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mardi 20 décembre 2011

Conférence sur le climat de Durban : entre échec et blague...

Climat : halte au conservatisme industriel !
La 17e Conférence sur le climat se conclut à Durban dans l’indifférence. Le climat s’est-il stabilisé ? Bien au contraire, 2010 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée par l’humanité. Les tragédies météorologiques se multiplient. Le péril climatique est annoncé : la température moyenne sur la planète pourrait grimper de 4 à 6 degrés d’ici la fin du siècle si les efforts pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre restent aussi dérisoires. En 2009, à Copenhague, nous étions pourtant nombreux à y croire, tant était puissante la mobilisation citoyenne et politique. Les dirigeants des pays les plus pollueurs se sont comportés comme lors d’un G20, rivalisant de coups de menton, de poignées de main généreuses et de formules historiques pour qualifier le plus grand défi de l’humanité. Mais ils n’ont pu masquer l’indigence de l’accord conclu. A Cancun en 2010, la négociation climatique fut sauvée, pas le climat !
A Durban, l’UE défend avec raison la poursuite du protocole de Kyoto et la perspective d’un accord global contraignant qui associerait pays riches et émergents. L’issue est incertaine tant l’obstruction des Etats-Unis et de la Chine est forte. Pourquoi une telle inertie alors que les conditions mêmes de notre avenir sont menacées ? Pourquoi l’Europe, pertinente sur l’architecture de l’accord, ne s’est-elle dotée que d’un très modeste objectif de réduction de ses émissions (- 20 % d’ici 2020) quand les scientifiques veulent le double pour espérer rester sous les 2 degrés de réchauffement ?
C’est que la négociation climatique est bien plus qu’une négociation environnementale. Lutter contre le dérèglement climatique nécessite de modifier en profondeur nos modes de production, de transport et de consommation. Autant d’habitudes, de rentes et d’intérêts difficiles à bousculer alors que les politiques climatiques, pour être efficaces, ne pourront plus se contenter de distribuer généreusement dérogations et quotas de CO2 aux pays et entreprises récalcitrants. Jamais une négociation internationale n’a généré une telle opposition, associant des multinationales des énergies fossiles, de la chimie, du ciment, de l’automobile ou de la sidérurgie. Une nouvelle économie émerge pourtant, avec une incroyable course dans les technologies vertes. Les renouvelables font leurs preuves : des centaines de milliers d’emplois non délocalisables (déjà 370 000 en Allemagne) ; des réseaux puissants de PME ancrant l’économie sur les territoires ; un marché mondial en expansion estimé à plus de 2000 milliards de dollars en 2020 et déjà les deux tiers des nouvelles capacités de production électrique installées en Europe ! Idem pour la sobriété et l’efficacité énergétique : en baissant de 20 % son ébriété énergétique, l’UE économiserait chaque année 100 milliards d’euros et chaque ménage 1000 euros ; deux millions d’emplois seraient créés, notamment dans le bâtiment. La France ne possède pas moins d’atouts que l’Allemagne ou la Chine pour participer à cette formidable aventure. Mais elle prend du retard car la transition énergétique y est bloquée au nom d’intérêts dits «supérieurs», en réalité au nom d’un véritable archaïsme industriel : EDF pénalisée par tout kWh d’électricité économisé, Areva concurrencée par tout panneau photovoltaïque ou éolienne installé, Total effrayée par des voitures plus efficaces…
Partout dans le monde une partie de la société est en mouvement : des pays (l’Allemagne et le Royaume-Uni avec des objectifs climatiques près de deux fois plus ambitieux que la France), des régions et des Etats fédérés, des villes, des entreprises, dont Siemens, GE, Sony, Ikea, Philips, Unilever ou Danone, des investisseurs et des organisations de la société civile ont fait de la lutte contre le dérèglement climatique et de la nouvelle économie qui l’accompagne un projet collectif, au nom de l’intérêt général ou privé. Leur structuration avance mais, hétérogènes, ils peinent à peser au niveau national ou mondial. Qui se souvient que le gouvernement français a sacrifié 20 000 emplois dans le photovoltaïque il y a peu ? Les élus ont la responsabilité d’offrir à ces acteurs un cadre administratif, financier et industriel incitatif et stable, et d’accompagner la transition industrielle et sociale de l’ancienne économie.
Nous n’avons pas à choisir entre catastrophe économique et catastrophe climatique. Nous pouvons réconcilier l’économie avec la planète et les citoyens avec leur avenir. C’est un projet de société. Aux responsables politiques de convaincre, aux citoyens de s’en emparer. Alors la négociation climatique changera de nature.
YANNICK JADOT Député européen Europe Ecologie-les Verts

La (bonne) blague de Durban
Sabotage? Grosse blague? Erreur involontaire? Personne ne sait, mais un faux texte de négociations a circulé samedi dans les couloirs de Durban, ce qui a fait perdre un temps précieux aux délégués, selon le Guardian.
Dans la journée, le faux texte a été envoyé aux délégués avec une note stipulant qu'il avait été rédigé par le Mexique (qui présidait la COP16 de Cancun), l'Union européenne, les USA et les pays membres du groupe BASIC (Brésil, Afrique du sud, Singapour, Inde et Chine). Il a tout de suite été rejeté par ces pays qui ont précisé que leurs positions étaient différentes, à quelques détails près. Or, en matière de diplomatie, le diable, on le sait, se loge dans les détail.
Calendrier. Le faux texte précisait que les discussions sur un nouvel accord global (l'accord qui rassemble les pays ayant souscrit à Kyoto et tous les autres) allaient démarrer en 2012 alors que les pays susnommés ont réclamé qu'elles démarrent tout de suite. Il précise qu'un nouvel instrument légal succédant à Kyoto doit entrer en vigueur «à partir» de 2020. En réalité, l'UE veut que ce ne soit «pas après 2020». La novlangue diplomatique est d'une précision fatale.
S'ils avaient voulu faire un bon faux, les faussaires auraient dû se concentrer un peu plus. Et d'abord, utiliser la bonne police figurant sur les documents officiels issus du secrétariat de la Convention climatique de l'ONU, Times New Roman au lieu de Arial. Ensuite, ils auraient pu consulter un calendrier et éviter la confusion entre le vendredi 10 décembre et le samedi 10 décembre. Bref, être un brin plus professionnels !
Il n'empêche, la bouffonnerie a fait perdre un temps précieux aux négociateurs mais aussi à la présidence sud-africaine qui a dû se fendre d'un démenti officiel. Quand on connaît les récriminations faites à l'endroit de l'Afrique du sud pour la conduite de ce raout climatique, on se demande bien qui a pu vouloir l'enquiquiner en retardant ainsi les négos. Que le Mexique figure dans le groupe des pays cités n'est pas étonnant. Les relations entre Mexique et Afrique du sud sont très tendues, le premier ayant proposé au second de «l'aider» à présider la COP17 ce qui a été fermement refusé.
Panne de Durban: toujours pas réparée
Ce soir, à 20 heures, les délégations restées à Durban tentent toujours de trouver un accord sur les textes âprement discutés l'après-midi par une vingtaine de ministres. Réunis en plénière, les négociateurs climatiques passent au crible chaque mot des accords transitoires proposés par la présidence sud-africaine de la COP17. Pour suivre en direct ces négociations incompréhensibles, c'est par là!
Samedi après-midi, une grosse vingtaine de ministres a passé cinq heures à discuter de quatre textes dans une toute petite salle du centre de conférence. Ces quatre textes (la vision commune partagée, le texte sur Kyoto, la boîte à outils sur le long terme et le Fonds vert) sont ensuite passés entre les mains de la présidence sud-africaine qui les a retouchés afin de présenter une version finale à l'ensemble des délégations, en plénière. Experts et délégués ont fait le pied de grue dehors, tout comme les journalistes et les quelques ONG restées sur place. Et pour faciliter la négo, les négociateurs restés à l'extérieur faisaient passer des post-its techniques à leurs ministres respectifs.
Ce soir, en plénière, on sent que les textes ne satisfont pas tout le monde. Une disposition a particulièrement retenu l'attention des pays en développement: l'allongement d'une éventuelle seconde période d'engagement de Kyoto jusqu'en 2020. «Si on s'engage sur une seconde période, nous en prenons pour 5 ans, ce qui nous mène jusqu'en 2017. Or, c'est à partir de 2020 seulement que les pays émergents acceptent de s'engager. Il faut donc éviter un vide juridique durant trois ans.» expliquait NKM. Mais les pays en développement y voient une façon pour l'Union européenne d'amoindrir ses ambitions. «Ce n'est pas pareil de faire -20% en 5 ans et -20% en 8 ans» a remarqué le représentant bolivien. «En l'état, l'UE ne propose que ce qu'elle fait déjà, c'est à dire 20% de réduction d'émissions de 20% à l'horizon 2020, en quoi est-ce que ça peut provoquer un consensus dans cette assemblée?», a lancé Claudia Salerno Caldera, la représentante de la délégation vénézuelienne, bien remontée contre le texte.
Ce soir, Durban est doublement au centre de l'attention: un match de rugby va ramener près de 70000 supporters dans la station balnéaire, tandis que les quelques diplomates du climat poursuivent des négociations sans sommeil.
Laure Noualhat : je travaille sur les sujets environnementaux depuis 2003, date de la création de la page Terre à Libé.
Depuis, impossible de faire autre chose. Ayant l'étrange sensation d'être à bord d'un bolide polluant, face à un mur, je tente d'alléger chaque jour mon «empreinte écologique»...
Arriverons-nous à freiner à temps?

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