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dimanche 6 mai 2012

Vers une économie de Guerre...


Espagne : “On se dirige vers une économie de guerre”
Grève générale ce 29 mars, récession, déficit plus important que prévu…Malgré les réformes et les coupes budgétaires massives, l’Espagne peine à sortir de la crise et provoque un regain d’inquiétude au sein de la zone euro.
Cent jours après son investiture en tant que président du gouvernement [à l’issue d’élections législatives remportées à une très large majorité], Mariano Rajoy peut se targuer de trois grandes réformes économiques : le travail, la finance et la stabilité budgétaire.
Elles vont toutes dans le même sens : satisfaire les exigences de Bruxelles et rassurer les marchés. On peut penser ce qu’on voudra de cette politique, mais on ne peut pas accuser d’inaction le gouvernement PP [Parti populaire, conservateur].
Toutefois, jusqu’à présent, les résultats obtenus ne sont pas ceux escomptés. L’UE reste sceptique et l’Espagne coiffe l’Italie au poteau : elle devient la lanterne rouge des investisseurs de la zone euro, sa prime de risque atteignant des sommets.
En outre, au cours des derniers jours, l’économie espagnole a été très vivement critiquée par les principaux titres de la presse économique mondiale, par plusieurs rapports de banques d’affaires, et, comble du paradoxe, par le Premier ministre italien, Mario Monti.
“L’Espagne donne à toute l’Europe des sujets de grande préoccupation”, a-t-il déclaré. En montrant l’Espagne du doigt, Monti cherchait sans doute à éviter que les marchés ne s’intéressent de trop près aux difficultés de l’Italie et à la fragilité politique de ses réformes. Ce type de politique du chacun pour soi et qui consiste à nuire à son voisin n’était pas rare pendant la Grande Dépression.
Une gestion de la méfiance
Les critiques unanimes sur la politique économique espagnole sont de trois ordres : la crainte que les plafonds de déficits ne soient pas respectés cette année, dans la mesure où le retard pris dans l’adoption du budget va obliger à concentrer sur 8 mois les efforts de réductions des coûts et la hausse des impôts; le fait que la réforme financière soit bien moins “extrêmement agressive” [selon les mots du Ministre des Finances Luis de Guindos] que la réforme du marché du travail et qu’elle avance au ralenti, car la morosité gagne du terrain et le crédit se resserre ; l’absence, enfin, de mesures de relance de la croissance.
Dans ce contexte inquiétant, le budget 2012 va être présenté vendredi 30 mars. Nul doute que ce budget va acheminer l’Espagne vers une sorte d’économie de guerre, toutes proportions gardées.
Le gouvernement va être confronté à deux exigences légitimes et contradictoires : les attentes des citoyens (s’attaquer avant tout au chômage, supérieur à celui de tous les autres pays de l’OCDE, et préserver la protection sociale) et les pressions extérieures (avec pour priorité la réduction du déficit public).
Cette contradiction, toujours plus présente, a poussé Ivan Krastev, fondateur du Conseil européen des affaires étrangères (ECFR), à définir un dilemme croissant : “nous assistons à un effondrement de la confiance dans les élites politiques et économiques. (…) Les élections perdent leur signification de choix entre plusieurs options. Ainsi, la démocratie n’est plus fondée sur la confiance, elle se réduit plutôt à une gestion de la méfiance”.
Le besoin d'un compromis historique
Certains analystes commencent à penser qu’on va peut-être vers une sortie de crise différente de ce qui fut la sortie de la Grande Dépression. Restant à la merci de nouveaux soubresauts (hausse du pétrole ou des matières premières, crise dans les pays émergents), le monde pourrait cependant se remettre peu à peu de ses problèmes, tandis que l’économie de certains pays, notamment l’Espagne, resterait bloquée dans une sorte de “L” dont la barre horizontale continuerait à s’allonger assez longtemps, nous vouant sur le long terme à une stagnation.
Pour éviter cela, il faudrait un consensus sur le diagnostic et un accord entre les principales forces politiques, économiques et sociales. Le marasme est tel qu’il ne suffit probablement pas de disposer d’une majorité aussi large que celle de l’actuel gouvernement.
Ce dont notre pays a besoin, c’est d’un compromis historique entre des forces diverses qui représentent la majorité des citoyens, sans soumettre son contenu à une idéologie et en faisant des concessions mutuelles. Il faut œuvrer au bien-être de la population par un pacte transversal qui tienne compte des différentes collectivités et prévoie non seulement des mesures d’assainissement et des réformes structurelles, mais aussi  des politiques de croissance.
Joaquín Estefanía
Traduction : Olivier Ragasol

"La France doit adopter une économie de guerre". Critique à l’égard du plan d’économies présenté cette semaine, François de Closets estime que les Français ne peuvent plus vivre à crédit.
"Depuis trente ans, les Français sont entretenus dans l’illusion que les États ne sont pas des débiteurs comme les autres, qu’ils peuvent s’endetter indéfiniment. Je n’ai cessé de dénoncer ce mensonge, nous voici à l’heure de vérité. C’est une rude bataille qui s’annonce et que la France gagnera après quelques années d’efforts pour autant que la classe politique cesse de nous faire croire que ce qui arrive aux Grecs, aux Portugais ou aux Espagnols ne peut pas nous arriver.
Au cours des derniers mois, la crise a obligé la majorité comme l’opposition à infléchir son discours. La rigueur a cessé d’être un mot tabou. Les premières mesures prises par le gouvernement, augmenter les impôts – en période électorale, du jamais-vu –, prouvent que les temps changent. Mais on est loin du compte. Il nous faut passer d’une économie de paix à une économie de guerre. Cela suppose des mesures radicales : faire enfin payer les riches, procéder à des coupes drastiques dans les dépenses, remettre au pas les banques, casser la spéculation, toucher aux acquis sociaux.
"Avec ces mesures, on est loin du compte"
Ces mesures sont autant de droite que de gauche. Face à l’urgence, ces clivages n’ont plus cours. Les programmes qui nous sont proposés sont illusoires. Au lendemain des élections, il faudra faire une autre politique. Aujourd’hui, les Français se trouvent dans la situation des Grecs, qui, à l’automne 2009, ont voté pour un programme de relance et se sont vu, au lendemain de l’élection, imposer une austérité sauvage. C’est un devoir civique de décrire la situation de notre pays, ce qui nous attend, de faire comprendre la double dérive des finances publiques et privées, et de tracer les solutions.
Car elles existent, pour autant que nos gouvernants aient le courage de mobiliser le pays. En journalistes, nous nous appuyons sur les faits, les révélations, les investigations, pas sur les discours. Cette enquête le prouve, la France est capable d’affronter cette échéance, de passer du toujours moins au toujours mieux. L’optimisme officiel qui prétend nous épargner ces épreuves n’est rien qu’un pessimisme sur la capacité des Français à relever ce défi.
Nous pensons, au contraire, que le mensonge ne fait qu’accroître l’angoisse. La vérité peut seule provoquer l’indispensable sursaut. L’austérité à elle seule ne résout rien, c’est en gagnant la bataille de la compétitivité que notre pays retrouvera son indépendance. Mais la fuite en avant dans les déficits ne créera aucune croissance, aucun emploi et fait courir un risque d’explosion sociale. Comment la France a-t-elle pu être ruiné au terme de cinquante années de paix? Parce que les Français ont toujours fait le mauvais choix de la démagogie. Mais l’échéance, c’est aussi la dernière chance. C’est ici et maintenant qu’il faut la saisir."
François de Closets

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