ce sont surtout ses travaux sur le monde du travail et le salariat qui lui ont valu une large notoriété. Il a notamment publié «Les métamorphoses de la question sociale» aux éditions Fayard en 1995, devenu un classique pour les sociologues et les chercheurs s’intéressant aux inégalités sociales.
Ses recherches analysent la façon dont la société salariale s’est constituée puis son effritement à partir du milieu des années 1970. Elles étudient aussi les conséquences sur l’intégration sociale et le statut de l’individu contemporain, pointant des menaces sur la cohésion sociale, avec l’apparition d’un monde parallèle constitué de précarité, de jeunes diplômés sans emploi, de salariés à temps partiel, de chômeurs.
Selon son ami et collègue Marc Bessin, Robert Castel «admirait les grands hommes, Pierre Bourdieu et Michel Foucault, mais il a toujours refusé de faire école». «Il a laissé une grande oeuvre avec tout le travail qu’il a fait sur la psychiatrie et la manière dont il s’est engagé dans une réflexion critique qui a accompagné tous les mouvements anti-autoritaires», a-t-il souligné.
Robert Castel a notamment publié «La gestion des risques» (éditions de Minuit, 1981), récemment réédité, une réflexion sur l’individu contemporain, «La montée des incertitudes» (Seuil), et, plus récemment «Changements et pensées du changement, échanges avec Robert Castel» avec Claude Martin, publié en 2012 aux éditions La découverte.
Texte de Robert Castel : Réduire les écarts de revenus pour réduire la cassure de la société
L’instauration d’un revenu minimal et d’un revenu maximal s’impose parce que notre société est menacée par une coupure. En haut de la structure sociale prolifèrent des groupes de nantis dotés de privilèges exorbitants. Ils n’ont plus rien de commun avec le nombre croissant de tous ceux qui n’arrivent plus à «joindre les deux bouts».
Cette coupure remet en question la possibilité de continuer à «faire société», qui suppose que tous ces membres fassent partie d’un même ensemble lié par des relations d’interdépendance. Face à ces menaces de fragmentation dues à l’explosion des inégalités deux séries complémentaires de mesures pourraient être imposées pour combattre cette dynamique destructrice de la cohésion sociale.
1) L’instauration d’un revenu maximal serait le moyen de maintenir ou de rapatrier les ultrariches au sein de l’ensemble social en rapprochant leurs conditions de celles du régime commun. A quel taux faudrait-il fixer le montant de ce revenu ? Des propositions de l’ordre de 20 fois le revenu minima, ou de 20 fois le Smic ont été avancées. On pourrait en discuter, et discuter aussi des moyens d’imposer de telles mesures. Mais elles doivent être défendues dans leur principe, car elles seraient un puissant moyen de réduire les inégalités en permettant de redistribuer une part des hauts revenus pour améliorer la condition du plus grand nombre et des plus démunis.
2) L’instauration d’un droit à un revenu minimal garanti devrait être posée comme une exigence incontournable pour assurer à tous les membres de la société le socle de ressources nécessaire pour satisfaire à leurs besoins. Mais plusieurs formules ont été avancées pour réaliser cette exigence, dont certaines me paraissent dangereuses. On a ainsi évoqué l’attribution d’un revenu d’existence ou de citoyenneté voire d’une allocation universelle qui se contenteraient de distribuer à tous une allocation financière minimale. Un tel revenu ne pourrait être qu’une médiocre allocation de subsistance qui n’assurerait pas l’indépendance économique des bénéficiaires.
Ceux-ci seraient obligés d’accomplir à n’importe quel prix des activités pour arrondir leur allocation. Ce serait un facteur supplémentaire de dégradation du marché du travail encourageant le développement d’activités médiocres et mal payées.
Le renforcement des minima sociaux et du RSA pourrait fournir une réponse plus consistante, à condition qu’il soit reformé. Ainsi le RSA étendu aux jeunes pourrait inclure aussi, outre l’API, la SS et la prime pour l’emploi, couvrant de ce fait la plupart des situations sociales déficitaires. L’allocation de base devrait être augmentée. Surtout, il devrait devenir un dispositif accès à l’emploi durable et non un palliatif qui risque d’entretenir la précarité. Sous ces conditions le RSA pourrait accomplir la double fonction de garantir un revenu assurant la satisfaction des besoins de base de ceux et de celles qui sont à distance de l’emploi durable, et d’accompagner les bénéficiaires sur la voie du retour à cet emploi durable.
Le RSA ainsi musclé pourrait constituer un élément essentiel de ce que l’on pourrait appeler une sécurité sociale minimale garantie. J’entends par là la possibilité de disposer de ces protections de base nécessaires pour être capable de mener une vie décente. Mais ces conditions ne sont pas seulement financières, elles dépendent aussi du fait d’être reconnu comme un sujet de droit.
ROBERT CASTEL Sociologue EHESS

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