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dimanche 14 août 2011

La famine organisée... en Afrique

Corne de l'Afrique : pour une agriculture souveraine et durable
Les phénomènes de famine proviennent de divers facteurs combinés, tant naturels (sécheresse, catastrophes naturelles, maladies…), qu'humains (guerres, instabilité sociale, moyens de production insuffisants, sans-terre, spéculation sur les marchés de denrées alimentaires et sur les terres arables, volonté cynique politique …).
Si les guerres enrichissent les marchands d'armes, la sécheresse mettrait-elle l'eau à la bouche à l'agro-industrie ? La question brûlante de la sécheresse qui touche avec une extrême violence la corne de l'Afrique, et la famine qui s'ensuit, entraînent des déclarations souvent farfelues, qui prêteraient à sourire si elles n'étaient aussi indécentes face au malheur de millions de personnes touchées.
On a entendu ainsi le ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, parler entre autres de développer l'irrigation… dans une zone où il n'y a pas d'eau, et en même temps de créer des variétés de céréales résistantes à la sécheresse. Les OGM sont également présentés par d'autres de manière péremptoire comme la solution inévitable pour augmenter les rendements en Afrique, ce qui est totalement faux, et indécent en plus quand on s'adresse à des populations qui ne peuvent certainement pas acheter des semences, OGM ou non.
S'agirait-il d'une campagne orchestrée par les semenciers, ou d'un chantage à l'aide alimentaire, coutumier outre-Atlantique ?
Ces diverses déclarations, voire situations de fait, puisque le Kenya semble déjà avoir autorisé les OGM "pour lutter contre la sécheresse", oublient apparemment les récentes déclarations du rapporteur de l'ONU à la sécurité alimentaire, Olivier de Schutter, selon lesquelles c'est l'agro-écologie qui permet le plus sûrement de résoudre le problème, non seulement dans les pays d'Afrique (ce que montrent plusieurs prospectives alimentaires mondiales à l'horizon 2050) mais aussi à l'échelle du monde.
Et agro-écologie, ça veut dire des espèces locales, des plantations de bois et des cultures dérobées combinées, l'association de productions végétales et d'élevage, l'appel au savoir-faire paysan et local. Mais cela suppose évidemment accompagnement sur la durée, petits investissements judicieux, pas forcément rentables pour les multinationales de l'agro-alimentaire ni objets de prébendes juteuses pour les élites dévoyées des pays concernés, et surtout formation et stabilité sociale pour des projets collectifs, au lieu de céder des millions d'hectares aux pays plus riches, en chassant les paysans locaux, afin de produire des agro-carburants et autres cultures industrielles.
Il faut que l'agriculture devienne une vraie priorité de développement à long terme, et pas seulement en cas d'urgence, sur la base d'investissements structurels. Ce développement doit s'effectuer dans le cadre d'une souveraineté alimentaire reconnue, permise notamment par une protection commerciale des pays concernés, via des droits de douane, face à des importations subventionnées et déstabilisatrices venant du Nord. Que l'Union européenne cesse d'imposer aux pays africains, notamment de la corne de l'Afrique, des accords de partenariat économique (APE), qui réduisent fortement leurs difficiles efforts d'intégration régionale, tout en les incitant à privilégier les exportations de produits de niche – comme les fleurs coupées du Kenya –, et ce, au détriment de leurs produits alimentaires de base (dont le déficit ne cesse de croître). Les terres africaines doivent également être protégées de l'accaparement croissant par des investisseurs étrangers.
Arrêtons de vendre nos fausses bonnes idées à l'Afrique quand des solutions souveraines et plus durables existent, que mettent déjà en œuvre de nombreux Africains ! Au-delà de l'aide d'urgence indispensable (la France accorde 10 millions d'euros quand le PAM demande 1,5 milliard de dollars !), il faut que l'agriculture d'Afrique serve d'abord à assurer l'alimentation des peuples africains, via des pratiques adaptées et durables, facilement appropriables par la paysannerie locale. Elle n'est pas faite pour servir de débouché à nos multinationales, ni de zone d'appropriation pour subvenir aux besoins des pays riches.
Laurence Vichnievsky, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts

Corne de l'Afrique : 10 millions de personnes en danger de mort
La catastrophe humanitaire qui frappe actuellement la Corne de l'Afrique, et en particulier la Somalie, met en danger de mort 10 millions de personnes. S'il ne faut pas négliger les effets des conflits existants, l'absence de stabilité dans certaines zones et les difficultés de gouvernance, la sécheresse sans précédent depuis vingt ans est une cause majeure de cette crise.
Nos équipes sur le terrain en Somalie témoignent de l'afflux massif de personnes sur nos programmes. Ainsi, dans le sud du pays, 80 % des enfants qui se présentent dans nos centres nutritionnels souffrent de malnutrition aiguë.
Deux mauvaises saisons des pluies se sont succédées ; le manque d'eau a entrainé une perte de 50 % des récoltes, et une insuffisance de pâturages qui a donné lieu à une surmortalité du bétail. Face à la pénurie de céréales et à la hausse des prix alimentaires à l'échelle internationale, les prix des denrées ont monté en flèche.
La sécheresse cyclique dans la Corne de l'Afrique est notamment due aux effets des changements climatiques. Ces régions arides sont peuplées essentiellement de nomades souvent négligés par les autorités. Cette crise démontre clairement combien il est primordial de développer la capacité de résilience des populations face aux chocs climatiques qui deviendront de plus en plus fréquents et sévères. Un nombre croissant de populations sera concerné, les mettant en situation de vulnérabilité, et affaiblissant des économies entières. La communauté internationale doit démontrer son implication en finançant des programmes de prévention des catastrophes naturelles et d'adaptation aux changements climatiques.
Tandis qu'une réunion d'urgence a été convoquée par la FAO à Rome lundi 25 juillet, c'est une course contre la montre qui s'est engagée sur le terrain pour venir en aide aux millions de personnes affectées et plus particulièrement pour éviter le décès de 500 000 enfants directement menacés. La communauté internationale doit immédiatement et massivement débloquer les fonds nécessaires pour faire face à cette catastrophe majeure.
Au-delà d'une réaction immédiate à cette urgence, une réponse aux causes sous-jacentes de cette crise doit également être apportée. Alors que la sécurité alimentaire mondiale est à l'ordre du jour du G20, les enseignements de la crise de la Corne doivent être tirés par les pays les plus riches du monde.
A Rome, la communauté internationale doit considérer la situation actuelle comme une urgence absolue et travailler à la mise en œuvre de mécanismes pour éviter de tels drames qui ont un coût humain et économique dramatique pour le développement. Pour prévenir ces crises, il faut non seulement investir à court terme dans la mise en place de stocks alimentaires d'urgence, mais aussi sur le long terme pour favoriser l'autonomie alimentaire des pays.
Une catastrophe humanitaire semble nécessaire pour attirer l'attention des dirigeants du monde sur ces questions pourtant cruciales. Espérons que d'ici le G20 de novembre, la mobilisation reste importante… Action contre la Faim et les autres ONG auront à cœur de le leur rappeler, si nécessaire.
François Danel, directeur général d'Action contre la faim

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