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mardi 20 septembre 2011

La palestine bientôt à l' ONU ?

Faisons un rêve : un "oui" israélien à l'ONU
Dans moins de deux semaines, l'Assemblée générale de l'ONU devrait reconnaître la Palestine en tant qu'Etat. Ce n'est pas tout à fait une "première", plutôt un retour de l'histoire sur elle-même.
Le 29 novembre 1947, la même assemblée adoptait la résolution 181 : elle créait deux Etats sur le territoire de l'ancienne Palestine mandataire - un Etat juif, Israël, et un Etat palestinien. Le second ne vit jamais le jour, du fait de la guerre que les pays arabes voisins déclarèrent au premier.
Soixante-quatre ans plus tard, en soumettant leur projet de reconnaissance à la session d'automne de l'Assemblée de l'ONU, les Palestiniens obtiendraient enfin réparation ? Pas tout à fait.
Aujourd'hui, le pouvoir d'admettre un pays à l'ONU appartient au Conseil de sécurité de l'organisation. Les Palestiniens hésitent à solliciter cette instance pour une bonne raison : les Etats-Unis sont opposés à leur initiative. Barack Obama a prévenu : Washington usera de son droit de veto. Aller au Conseil, c'est provoquer les Etats-Unis. Les Palestiniens en ont-ils envie ?
A l'Assemblée, en revanche, il n'y a pas de veto. Il suffira d'une majorité simple des 193 pays représentés pour adopter le projet de résolution palestinien. Le vote pourrait avoir lieu autour du 23 septembre. Il est déjà acquis. Plus de 120 Etats sont prêts à se prononcer pour le texte de Mahmoud Abbas, patron du Fatah et chef de l'Autorité palestinienne.
Dans le camp des "pour" : la Russie, la Chine, toutes les nouvelles puissances émergentes - de l'Inde à l'Afrique du Sud, en passant par le Brésil -, le monde arabe, la majorité des pays africains et asiatiques. Dans le camp des "contre" : Israël, défendu par les Etats-Unis et quelques dizaines de fidèles. L'Europe étant l'Europe, elle est divisée. Derrière la France et la Grande-Bretagne, la plupart des pays de l'Union européenne sont tentés par le "oui". Emmenés par l'Allemagne, qui ne veut pas chagriner Israël, les Pays-Bas, la Pologne et la République tchèque penchent pour le "non".
M. Abbas joue prudent. Il concocte un texte modéré, dit-on de bonnes sources, un projet de résolution qui reprend les grandes lignes des plans américains pour régler le conflit israélo-palestinien. Il s'agit de créer un Etat dans les frontières de 1967 "aménagées", pour tenir compte des blocs d'implantations israéliennes en Cisjordanie. Il aurait Jérusalem- Est pour capitale. Le "droit au retour" des réfugiés palestiniens serait limité, les intérêts de sécurité d'Israël respectés - bref, tout ce qui est dans les cartons des diplomates depuis plus de trente ans, mouliné jusque dans les plus petits détails.
En contrepartie, le chef du Fatah n'obtiendra pas un Etat en bonne et due forme - cette consécration-là, le Conseil de sécurité peut seul la lui donner. L'Assemblée lui accordera une amélioration du statut dont le mouvement national palestinien dispose aujourd'hui à l'ONU. La Palestine y figurera dorénavant en tant qu'"Etat non-membre", comme le Vatican, par exemple. C'est l'ultime étape du purgatoire avant le paradis de la vraie indépendance.
Ce n'est pas rien. C'est plus qu'un symbole. Le statut d'Etat non-membre donne accès à toutes les organisations du système de l'ONU. La Palestine pourra aller devant la Cour internationale de justice pour y faire condamner les colonies. La résolution rehaussera les moyens d'action juridiques et diplomatiques des Palestiniens ; elle soulignera l'isolement politique croissant des Israéliens.
Mais, sur le terrain, rien ne changera. La Cisjordanie sera toujours sous le contrôle d'Israël, la partie orientale de Jérusalem aussi, et l'autre grand territoire palestinien, la bande de Gaza, toujours sous blocus. L'accès de la Palestine au statut d'Etat jettera un coup de projecteur impitoyable sur les sempiternelles divisions du leadership palestinien. Quel chef pour cet Etat ? Patron du Fatah, M. Abbas ne gouverne que la Cisjordanie ; Gaza est aux mains des islamistes du Hamas.
Farouchement opposé à cette initiative, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou craint une flambée de violences contre les colonies. Il dénonce une démarche unilatérale et réclame un retour aux pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens. A quoi bon ?, répliquent ces derniers - avec raison. Depuis les accords dits d'Oslo, rien n'est sorti de dix-huit ans de pourparlers directs entre les deux parties. Echec total qui a conduit Mahmoud Abbas, en dernier espoir, à lancer son opération ONU.
Il ne manque pas d'Israéliens haut placés pour penser que leur gouvernement devrait saisir l'occasion et voter la résolution palestinienne. Elu travailliste, ex-ministre de la défense, Benyamin Ben Eliezer explique au New York Times : "Si j'étais Bibi Nétanyahou, je reconnaîtrais l'Etat palestinien, nous en négocierions alors les frontières et la sécurité. Sinon, ce sera encore l'immobilisme. Nous serons laissés avec un seul allié, les Etats-Unis, et même cette relation est en train de se dégrader."
Patriote exigeant et réfléchi, l'historien Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël à Paris, juge - dans Marianne - que l'initiative palestinienne redonne une chance à la négociation : "Une chose est de négocier avec une entité improbable, une autre avec un Etat indépendant (enfin, presque), reconnu comme tel par la communauté internationale." Négociant au nom d'un Etat, les Palestiniens auront plus de poids face à leurs interlocuteurs israéliens, mais aussi plus de marge pour leur faire des concessions.
L'environnement stratégique d'Israël est plus mouvant que jamais, ses relations avec deux pays-clés, l'Egypte et la Turquie, remises en question. Un "oui" israélien à New York briserait cette spirale de l'échec et de l'isolement. Il suppose un geste à la Itzhak Rabin, reconnaissant la légitimité du mouvement national palestinien en septembre 1993. Il suppose du courage politique.
Alain Frachon

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