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jeudi 15 décembre 2011

Sortir du nucléaire...avant l' irréparrable.

Commentaires autour de l’ouvrage "Sortir du nucléaire, c’est possible !"
Les signataires de l’accord frelaté du mardi 15 novembre, qui a fait couler, pour presque rien, beaucoup d’encre et de salive (1) se sont évidemment bien gardés de se référer aux analyses du Réseau qui fédère 924 groupes et 56052 membres. Pour le Parti socialiste, nul motif d’étonnement. La formation de la rue de Solférino entretient invariablement des « atomes très crochus » (2) avec le lobby de la fission. Du côté d’Europe Écologie/Les Verts, comment Denis Baupin, Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé and co assumeraient-ils la contradiction flagrante entre l’adhésion à un désengagement rapide et l’acquiescement à un texte formalisant la poursuite du chantier de l’EPR à Flamanville (Manche) et renvoyant aux calendes grecques le débranchement des derniers réacteurs ? Stéphen Kerckhove et Xavier Rabilloud, les auteurs de l’opuscule susmentionné (3), synthétisent, de manière limpide et didactique, l’essentiel des données afférentes à cette technologie contre-nature, qui entrave depuis au moins cinquante-quatre ans (construction de Chinon A-1) le développement de solutions "douces".
Les quatre cent trente-sept tranches qui fonctionnent dans le monde émettent à peine 2,4% de l’énergie et 13,6% de l’électricité consommées.
Les cinquante-huit qui turbinent sur notre sol fournissent 13,8% de l’énergie et 74,1% du courant. En quelques traits, les deux militants susnommés désagrègent les mensonges officiels, plus énormes qu’une enceinte de confinement. Le kilowatt/heure nucléaire relativement bon marché, nous le devons aux subventions pharaoniques consenties par l’État (4), à la non prise en compte, dans les tarifs, des provisionnements (du reste nettement insuffisants) pour l’assurance, le démantèlement futur des sites (5) et le stockage des déchets. De surcroît, seuls 33% de l’énergie primaire issue d’un bloc alimentent le réseau des lignes à très haute tension (6). Le reste fait plouf dans l’eau ou "s’évapore" dans l’atmosphère. Ces neuf cents térawatts/heure (900 milliards de kilowatts/heure) perdus dépassent des quatre-cinquièmes la consommation d’électricité nationale en 2010 (488,1 térawatts/heure).
Plus irrationnel, tu meurs sur-le-champ ! N’importe quel(-le) élève de cours moyen 2 saisirait l’ampleur de ce gaspillage abyssal, lequel, quantifié financièrement et rapporté aux "durées de vie" des mastodontes, avoisinerait peu ou prou la somme cumulée des déficits (publics et commerciaux) et d’une partie de notre dette souveraine.
Il existe bien une corrélation entre les choix opérés par les gouvernements successifs dans différents domaines et l’aggravation de la "crise" qui frappe de plein fouet la majorité d’entre nous.
Contrairement aux allégations fallacieuses et aux vociférations débiles des nucléocrates de tous bords (7), l’abandon du "fleuron de notre industrie" ressortirait à une oeuvre de salubrité, au-delà même de toute considération morale. Autre contre-vérité : le secteur emploie quatre-vingt dix mille personnes (vingt-huit mille chez AREVA), et non deux cent quarante mille, comme l’a clamé Nicolas Sarkozy, le 25 novembre au Tricastin. Je ne cesserai de réitérer ce leitmotiv : nous avons loupé le coche de la "révolution énergétique" à l’été 1981, une époque où le nucléaire ne représentait que 38% du mix et où les aspirants au pouvoir avaient promis un vaste débat démocratique ainsi qu’une réorientation des priorités. Pour écouler les surplus, corollaires du surdimensionnement du parc, sous l’ère Mitterrand, EDF avait promu massivement la chaleur électrique, une absurdité tant économique que thermique, qui mobilise l’équivalent d’une dizaine de réacteurs (8). Nullement neutre en CO2 (chaque kw/h en "contient" jusqu’à six cents grammes, le double de la masse générée par une installation classique au gaz), elle possède un rendement des plus médiocres (28% emplissent radiateurs et convecteurs). Les deux rédacteurs du livret exposent brièvement trois scenarii de sortie : celui, sur vingt-deux ans, de négaWatt à Alixan (Drôme), l’échéancier sur vingt ans de Global Chance à Meudon (Hauts-de-Seine), et une étude de faisabilité maison, bien plus ambitieuse, sur cinq ou dix ans. Cette hypothèse reposerait, selon moi, sur une logique résolument "alternative" et une refonte des "logiciels" en vigueur quant aux schèmes de production et de consommation. Eu égard au degré de conscience politique dans notre société, quoique très pertinente, elle me semble un brin utopique. Elle supposerait le recours, durant la phase transitoire, à des vecteurs fossiles (une trentaine d’usines à gaz très performantes), 60% pour la projection la plus audacieuse et 30% pour l’extrapolation à moyen terme. Pour compenser les expulsions des substances à effet de serre, le document préconise par exemple de limiter l’usage des engrais et des pesticides, de ne plus assembler des moteurs de voitures avalant plus de quatre litres de carburant aux cent et de réduire de dix kilomètres/heure la vitesse admise sur les autoroutes. Que l’efficacité et la sobriété, couplées au boom volontariste des sources renouvelables (9), ne nous dispensent pas d’une réflexion sur la notion de « progrès » et sur une certaine « décroissance », garante de bien-être, de respect de l’humain et des écosystèmes. Malheureusement, aucun parti de l’establishment n’esquisse les prémices de telles avancées...
René HAMM
Bischoffsheim (Bas-Rhin)
(1) Dans son texte publié, le jour même, sur Bellaciao, Stéphane Lhomme a parfaitement pointé les tenants et aboutissants de cette magouille purement électoraliste.
(2) Cf. mon article mis en ligne sur ce site, le 18 juillet 2011.
(3) Nova Éditions à Paris, septembre 2011, 144 pages, 11 €.
(4) Le Commissariat à l’énergie atomique a bénéficié, entre 1946 et 1992, de subsides à hauteur de 308 milliards de F, soit 76% de son budget. 90% de l’enveloppe dévolue à la recherche en matière énergétique sont engloutis dans le nucléaire, contre 1,8% pour le secteur des renouvelables.
(5) Celui concernant la centrale de Brennilis (70 mégawatts ; 1967-1985) dans le Finistère coûterait 482 millions d’euros, vingt-cinq fois plus que les estimations initiales.
(6) 21 236 kilomètres de lignes à 400 000 volts et 26 726 kilomètres à 225 000 volts.
(7) Dans un entretien au quotidien gratuit "Métro", publié le 25 novembre, Jean-Pierre Chevènement a traité les Verts de "secte fanatique". Pourtant, il serait très exagéré d’affirmer que les négociateur(-trice)s "écologistes" aient déployé une intransigeance exacerbée. Une légère déviance à la doxa atomique, censée faire consensus, suffit donc à déclencher des bordées d’injures. Selon un sondage de l’IFOP pour le "Journal du dimanche", effectué entre le 1er et le 3 juin, 62% de nos concitoyen(-ne)s se prononcent en faveur d’un arrêt progressif en 25 ou 30 ans, 15% désirent que cette mesure intervienne sans tarder. 14% des sympathisant(-e)s du PS et 13% d’EE/LV avalisent la poursuite du programme et l’érection de fabriques supplémentaires... Quels résultats les instituts enregistreraient-ils si les antinucléaires jouissaient à la télévision et la radio d’un temps de parole égal à celui octroyé aux partisans de la filière ?
(8) 35% des logements dans l’Hexagone contre 5% outre-Rhin. Au Danemark, elle est interdite depuis 1985. En Suisse, elle est soumise à une autorisation préalable. Ces trois pays, dépourvus, comme la France, d’or noir, ne manquent pas d’idées intéressantes, ni des moyens de les concrétiser.
(9) 97% du potentiel disponible à l’échelle du globe demeurent encore inexploités.

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