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samedi 8 octobre 2011

Les villes... cimetières civilisationnels ou réserves....

Les mégalopoles, futures réserves de Terriens !
Réunis ces derniers jours pour la conférence annuelle de la Fondation Bill Clinton à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, des responsables politiques et économiques se sont mis d'accord pour considérer la ville, malgré toutes ses contradictions et ses périls, comme l'avenir de l'homme. Une solution temporaire puisque, de toute évidence, l’homme n’est pas l’avenir de la planète !
Il est de toute importance de s'enquérir des projets et des agissements des maîtres du Monde puisque, de gré ou de force, libres penseurs solitaires ou consommateurs embrigadés, nous en sommes les sujets.
L'idée renvoie à celle des réserves d'Indiens, zoos humains conçus par ces Blancs dont l'irrespect à 360 degrés fut la recette universelle de domination et de l'exploitation des hommes et de la Nature.
Aujourd'hui, le passage au seuil de 7 milliards d'Homo sapiens nous interroge une fois de plus sur la capacité planétaire, sur notre égoïsme humaniste et spéciste, la disponibilité des ressources et le devenir des infimes restes du sanctuaire de la Nature. Même si la question s'est déjà posée à l'aune des effectifs de 3, 5 et 6 milliards, il n'est pas certain que l'on puisse occuper le terrain jusqu'à 10 ou 15 milliards sans sombrer dans une vie invivable. Le thème est donc cardinal. Et comme le disait Woody Allen : « Je m'intéresse à l'avenir car c'est là que j'ai choisi de passer mes derniers jours ».
L'explosion urbaine et l'essor des mégalopoles devraient donc apporter une partie des solutions aux problèmes qui rongent le monde, depuis la surpopulation jusqu'au pillage des ressources naturelles.
En 1800, 3% de la population mondiale seulement habitait en ville contre 50% aujourd'hui et 70% dans 40 ans, avec la poursuite du développement tentaculaire de mégalopoles comme New York, Mexico, Moscou ou encore Shanghaï.
Durant la conférence en référence, le magnat mexicain des télécoms Carlos Slim (première fortune mondiale par le magazine Forbes), à précisé que la migration urbaine, avec les économies d'échelle qu'elle induit pour les infrastructures, est même la seule réponse à la croissance exponentielle de la population. « S'il n'y avait pas de grandes villes, la plupart des gens ne pourraient s'offrir le coût d'accès à nos services de télécommunications », a-t-il estimé. Comment en sommes-nous arrivés à nous constituer les inutiles prisonniers de banksters puis d'opérateurs téléphoniques ? Là est une autre question...
Hong-Kong, Macao..., c'est la vie devant nous !
Mais toutes les sociétés n'ont pas pour économie l'industrie, le commerce ou les hautes technologies qui permettent, comme au Japon, à Hong-Kong ou dans la Silicon Valley de s'étager pour surpeupler une niche géographique étroite, ou encore l'activité de paradis fiscal ou de trafics véreux internationaux comme Monaco (avec une termitière humaine de 15 850 habitants au kilomètre carré !), Macao (17 800 h/km2) ou Gibraltar (4 700 h/km2). Pour avoir un ordre de grandeur, l'Australie n'abrite que 2,6 habitants au kilomètre carré. La terre fertile d'une famille de cultivateurs exige davantage d'espace que l'ordinateur d'un trader boursier ! Pour les peuples agricoles, ruraux ou oubliés, ce sont les ressources terriennes qui doivent définir la taille d'une population, et non l'inverse.
En matière de dénatalité, le peloton de tête est essentiellement composé d'enclaves surpeuplées ou de territoires modestes à forte population, dragons économiques par excellence. On peut comprendre le manque d'enthousiasme de ces couples vivant à l'étroit à pratiquer la duplication. C'est le cas de Hong Kong, de Taïwan, de Macao, de la Corée du Sud ou du Japon. Un autre aspect favorable serait donc d'entasser l'humain à l'extrême pour que décline sa vertigineuse procréation. Vive le stress !
Un nouveau-né monégasque usurpera sa vie entière sa part amazonienne ou groenlandaise sans jamais poser un pied ni en Amazonie, ni au Groenland, on l'a compris. Mais naître en Amazonie ou en Australie, sans avoir pu conserver le mode de vie respectueux des peuples natifs dont toutes les cellules étaient en phase avec la naturalité, présente le méfait potentiel de menacer directement une biodiversité encore vive et remarquable. C'est pourquoi les populations des contrées naturelles présentent le risque rapproché d'une pression plus dommageable encore. Le surpeuplement de l'homme est un antagonisme à la biodiversité. Contrairement à une vue trop hâtive de la situation planétaire, un enfant de plus à Londres, Mexico ou Hong Kong sera un moindre préjudice qu'un début de surpeuplement et d'inquisition humaine d'une Tasmanie ou d'une Papouasie. Restons absents ou absentons-nous de la Patagonie, du bassin du Congo, de la forêt boréale et de bien d'autres paradis encore sauvages, heureusement souvent peu hospitaliers pour l'homme. Ménageons les beaux restes du grand catalogue du Vivant, épargnons les ultimes réservoirs de gènes, les chambres fortes de biomasse et de stocks de carbone, mettons les prédateurs envahissants que nous sommes hors d'état de nuire et d'occire les derniers poumons de cette Terre. Toute présence d'un humain vivant sur le mode occidental incontournable de l'American way of life est une calamité pour les équilibres naturels et une menace pour les ressources.
Avec 120 villes de plus d'un million d'habitants, la Chine est en première ligne dans cette résolution pour une résorption urbaine. « Les agglomérations sont d'importants relais de croissance pour dynamiser l'économie et élever le niveau de vie de l'ensemble de la société », estimait Yang Jiechi, ministre des Affaires étrangères chinois. Et c'est tant mieux ! « Une augmentation d'un pour cent de la population urbaine est synonyme de création d'emplois, de hausse de la consommation et de nombreux investissements », ajoutait-il. N'hésitons plus !
Une mégalopole n'est absolument pas une ville, mais un ensemble de mégapoles !
Une simple mégapole n'est qu'une agglomération de plus de 10 millions d'habitants (seuil fixé par l'ONU). Ainsi, Moscou est une mégapole, n'appartenant à aucune mégalopole reconnue puisqu'aucun réseau urbain d'importance ne s'est développé à proximité.
Quant à la mégalopole, c'est un espace urbanisé polynucléaire formé de plusieurs agglomérations dont les banlieues et couronnes périurbaines s'étendent tellement qu'elles finissent par se rejoindre, et cela sur de longues distances. Il s'agit d'une ultra-urbanisation motivée par une fonction politique, et ce en opposition à une idée de cité bucolique.
Pour ne prendre qu'un exemple nord-américain, on peut citer la conurbation transfrontalière de la région des Grands Lacs qui correspond à une mégalopole enveloppant 65 millions d'habitants, réunissant les métropoles américaines de Détroit et Chicago, et canadiennes de Montréal, Toronto, Québec et Ottawa pour les principales. Aux États-Unis, tout le monde reconnaîtra l'infernal enfer de SanSan, situé entre San Diego et San Francisco, ou encore la zone urbaine appelée BosWash, s'étalant de Boston à Washington. Au Brésil, on parlera de la frange littorale comprise entre Rio de Janeiro et Sao Paulo. La première mégalopole européenne est un complexe urbain étalé sur plus de 1 500 km et dont l'effectif est de plus de 70 millions d'habitants. Il s'étend ainsi depuis Londres jusqu'à Milan, traversant le Benelux et la Rhur. Cette dorsale métropolitaine médiane pour l'Europe a reçu le nom de « banane bleue » en raison de sa forme qui apparait sur une image satellite. Si vous résidez dans cette « banane », vous avez tout de même droit à quelques bois aux allées policées ou à un petit jardin, ersatz d'une nature défunte et dont la valeur écosystémique est à peine supérieure à celle de pots de géraniums sur balcon ! Mais, on le sait, des fleurs en plastique peuvent même suffire comme connotation agreste de l'homme fou d'aujourd'hui.. Cette dorsale de l'Union européenne n'est évidemment pas (encore) complètement homogène et peut être divisée en sous-ensembles urbains (Grand Londres, axe rhénan, transfrontalières franco-belge, néerlandaise, suisses, plaine du Pô autour de Milan et Turin...).
Une mégalopole de 90 millions de Japonais
Du temps de la haute croissance japonaise, le phénomène d'exode rural et d'immigration vers les villes ainsi que les effets du baby-boom provoquèrent d'importantes mutations démographiques. Plus de huit millions de personnes changèrent encore annuellement de résidence départementale au cours des années 1960 et au début des années 1970. Ce chiffre se stabilise entre 2,5 et 3 millions de personnes jusqu'au milieu des années 1980. Il augmente à nouveau pour dépasser les six millions de personnes à partir de 1985. Ces migrations profitent essentiellement aux grandes villes et aux mégapoles. La population vivant dans les communes urbaines (shi) dépasse celle des communes rurales (« bourgs », chō ; et « villages », son) dès le milieu des années 1950. Les espaces très peuplés, ou D.I.D. (densely inhabited districts, traduction anglaise de la classification japonaise de jinkō shūchū chiku), ont une densité supérieure à quatre mille habitants au kilomètre carré pour une masse agglomérée supérieure à cinq mille habitants. Ils regroupent 66% de la population japonaise (chiffre de 2005), soit alors 84,3 millions d'habitants confinés sur seulement 3,32% du territoire ! La mégalopole qui résulte de ces processus de migration et de concentration est une entité géographique qui n'a pas de réalité administrative en tant que telle. Il ne s'agit pas non plus d'un « chaos urbain » ou d'une simple coalescence de villes. C'est un réseau articulé autour de trois mégapoles (Tōkyō, Ōsaka, Nagoya), structuré par des logiques industrielles, tertiaires, foncières et urbanistiques, que Tokyo domine de plus en plus. On y reconnaît encore des ceintures maraîchères et des espaces verts récréatifs.
Où conduisirent donc la peur des bois et le désir de progrès...
Les mégapoles nous vont comme un gant. Grégaires tout en nous haïssant, nous aimons la fureur, la promiscuité, la consommation. Enfin et dans un souci de surveillance, les données d'une population définie à l'intérieur d'aires administratives sont faciles à collecter et à actualiser. Et puis, que de pièges faciles pour tout projet terroriste que ces agglutinations de viande humaine...
Plus un soupçon de rousseauisme. Nous sommes pour toujours en deuil de l'Arcadie, ce pays de discrets villages qui, dans la poésie bucolique hellénique, illustrait le pays du bonheur, le pays idéal.
Écarter au maximum Homo sapiens modernicus des derniers lambeaux écosystémiques est censément une bonne piste pour tenter de rendre la terre à la Terre ? C'est ce que n'ont pas su faire les réserves de la biosphère (UNESCO) en maintenant les pratiques d'usages mitoyennes à la vie sauvage. Nous ne sommes plus au temps où l'homme pouvait inscrire sans dégâts ses agrosystèmes et même améliorer la mosaïque paysagère. Y compris dans les pays appauvris où nos agronomes ont fait des pieds et des mains pour désespérer les cultivateurs vivriers, les modes agraires (intrants et machinerie) sont le plus souvent trop agressifs pour ménager le Vivant, ne serait-ce qu'au simple niveau des plantes ségétales ou adventices.
Seul un divorce consommé de l'homme et de la Nature saura pérenniser et offrir quelques chances de régénération aux restes de cette dernière.
Vider les campagnes sera plus difficile ! Elles deviendront tout au mieux les déserts agraires d'un incommensurable grenier à OGM pour remplir bientôt 10 milliards de ventres urbains répartis entre un tiers d'obèses et deux-tiers de crève-la-faim. 
Michel Tarrier

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