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lundi 8 août 2011

Quel avenir pour l' écrevisse autochtone à pieds blancs ?


Pêche à l’écrevisse titrait « Le Journal du Diois » le vendredi 29 Juillet 2011 (et poursuivait en page 2). Un scoop ridicule pour une information malavisée. Une publicité en tout cas superflue…pour une espèce menacée dans le Diois comme ailleurs.   
Quel avenir pour l'écrevisse à pieds blancs ?
A l'heure où certains profitent des récents dérapages médiatiques pour faire une surprenante remise en question du bio, un crustacé est en train de disparaître de nos cours d'eau dans l'indifférence la plus totale, et ce en conséquence des impacts de nos modes de consommation.
Autrefois présente sur la plupart des territoires d'Europe de l'Ouest, l'écrevisse à pattes blanches (ou à pieds blancs) ne se rencontre plus que sur quelques têtes de réseaux hydrographiques, dans des secteurs relativement préservés des activités anthropiques. Elle n'est pas l'ours des Pyrénées, ni le thon rouge, ni le gorille, ni le tigre... Elle ne jouit pas d'autant de considération médiatique, et pourtant sa raréfaction n'en demeure pas moins alarmante, car, s'agissant d'un des meilleurs indicateurs de l'état de santé de notre environnement (bio-indicateur), sa présence-absence sur nos territoires est une radiographie de l'état de santé de notre environnement et, bien évidemment, de nous-mêmes.
Supplantée par les espèces introduites (principalement l'écrevisse de Louisiane et de Californie) qui sont des porteurs sains de l'aphanomycose (ou peste de l'écrevisse) et qui sont moins exigeantes en matière de qualité des eaux, elle est surtout victime de nos modes de vie à travers lesquels nous impactons la qualité de notre environnement, le plus souvent sans que nous en ayons conscience.
Sa disparition généralisée est vraiment un voyant rouge qui témoigne de l'urgence du changement... L'agriculture occupant une part importante des surfaces de terres d'Europe de l'Ouest, la qualité de l'environnement et la biodiversité associée sont fortement dépendantes de la manière selon laquelle cette agriculture est pratiquée, qui elle-même est une réponse à notre façon de consommer.
"Cultiver son jardin"
Par exemple, dans les années 1980, dans une petite vallée du Quercy, il a suffi de deux années pour que la population d'écrevisses à pattes blanches disparaisse après le passage en ce lieu d'une agriculture paysanne à une agriculture intensive : suppression des haies, construction d'un étang, emploi de produits chimiques de synthèse... Dans cet exemple parmi tant d'autres, le changement dans les pratiques agricoles a été une réponse directe au changement des modes de consommation de cette région, avec notamment à cette époque, un délaissement des marchés et des produits locaux à la faveur des grandes surfaces alors en pleine expansion.
En 2007, la plus grande instance agricole internationale, la FAO (Food and Agricultural Organization) a enfin reconnu et validé la possibilité de nourrir l'ensemble de l'humanité à partir de l'agriculture biologique et notamment de l'agroécologie (démarche visant à combiner développement agricole et protection de l'environnement) ; chemin salutaire depuis longtemps défendu sur les plans international et local par de nombreuses associations et ONG.
Dès lors il n'y a plus de temps à perdre, et, dans la mesure de nos possibilités, financières, géographiques et sociales, il appartient à chacun d'orienter ses actes et sa consommation vers des produits issus d'une agriculture paysanne, naturelle et la plus locale possible, par exemple en rejoignant ou en créant des association pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) ou en faisant son potager.
Comme le dit l'agriculteur et philosophe Pierre Rabhi : "Cultiver son jardin quand cela est possible devient, au-delà d'une activité alimentaire, un acte politique." Ainsi, plus nous serons nombreux à suivre cette voie, plus nous agirons positivement sur la qualité de notre environnement, et plus l'écrevisse à pattes blanches aura des chances de ne pas disparaître de nos cours d'eau, et peut-être même de recoloniser progressivement une grande partie du réseau hydrographique.
En sa survie repose l'espoir que les enfants des générations futures puissent continuer à s'émerveiller de la beauté de Dame Nature, ou tout simplement vivre dans un environnement décent.
Olivier Hébrard, docteur en environnement

La pollution et l'acidification des eaux sont aussi une cause de la baisse des effectifs. Par exemple, suite au déversement, en septembre 2008, d'une mixture de chaux dans une rivière, lors de la construction de l'autoroute A65, dans le sud-ouest de la France, l'écrevisse à pattes blanches a failli disparaître de cette région. Les Autoroutes du sud de la France (ASF) se sont vu imposer en 2008 une réintroduction de cette écrevisses dans le ruisseau du Peisselay (département 69) à l'ouest de Lyon. Environ 300 écrevisses à pattes blanches issues d'un élevage conservatoire du Muséum d'histoire naturelle de Besançon, y ont été réintroduites début 2011). Pour cela, en 2008, environ 120 écrevisses avaient été collectées dans le Boussuivre et le Gand, deux des trois rivières impactées par cette nouvelle autoroute, afin de les élever à Besançon à destination de repeuplements en cas de pollution accidentelle. ¨Près de 800 jeunes écrevisses sont nées dans l'élevage entre 2008 et 2011, ce qui a permis de réinsérer 300 juvéniles dans un ruisseau d'où l'espèce avait disparu. Un « comité Environnement » dédié aux impacts de l'autoroute fait se rencontrer périodiquement les ONG environnementales locales et les ingénieurs de l'ASF.
La dernière mention de l'Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), espèce autochtone, remonte à 1969, dans le Ruisseau de Comane à Die et aux années 1960 pour le ruisseau de Menglon. Les déversements de porcheries industrielles y avaient mis un terme. En septembre 2006, 2007 et 2008, des individus ont été prélevés dans deux ruisseaux du Diois (la Comane et le Valcroissant) présentant des populations faibles pour ne pas être mis en danger.
APL

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