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dimanche 31 juillet 2011

Expo Espenel. Vernissage demain 1er Août à partir de 18h30



Exposition de Cyril Dor, sculpteur et de Maribel, peintre, du 1er au 15 août tous les jours de 15 à 19 h Au TEMPLE D'ESPENEL.

Vous êtes toutes et tous invités au Vernissage demain 1er Août à partir de 18h30.

Sainte Croix en Diois 26150 : Saison culturelle au Monastère ...

Saison culturelle 2011 au monastère de Sainte-Croix.
Voici venu le temps des réjouissances d'une petite saison culturelle 2011 au monastère de Sainte-Croix.
Quelques dates, quelques rencontres, quelques plaisirs, quelques sous pour que vive le monastère (et nous avec !)
Il va de soi que ces soirées se dérouleront sous les meilleurs hospices si et seulement si chacun d'entre nous peut à sa mesure consacrer quelques heures pour tenir une billetterie ou une buvette, confectionner une tarte ou une quiche ou les deux, être présent(e) pour accueillir les gens curieux et de passage...
En somme, ce que vous savez faire parfaitement depuis fort longtemps (un peu moins longtemps pour les plus jeunes...)
Petit programme :
Lundi 8 août :
Chifonnie d'été avec la bande d'Alin Curtet (première partie: le spectacle   2eme partie: le "cabaret".... ) Succès garanti !
Le chapeau pour eux, boissons et tartes pour nous. Flyers et affiches pas avant le 25 juillet...
Lundi 15 août : Voir ci-joint. Autre univers... qui a un très large public dans le Diois et pas seulement.
Les entrées pour eux. On prend 10% dessus + adhésion + boissons et tartes.
Samedi 17 et dimanche 18 septembre : Journées Européennes du Patrimoine. 2 animations : expo-démonstration de métiers d'art pour la plupart anciens dans le jardin aux moines ; la balade des 3 temples (WE randonnée-spectacles avec Pontaix et Ponet).
Bulletin d'inscription à diffuser à vos connaissances "sportives". Les gens peuvent venir seulement au spectacle de Sainte-Croix (10 €).

Entrées pour nous + boissons et tartes.
Samedi 15 octobre : Chifonnie théâtre revient avec Aujourd'hui plus que jamais.
Le chapeau pour eux, boissons (chaudes) et tartes + adhésion pour nous.
On discutera des détails plus tard, pour l'instant j'ai juste besoin de connaître vos envies et vos disponibilités de manière à ce que fin juillet nous ayons une lisibilité sur qui fait quoi quand (et où).
N'hésitez pas à me joindre si besoin de précisions et d'en parler autour de vous (c'est la meilleure pub !)
A très bientôt,
Cordialement, Stéphane Hugand
Association « les amis du monastère de Sainte Croix »
04 75 21 22 06  

Qualité des eaux... (4 et fin)

REMOUS
Qualité de l’eau (4 et fin) Nage en eaux troubles. ( photo An.T. : Cascades au dessus de Clavans-le-Haut en montant aux Grandes Rousses dans l' Oisans)
A l’orée des années 2000, la Direction de l’eau du ministère de l’Environnement éprouve des difficultés croissantes à effectuer du « reporting » à Bruxelles, et à lui adresser des données consolidées relatives à la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines, qui devient un enjeu majeur, à raison des engagements communautaires que la France ne respecte pas : Directive Nitrates, Directive eaux résiduaires urbaines, Directive-cadre européenne sur l’eau... D’année en année la dégradation massive de la qualité des ressources en eau françaises se confirme et s’accroît de manière inexorable, comme l’établira sans conteste le rapport réalisé pour le compte du Museum d’histoire naturelle en mai 2005 par le professeur Jean-Claude Lefeuvre. Les origines en sont clairement identifiées : un modèle agricole productiviste qui a conduit la France à devenir, notamment, le troisième consommateur mondial de pesticides, dont plus de 80 000 tonnes sont encore utilisés chaque année. Ainsi que le retard apporté par la France, comme les autres Etat-membres, à remettre aux normes ses stations d’épuration, dont les effluents sont à l’origine d’une forte pollution en azote et en phosphore.
Acte 1 : En matière de production de données, le ministère de l’Environnement et la Direction de l’eau sont confrontés à la fin des années 90 à des stratégies d’acteurs qui menacent de faire exploser un système fragile, qui repose sur des dispositifs hétérogènes, héritage d’une histoire complexe. Les collectivités locales commencent dans le plus grand désordre à se doter de leurs propres réseaux de mesure, les Agences de l’eau, les préfectures et les DDASS procèdent pour leur part à des campagnes de mesure sans en référer aux services de l’Etat, contraints de quémander pour récupérer, partiellement, des données qu’il s’avère extrêmement difficile de consolider. Parallèlement le BRGM, historiquement en charge du contrôle des eaux souterraines, vit lui-même une grave crise interne.
Acte 2 : Dès les années 90 les Agences de l’eau, (sur la pression de la Direction de l’eau qui en est le véritable commanditaire), et plusieurs organismes de recherche avaient élaboré un nouvel instrument de mesure de la qualité des eaux souterraines : le « SEQ – Eaux souterraines », dont l’efficacité sera validée au terme d’un long programme de recherches. C’est sur ce dispositif que reposera dans une première période la production de données consolidées sur la qualité des eaux souterraines, en lien avec un autre SEQ – eaux, dédié, lui, à la qualité des eaux de surface.
Acte 3 : Jean-Luc Laurent, directeur de l’eau, entre en conflit avec les Agences et leur impose de manière autoritaire l’adoption d’un référentiel commun à tous les acteurs, faisant financer cette « normalisation » par les Agences, ce qui va entraîner un regain de tension entre les Agences, les Diren et les autres services de l’Etat concernés par la production de données.
Acte 4 : La Direction de l’eau augmente son personnel, contrairement aux autres directions du ministère, mais cela demeure insuffisant pour commander des études sur l’eau à des tiers et se passer du financement des Agences, qui commencent à trouver le ministère par trop « exigeant ». Jean-Luc Laurent, qui était passé par l’Inspection générale de l’environnement, souhaitait plus généralement, « professionnaliser » les comptes de l’environnement. C’est dans ce contexte que l’Institut français de l’environnement (IFEN), va voir le jour, et connaître plusieurs étapes de son développement, avant de quasiment disparaître en 2009.
Acte 5 : L’histoire de l’IFEN témoigne d’un véritable échec, qui renvoie à une interrogation de fond sur la gouvernance dans le domaine de l’eau. A l’origine les Diren, administrations de mission, avaient besoin de connaissances pour pouvoir faire de la prospective. Elles réussiront à en convaincre Huguette Bouchardeau, ministre de l’Environnement, qui demande dès lors d’établir des tableaux de bord de l’environnement, mais n’a pas de moyens à y consacrer. Ensuite, à son tour, Dominique Voynet sera aisément convaincue de la nécessité de développer un véritable outil statistique. Mais elle en confiera la direction à un journaliste spécialisé dans les questions environnementales, Vincent Jacques Le Seigneur, qui en fera un outil de combat, sans réussir à conduire à son terme la professionnalisation de l’IFEN. Par ailleurs les Diren avaient refusé la tutelle de l’Insee sur cet outil, considérant que cela conduirait à sa paralysie. Ne voulant pas davantage dépendre du ministère de l’Agriculture pour ce qui concerne les données sur l’eau, les Diren, proches des ministres, ont négocié d’intégrer des cadres en provenance de l’Insee à l’IFEN, afin d’asseoir sa crédibilité.
Acte 6 : L’Institut français de l’environnement (IFEN), qui était le « point focal » des données sur l’environnement en France, notamment vis-à-vis de l’Agence européenne de l’environnement, jouissait depuis sa création d’une indépendance découlant de son statut d’Etablissement public de l’Etat. Il y est brutalement mis fin en 2004. L’Institut devient un service du ministère. A dater de 2006, le personnel expert en charge du traitement des eaux de surface sera éliminé dans des conditions particulièrement brutales, qui seront dénoncées par les syndicats du ministère de l’Ecologie.
Acte 7 : En plusieurs étapes la Direction de l’eau met donc en place à partir du début des années 2000 un nouveau dispositif qui s’apparente à un découplage entre la production, locale, puis la consolidation des données sur la qualité de l’eau, qui reposent sur un grand nombre de réseaux historiquement implantés par différents organismes et services, et la consolidation de ces mêmes données aux fins de rapportage « réglementaire » à Bruxelles, conformément aux obligations découlant, notamment de la Directive-cadre européenne sur l’eau d’octobre 2000, et de la Directive « eaux résiduaires urbaines » de 1991.
Les Agences de l’eau se voient ainsi peu ou prou interdire à partir de 2003 l’utilisation du SEQ – Eaux souterraines qui leur donnait pourtant satisfaction. L’IFEN ne pourra pas davantage l’utiliser pour son bilan pesticides de 2004. Elles doivent donc officiellement utiliser le SEQ Eau potable, beaucoup moins performant, et inadapté pour évaluer la contamination d’une ressource patrimoniale.
Parallèlement la Direction de l’eau donne des recommandations d’ajustement des seuils de détection aux normes toxicologiques fixées par la Directive cadre européenne sur l’eau, si bien que beaucoup de ces seuils peuvent être relevés, allant dans le sens d’une dégradation de la qualité des données sur l’eau.
Acte 8 : Pourquoi ces décisions ? En éliminant le SEQ-Eaux l’Etat voulait « reprendre la main » sur les Agences, et témoigner que c’était à lui de donner le « là » en la matière. Idem pour les pesticides.
Pour ce qui concerne la définition des seuils, la position implicite de la haute administration revient à dire que « même avec des seuils modestes, on n’y arrivera pas. » Les anglo-saxons acceptent aisément d’engager des démarches de progrès continu, ça demeure très difficile en France. Et il ne faut donc pas « désespérer la FNSEA » si on souhaite parvenir à améliorer la qualité des milieux aquatiques.
De plus, de l’aveu même de plusieurs haut-fonctionnaires, la recherche privée a trente ans d’avance sur la police de l’eau. De nouvelles molécules sont en permanence mises sur le marché et demeurent indécelables. Il faudrait donc dépenser une fortune pour les détecter toutes… Comprendre que « le paquebot agricole ne peut pas faire du bio du jour au lendemain », et qu’il faut donc fixer des seuils suffisamment hauts afin que l’on puisse constater les progrès. Terrible aveu de renoncement ou d’impuissance…
Acte 9 : L’autonomie et la manne financière des Agences de l’eau exaspèrent depuis belle date, notamment à Bercy. Pour en finir avec cette insolente indépendance, et mettre la main sur le pactole, qui représente aujourd’hui 2 milliards d’euros par an, prélevés sur les factures d’eau des usagers, l’idée jaillit de créer une « 7ème Agence » : l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA). Sa création va permettre « d’externaliser » la Direction de l’eau du ministère de l’Ecologie, de reprendre définitivement la main sur les Agences, et de créer un appareil de pilotage qui récupérera et centralisera l’intégralité des données afférentes à l’eau, tout en réduisant au passage le nombre de fonctionnaires précédemment affectés à cette tâche. L’Onema sera dans un premier temps présidé par M. Pascal Berteaud, Directeur de l’eau du MEDD jusqu’en 2007, qui présidera également le Comité de pilotage de l’Observatoire des résidus de pesticides...
La création de l’Onema vise aussi à apaiser les tensions permanentes entre les agents de la Police de l’eau et les Agences, dans la mesure où les porteurs de bâton sont totalement démunis, lors même que les Agences ne respectent même pas les clauses de conditionnalité…
Car, en dépit des déclarations officielles, la France ne possède pas véritablement de police de l’eau. Elle était officiellement répartie entre les agents des ex-DDA du ministère de l’Agriculture, peu enclins à entrer en conflit ouvert avec le monde agricole, et le Conseil supérieur de la pêche (CSP) et son corps de 800 garde-pêche assermentés, les seuls à effectuer véritablement une mission de police de l’eau sur le terrain Comme les préfets se plaignaient de ne pas avoir la main sur ce corps, la solution choisie « pour faire propre » fut donc de créer une 7ème Agence pour gérer les données sur l’eau, et reclasser les 800 gardes-pêche de l’ex-CSP, qui était par ailleurs virtuellement en faillite, à raison de la diminution de l’encaissement des taxes sur les cartes de pêche…
Acte 10 : L’élaboration du projet de loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) va être l’occasion, à partir de 2004, de mettre en musique et de peaufiner ces plans de « re-verticalisation » échafaudés par la Direction de l’eau, en convainquant notamment de leur bien fondé le rapporteur de la loi à l’Assemblée nationale, le député du Pas-de-Calais (UMP), M. André Flajolet, qui deviendra ultérieurement le président du Comité national de l’eau en 2008.
Acte 11 : L’Onema a donc aussi été créé pour accueillir les 800 fonctionnaires de l’ex-Conseil supérieur de la pêche (CSP), qui était en faillite, soit 800 gardes-pêche, tout à fait compétents dans leur domaine, mais qui ne disposent absolument pas de l’expertise nécessaire à la mise en œuvre du rapportage réglementaire des données à Bruxelles. L’Onema annonce dès lors au début de l’année 2008 l’ouverture de près de 70 recrutements de nouveaux personnels pour pallier cette carence criante. Mais ces nouveaux postes vont pour l’essentiel être affectés à l’encadrement des nouvelles directions déconcentrées de l’Onema, dont l’articulation avec les services de police de l’eau traditionnels ne tardent pas à susciter des tensions.
Acte 12 : L’Onema va aussi orienter et soutenir les actions de l’AQUAREF, un consortium présenté comme le nouveau laboratoire de référence dans le domaine de l’eau et des milieux aquatiques. Il réunit le Laboratoire national de métrologie et d’essai (LNE), le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), spécialisé dans les eaux souterraines, le CEMAGREF (hydrobiologie, eaux de surface et milieux aquatiques), l’IFREMER (hydrobiologie, eaux côtières, eaux de transition et milieux marins) et l’INERIS (chimie et écotoxicologie). Tous ces organismes, hormis le LNE, sont sous tutelle ou partenaires du ministère de l’Ecologie. Le LNE est dirigé, depuis janvier 2006, par M. Jean-Luc Laurent, ancien Directeur de l’eau. C’est donc l’AQUAREF qui a désormais pour mission d’améliorer la surveillance : "Les nouvelles directives européennes, en particulier la Directive Cadre sur l’Eau du Conseil et du Parlement Européen du 23 octobre 2000 (DCE), imposent la mise en place d’une surveillance fiable des milieux aquatiques". Comme l’AQUAREF n’a pas de directeur, c’est donc l’ONEMA qui va piloter le consortium. On peut noter que le CEMAGREF n’est ni pionnier, ni le plus pointu en ce qui concerne l’analyse ou l’échantillonnage des données de l’environnement, y compris sur l’eau. Ce sont l’Université et le CNRS qui ont donc été « oubliés » dans la constitution de ce consortium. Problème de culture, d’indépendance ?
Acte 13 : L’ONEMA, dont la dotation budgétaire annuelle est plafonnée à 108 millions d’euros prélevés sur la trésorerie des Agences de l’eau, annonce en rafale à partir de février 2008 la signature d’accords-cadres et de partenariats avec l’INERIS, le BRGM, le CEMAGREF, l’OIEeau, l’Agence de l’eau Adour-Garonne...
Acte 14 : C’est désormais l’ONEMA qui est en charge de la gestion nationale des données sur l’eau, et qui va donc assurer le pilotage fonctionnel du Système d’information sur l’eau (SIE), qui relevait auparavant de la Direction de l’eau du ministère de l’Ecologie. Pour ses responsables, il s’agit « d’assurer la transparence et l’homogénéité des données sur l’eau. » Le SIE devrait donc voir ses moyens renforcés, avec pour objectif d’intégrer les différentes bases de données informatiques de tous les acteurs : agences de l’eau, DIREN, BRGM, IFREMER, etc. L’établissement suivra sur un tableau de bord la mise en œuvre des Schémas directeurs de données sur l’eau (SDDE) et mettra en place le système européen d’information sur l’eau (WISE), à partir du service d’administration national des données et référentiels sur l’eau (SANDRE).
Acte 15 : En 2004, deux organismes français, L’Office international de l’eau (OIEau) et l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) sont choisis pour apporter pendant trois ans (2005-2008) une assistance technique à l’unité Eau de la DG Environnement de l’Union européenne. Mission qui doit conduire à une révision de la liste des « substances prioritaires » de la Directive-Cadre sur l’eau (DCE). En 2007, l’OIEau a ainsi été chargé de collecter les données récentes sur les concentrations dans l’eau de toutes les substances chimiques potentiellement dangereuses, disponibles dans les 27 Etats-membres de l’Union européenne. Ces données permettent de sélectionner les substances qu’il est urgent d’inscrire sur une liste de substances à traiter en priorité pour assurer la protection des eaux et des usagers. Dans ce but l’OIEau a développé un outil électronique de collecte « garantissant la qualité de la donnée », qui a été fourni aux Etats-membres. Cette collecte « permettra d’appuyer la Commission européenne dans ses discussions avec le Parlement pour la deuxième lecture de la proposition de Directive fille « substances prioritaires. » Dans le courant de l’été 2008, l’OIEau et l’INERIS, verront renouveler pour une seconde période de 3 ans (2009-2011) cette mission d’assistance technique. L’OIEau a ainsi déjà réalisé une première collecte de données de suivi des substances dangereuses dans les milieux, en rassemblant près de 6 millions d’analyses officielles sur les substances chimiques, ou « potentiellement problématiques », trouvées dans l’eau des différents bassins européens entre 2000 et 2006. La base de données qui a été créée couvre 26 pays, dont 24 états-membres, et concerne près de 900 substances. Elle est conçue de manière à ce que chaque analyse puisse être localisée sur une carte par la position du point de mesure. La collecte doit se poursuivre dans les prochaines années pour « permettre d’adapter la liste aux évolutions constatées dans les milieux ». Cette base préfigure aussi ce qui sera inclus dans le système d’information européen WISE.
Acte 16 : Un arrêté du 5 septembre, publié le 8 octobre 2008, modifie l’arrêté du 29 novembre 2006 portant modalités d’agrément des laboratoires effectuant des analyses dans le domaine de l’eau et des milieux aquatiques au titre du Code de l’environnement. En vertu de l’article R. 214-50 du Code de l’environnement, le ministre de l’Environnement peut procéder à l’agrément des laboratoires ou organismes effectuant des analyses et contrôles dans le domaine de l’eau et des milieux aquatiques. L’arrêté du 5 septembre 2008 donne compétence à l’ONEMA pour instruire les dossiers d’agrément des laboratoires effectuant ces analyses.
Acte 17 : Dans le cadre de la « Révision générale des politiques publiques » (RGPP), l’Etat annonce au printemps 2008 un redéploiement des DDE-DDA, au motif que l’échelon régional devient le cadre d’intervention des services déconcentrés de l’Etat, notamment dans le domaine de l’environnement. Une circulaire de M. François Fillon précise que « l’ingénierie publique n’a plus vocation à se substituer à l’ingénierie privée ». Le rôle majeur que jouaient les DDE et DDA en matière de police de l’eau au sein des Missions interservices de l’eau (MISE), créées en 1992, va donc nécessairement devoir évoluer.
Acte 18 : Un arrêté d’application en date du 17 décembre 2008, qui établit les critères d’évaluation et les modalités de détermination de l’état des eaux souterraines et des tendances significatives et durables de dégradation de l’état chimique des eaux souterraines, est publié au JO le 7 janvier 2009. L’annexe I de l’arrêté fixe des normes de qualité pour les eaux souterraines à 50 milligrammes par litre pour les nitrates, et à 0,5 µg/l pour la somme des substances actives des pesticides ainsi que les métabolites et produits de dégradation et de réaction pertinents (0,1 µg/l par substance). L’annexe II définit, au niveau national, des « valeurs-seuils » pour l’arsenic, le cadmium, le plomb, le mercure, le trichloréthylène et l’ammonium. Les « valeurs-seuils » des sulfates et chlorures sont à définir localement. Le préfet coordonnateur de bassin devait fixer ces valeurs seuils avant le 22 décembre 2008. Elles devront être actualisées ultérieurement dans les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Cet arrêté confirme le processus en cours depuis plusieurs années et conduit donc à s’interroger sur la pertinence et la fiabilité des données sur la qualité de l’eau qui vont être produites dans ce nouveau contexte réglementaire.
Acte 19 : « Verrouillage » de l’accès aux données publiques sur la qualité de l’eau.
C’est en fait un véritable « verrouillage » de l’accès aux données publiques sur la qualité de l’eau, qui se met en place au début de l’année 2009. La proposition de mise en place du Comité permanent des usagers du futur Système d’information sur l’eau (SIEau),, qui sera piloté par l’ONEMA, ne prévoyait aucun représentant d’association de protection de l’environnement, quand elle a été présentée au Comité national de l’eau, lors de sa séance du 16 décembre 2008 !
La liste des membres dudit Comité permanent des usagers, fixée par arrêté du 25 février 2009 est significative :
- aucune association de protection de l’environnement !
- au titre de représentant des associations de consommateurs, c’est l’Union nationale des associations familiales (UNAF) qui été préférée à l’UFC-Que Choisir ou à la Confédération du Logement et du cadre de Vie (CLCV), réputées plus critiques sur la gestion de l’eau en France.
- les entreprises privées du secteur de l’eau sont représentées par 2 membres : la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E), qui regroupe Veolia, Suez et Saur, et Suez, au titre de sa filiale Electrabel, qui intervient dans le secteur de l’hydroélectricité…
- la quasi totalité des sept élus désignés ne sauraient exciper de connaissances particulières en la matière. En fait aucun élu connu pour ses compétences et son engagement dans le domaine de l’eau ne sera présent au sein du futur Comité permanent des usagers du futur SIEau…
France Nature Environnement s’était élevée, sans succès, contre l’absence de représentant d’association de défense de l’environnement au sein du Comité permanent des usagers à l’occasion du Comité national de l’eau du 16 décembre 2008.
L’UFC-Que Choisir a contesté le 22 avril 2009 lors de la tenue du Comité national de l’eau, et la composition du Comité des usagers, et certaines dispositions des projets de décret et d’arrêté relatifs au futur Système national de données sur l’eau (SNDE) .
Mais s’est vu opposer « qu’on ne pouvait pas accorder un droit d’accès aux données publiques brutes sur la qualité de l’eau à des gens qui ne sauraient pas de quoi il s’agit, ne sauraient pas les interpréter, et répandraient des informations erronées… »
Acte 20 : Modification du contenu.des SDAGE.
Un arrêté du 29 janvier 2009, publié au Journal officiel du 14 février 2009 complète le contenu des Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), et modifie certains articles de l’arrêté du 17 mars 2006.
Ainsi le SDAGE comporte-t-il la liste des valeurs seuils retenues pour l’évaluation de l’état chimique des eaux souterraines, et est accompagné d’un rapport de synthèse relatif aux eaux souterraines.
La nouvelle rédaction de l’article 7 de l’arrêté du 17 mars 2006 précise le contenu de ce rapport de synthèse relatif aux eaux souterraines, qui doit notamment résumer la manière dont les valeurs seuils sont établies au niveau local.
Acte 21 : La direction de l’eau et de la biodiversité du MEDDAAT présentait au Comité national de l’eau le 22 avril 2009 deux projets de décret et d’arrêté relatifs au Schéma national des données sur l’eau (SNDE), qui devaient être promulgués à l’automne 2009. La LEMA du 30 décembre 2006 a introduit dans le Code de l’environnement l’existence d’un Système d’information sur l’eau (SIEau), et en a confié la mise en place et la coordination à l’ONEMA, qui doit définir et mettre à disposition le référentiel technique de ce système dans des conditions fixées par décret. Ce système d’information s’inscrit dans la lignée du « Réseau national des données sur l’eau » (RNDE), dispositif partenarial créé à la suite de la loi sur l’eau de 1992, qui a réuni de 1992 à 2002 les principaux producteurs de données publiques relatives à l’eau, « pour faciliter le partage et la mise à disposition de ces données, nécessaires en particulier à l’élaboration des premiers schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) ».
Acte 22 : L’ensemble de la chaîne technique du rapportage de données réglementaires à Bruxelles a donc été reconfigurée et est désormais totalement sous contrôle de l’ONEMA. Mais, sur le terrain, le personnel risque de faire défaut pour ces missions. La police de l’eau et les anciens personnels du CSP, désormais intégrés à l’ONEMA, outre que leurs implantations locales vont doublonner, ont désormais pour mission d’inciter les collectivités à renseigner directement le futur SISPEA, qui va recueillir, lui, les données relatives au fonctionnement des services d’eau et d’assainissement, en régie ou délégués au privé.
Pour ce qui concerne spécifiquement le « rapportage DCE », désormais, dans chaque direction interrégionale, l’unité « connaissance des usages de l’eau et de l’état des milieux aquatiques » reprend les données existantes du réseau hydrobiologique et piscicole (RHP) du CSP, mais dans la logique de la DCE. L’ONEMA va apporter les données biologiques sur les populations piscicoles issues des pêches électriques.
Trois nouveaux réseaux vont être constitués, puisque la DCE impose aux districts hydrographiques de mettre en place des programmes de surveillance de leurs eaux incluant notamment l’instauration de réseaux de contrôle de surveillance (RCS) et la mise en œuvre de réseaux de contrôle opérationnel (RCO). Le RCO devra mesurer l’impact des politiques mises en œuvre pour répondre à la DCE. Le réseau de température permettra d’avoir un état initial de la température des rivières, et s’inscrit dans la perspective du changement climatique.
Mais il risque de devenir de plus en plus difficile de transmettre des données consolidées à Bruxelles. Les modifications d’indicateurs successives accentuent cette perte en ligne : ils sont peu pertinents, trop généraux ou trop difficiles à renseigner.
Acte 23 : Un climat délétère règne en 2009 au siège historique de l’IFEN à Orléans, désormais placé sous la tutelle brutale du nouveau Service de l’observation et des statistiques (SOeS) créé en 2008, lui-même piloté par le nouveau Commissariat Général du Développement Durable de « l’hyper-ministère » de l’Ecologie. La quasi-totalité de son personnel technique a été muté, et les rares rescapés ont changé d’affectation. Les personnels spécialisés dans la connaissance environnementale y sont désormais supplantés par ceux de l’INSEE ou de l’Equipement. Plus « d’environnement », et bientôt plus d’information environnementale, puisque le site de l’ex-IFEN devrait aussi disparaître en tant que tel pour être intégré dans celui du SOeS.
Le cabinet de Jean-Louis Borloo confondrait-il volontairement « communication » et « information » ? La direction de la communication du ministère de l’Ecologie est donc désormais en mesure de censurer tous les rapports techniques susceptibles d’évoquer les sujets qui fâchent. Les traditionnels « 4 pages » de l’IFEN, devenus « Le point sur » ne sont quasiment plus adressés aux journalistes, histoire d’éviter toute enquête qu’ils pourraient susciter… L’IFEN n’est plus habilité à diffuser des communiqués, comme il le faisait régulièrement dans le passé. Bientôt l’information sera uniquement disponible sur le site du ministère, et se résumera donc aux inaugurations et aux cocoricos post-Grenelle.
Acte 24 : Dans le courant de l’été 2009, le SOeS publie le n° 18 de la collection « Le point sur », intitulé « La qualité des rivières s’améliore pour plusieurs polluants à l’exception des nitrates ». Ce document affirme que « la pollution des cours d’eau par les matières organiques et phosphorées, issues des rejets urbains et industriels, a nettement diminué depuis une dizaine d’années, tandis que celle due aux nitrates, majoritairement d’origine agricole, a plutôt tendance à se stabiliser, voire à augmenter encore localement. » L’analyse technique de la méthodologie de ce document témoigne que le « lissage » et la « normalisation » des données dépassent cette fois tout ce qui a pu être déjà constaté précédemment, ce qui induit un sérieux doute sur la pertinence des résultats.
Dans le même temps, plusieurs sources au sein des Agences de l’eau, de l’IFEN, de l’OIEau, attestent d’une crise sans précédent : la fiabilité du fameux SEQ-eau, le logiciel qui est la pierre angulaire de tout le système de production de données, a été mise en cause, ce qui conduirait à « recalculer » toutes les données officielles récemment produites en matière de pollution de l’eau !
L’IFEN annonce conjointement sur son site en juillet 2009 que la partie « Eaux » de son dernier rapport « L’environnement en France », datant de 2006, n’est plus disponible…
Acte 25 : On apprendra le 22 juillet 2009 que le Ministre en charge du développement durable M. Jean-Louis Borloo et la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie Mme Chantal Jouanno ont signé le 23 juin ’’l’avenant Grenelle’’ du contrat d’objectifs 2006-2010 de l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (INERIS).
Créé en 1990, placé sous la tutelle du Ministère en charge du développement durable, l’INERIS a pour mission de contribuer à la prévention des risques que les activités économiques font peser sur la santé, la sécurité des personnes et des biens, et sur l’environnement. Dans le cadre de cet avenant à son contrat d’objectifs, l’Institut voir renforcer son rôle dans l’ensemble des domaines touchant aux risques et pollutions industriels et aux produits chimiques. L’Institut indique qu’il mettra en place un centre de tests sur les technologies, produits et procédés éco-innovants. L’INERIS a également pour mission de développer en Picardie le pôle national applicatif en toxicologie et écotoxicologie, centre national de référence sur les méthodes alternatives en expérimentation animale. Par ailleurs, l’INERIS entend mettre en œuvre une politique globale (environnemental, social, économique) fondée sur le référentiel SD2 1000.
Enfin, dans le cadre du Plan National Santé Environnement, l’Institut est en outre chargé de la coordination d’AQUAREF, laboratoire de référence dans le domaine de l’eau.
Ce même laboratoire qui a été créé après l’adoption de la Loi sur l’eau du 30 décembre 2006, et qui était jusqu’alors sous la tutelle de l’ONEMA…
Seules de mauvaises langues s’aventureraient à augurer que cette nouvelle configuration institutionnelle éclaire d’un jour singulier le « bug » du SEQ-eau, étrangement révélé dans le courant de l’année 2009, et qui a fortement agité les Agences de l’eau, l’OIEau, l’ONEMA et l’IFEN-SOeS depuis le début de l’année 2009…
Acte 26 (à venir) : Bruxelles pourrait réagir et mettre en lumière des incohérences croissantes. De nouvelles sanctions être annoncées pour les collectivités ne renseignant pas les bases de données. Un décalage croissant va se faire jour entre les situations (mauvaises) constatées sur le terrain, et certains indicateurs affichés officiellement. La Police de l’eau pourrait se voir enjoindre de se mobiliser exclusivement sur la DERU 91 et le rapportage de données réglementaires à Bruxelles. De nouveaux ajustements des indicateurs intervenir dans l’urgence.
Acte 27 (à venir) : Sur le terrain le risque est désormais réel de voir apparaître des politiques de l’eau à plusieurs vitesses suivant les actions de l’Etat, et l’investissement ou non des collectivités. L’amélioration de la qualité des eaux risque donc bien de demeurer longtemps encore un vœu pieux. En outre d’autres périls guettent désormais à l’horizon. La Commission européenne ne verrait pas d’un mauvais œil qu’à l’avenir tous les services valorisant les données collectées par les services publics puissent être monétisés par des bureaux d’étude privés, ce qui porterait un coup fatal à l’ingénierie et au savoir-faire public. L’enjeu de la maîtrise de la production et de la diffusion des données publiques environnementales, ici dans le secteur de l’eau, apparaît donc plus que jamais crucial, à la lumière des régressions constantes intervenues en moins d’une dizaine d’années.
Acte 28 : Quelle alternative ?
L’une des issues envisageables pour sortir par le haut de cette véritable crise serait de favoriser la montée en puissance des autorités publiques locales, du type intercommunalités, syndicats d’eau, structures porteuses de Sage…, dans le dispositif global de production des données publiques sur la qualité de l’eau, en leur fixant des objectifs crédibles accessibles, tout en garantissant la présence de l’Etat dans le dispositif, avec pour objectif la constitution d’un réseau de laboratoires de référence, mais il sera difficile de passer outre aux intérêts des acteurs déjà en place pour arriver à cet « aggiornamento »…

Marc Laimé, lundi 25 juillet 2011

L' art est le plus court chemin vers le politique...


L'art, le plus court chemin vers la politique
Dinard (Ille-et-Vilaine) - En bordure de la plage de Dinard, on a sorti les drapeaux gris. Ils ne sont pas là pour signaler l'état de la mer, mais celui de la planète. Œuvre de l'artiste cubain Wilfredo Prieto (né en 1978), ce sont des étendards nationaux qui ont perdu leurs couleurs.
Intitulée Apolitico, l'installation est posée jusqu'au 11 septembre, dans le cadre d'une exposition au thème rude pour une période estivale dans une riante station balnéaire, l'art et la politique : "Est-ce qu'on doit s'interdire, parce qu'on est en été, de réfléchir un peu ?", s'interroge Sylvie Mallet, maire des lieux.
Trente-deux artistes ont été réunis pour ce faire par le commissaire d'exposition Ashok Adicéam. Il a fait ainsi installer, à quelques mètres de Apolitico, un grand néon conçu par l'artiste sud-africain Kendell Geers (né en 1968). Le mot "believe" (croire) dont les trois lettres centrales s'illuminent dans une couleur différente, ce qui donne "lie" (mensonge).
Dès l'entrée, pour la réflexion, on est servi. Elle peut même prendre des dimensions qui fâchent. Ainsi, cette sculpture de Zhang Huan. Né en 1965, installé à Shanghaï, il a fondu une monumentale main de Bouddha en récupérant des fragments d'autres sculptures en bronze détruites au Tibet pendant la Révolution culturelle. Gonflé. Surtout quand le thème art et politique est précisé, dans le sous-titre de l'exposition, par la mention : "L'artiste face aux tyrans".
Les tyrans ? "Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux", sourit madame le maire, en citant La Boétie. Et en ajoutant que l'exposition de 2010, intitulée "Hope" (espoir), était sans doute plus "tendre", "mais la tendresse n'empêche pas la lucidité", ajoute-t-elle.
Mais de quels tyrans cause-t-on ? Ils sont nombreux, et de natures diverses. Braco Dimitrijevic (né en 1948), dans une de ses meilleures pièces, une vidéo intitulée The Resurrection of Alchemists, en signale un, et pas des moindres : alors qu'il tient un discours passionnant sur l'importance de l'art dans la société, l'écran du téléviseur est peu à peu envahi par des "bizz bars", ces défilés de bandeaux en surimpression qui annoncent sur certaines chaînes de télévision l'évolution des valeurs boursières.
L'exposition, divisée en plusieurs sections, explore la plupart des facettes du totalitarisme. On y retrouve quelques figures historiques, comme Käthe Kollwitz (1867-1945), qui fut démise de son poste d'enseignante par les nazis et interdite d'exposition, mais surtout des artistes plus jeunes, pour la plupart (à l'exception de Martial Raysse) nés après la seconde guerre mondiale, et qui se penchent chacun à sa manière sur la nature de cette aberration politique.
C'est le Sud-Africain William Kentridge (né en 1955) qui, dans une vidéo fascinante qui exploite les procédés de l'anamorphose, s'interroge sur la guerre que les troupes de Mussolini livrèrent à l'Ethiopie dans les années 1930. C'est la série des "War Games" dans laquelle Joana Vasconcelos, née en 1971, met en lumière la déresponsabilisation des soldats chargés de faire régner un ordre injuste, ou cette autre série dans laquelle l'Américaine Jenny Holzer reproduit précisément sur toile les plans de bataille des troupes chargées de conquérir l'Irak en 2003.
Du basique, en somme. Là où cela devient plus subtil, c'est quand l'artiste questionne l'art lui-même ; comme dans cette vidéo de Ziad Antar (né en 1978) dans laquelle un pianiste est filmé, vu d'en haut, la caméra cadrant seulement ses mains, en train de jouer La Marche turque, de Mozart. Si ce n'est que l'instrument est privé de cordes, et que seul le bruit de la frappe des doigts, et son rythme, est audible. Ce qui en fait réellement une marche militaire : en fermant les yeux, on entend un bruit de bottes.
L'exposition explore ainsi plusieurs thèmes, mais les plus intéressants sont les moins attendus, quand le tyran s'avère être non pas un homme politique, mais un démon personnel. Le monde de l'art, par exemple, crucifié par Maurizio Cattelan qui scotche son galeriste italien Massimo De Carlo à mi-hauteur d'un mur. On ne sait combien de temps ce pauvre homme a dû passer suspendu ainsi à sa cimaise, mais devoir demeurer muet et sans même pouvoir parler avec les mains, quand on est un des plus grands marchands du monde, cela a probablement été terrible. Spécialement quand Cattelan croit bon de baptiser l'oeuvre Un jour parfait.
Car c'est quand les artistes dévoilent leurs propres contradictions que l'exposition est à son meilleur. Andrei Molodkin, expliquant que lorsqu'il avait exposé à la Biennale de Venise de 2009, au Pavillon russe, du sang transfusé de soldats et du pétrole, lesquels avaient pour caractéristique commune d'avoir été récoltés en Tchétchénie, il lui avait été demandé de ne pas répondre aux questions des journalistes sur les aspects politiques de son travail, mais seulement sur son côté métaphysique...
Ou l'excellent Claude Lévêque, capable du meilleur comme du pire, déclarant en conférence de presse : "L'art engagé m'emmerde et est suspect. Mais je crois à la politique et mon engagement, je le vis au quotidien." Un mois plus tard, il figurait dans la liste des récipiendaires de la Légion d'honneur du 14-Juillet.
"Big Brother. L'artiste face aux tyrans". Palais des arts, 2, boulevard Wilson, à Dinard (Ille-et-Vilaine). Du mardi au dimanche, de 11 heures à 19 heures, nocturnes le vendredi jusqu'à 21 heures. Jusqu'au 11 septembre. Entrée : 5 euros. Jusqu'au 11 septembre.
Catalogue, Editions Skira/Flammarion, 160 p., 29 euros.
Harry Bellet

samedi 30 juillet 2011

Crest 26400 : Festival de Jazz Vocal 20111

Dimanche 31 juillet : Ommm
2ème prix concours Crest Jazz Vocal -gratuit-
Ommm c'est la rencontre de cinq voix singulières et d’un alchimiste des sons sur le terrain du groove, de l'improvisation et de l'humour. Du jazz au trip-hop en passant par la chanson française et la musique du monde, les cinq lurons s'amusent avec leur voix, et seulement leur voix, en la modelant, en la saupoudrant subtilement d’effets sur les pulsations effrénées de human beat box.
Manon (chant) Marion (chant) Melody (chant)
Mathis (chant) Sam (Beat Box & chant)
www.ommm.fr
 
Dimanche 31 juillet 21h, devant la Médiathèque Départementale Vallée de la Drôme. Gratuit.
(Salle des Moulinages en cas de mauvais temps)
Lundi 1er août 18h : Les Frères Léon
Spectacle Jeune Public Parents qui subissez avec consternation les goûts musicaux « star académiques » de vos préadolescents, vous allez regretter d’être nés trop tôt ! A quelques années près, vous auriez pu former vos enfants à la bonne école jazz/rock/funk des Frères Léon, et leur inculquer dès le début les fondamentaux de la bonne musique.
Ils jouent pour les enfants, créent pour eux un monde plein de fantaisie, univers de cirque ou bestiaire d’éléphant, d’araignée et de mille bestioles, mais ils le font avec une invention musicale et un humour propres à ravir également les parents.
Au fil des titres, vous verrez défiler une profusion d’univers musicaux, le funk des Jackson Five (L’époux de la Puce), le reggae revu à la sauce pop des années 80 (Ricochet), le rock alternatif des Négresses Vertes (Le nez perdu), Jacques Higelin (Les carrés bleus), le jazz (J’ai dix ans), le jazz manouche, et on en oublie. Les textes sont riches et poétiques, pas de compromission stylistique.
Jaco Léon (basse-chant) Toufou Léon (batterie-chant) Gadjo Léon (chant) Dadi Léon (guitares-chant) Edmond Ventail (percussions-chant) www.myspace.com/lesfreresleon
Lundi 1er août, Espace Soubeyran 18h00. Tarif 10€. Gratuit pour l’adulte qui accompagne 3 enfants au moins !
Lundi 1er août 19h30 : Caveau d’Envolires
Carte Blanche à Isabelle Mounier
Lundi 1er août 21h : les Arbres Ecrits
(Salle des Moulinages en cas de mauvais temps)
Concert en partenariat avec Jazz Action Valence et Crest’Actif
Tarifs concerts Grande Scène
Tarif normal : 27€
Tarif réduit* : 20€
Tarif groupe et CE : 24€
Abonnement - 3 soirées : 60€
Concert Jeune Public : 10€, offert à l’adulte qui accompagne 3 enfants au moins !
Stage adulte : 410€
Stage enfant : 65€ + 1 place offerte pour spectacle Jeune Public.
Concerts Jazz Au Village : tarif unique 10€.
Pour nous joindre
Bureau du festival
Cours Joubernon, BP 524 - 26400 Crest
Tél : 04.26.60.38.43
Mail : contact @ crestjazzvocal.com
Pour nous rejoindre :
En train : Gare de Valence TGV, puis navettes car ou train.
(2h30 depuis Paris)
Une fois dans Crest : suivez la musique.

Qualité des eaux... (3)

REMOUS
Qualité de l’eau (3) : le témoignage choc d’Anne Spiteri (photo C.V. : Meyrosse à Die )
Créatrice du site « Eau évolution » dédié à la qualité des eaux, Anne Spiteri s’explique sur ce qui l’a conduit à prendre cette initiative, au moment même où le ministère de l’Ecologie tente de baillonner les lanceurs d’alerte…
- Vous ne vous intéressez pas ici à l’eau potable ?
- A.S. : "Mes travaux ne concernent effectivement pas un quelconque état réglementaire même sanitaire des eaux. Je ne m’intéresse qu’à l’état réel des eaux et des milieux aquatiques vus sous l’angle patrimonial, et en particulier comme espace et source de vie.
- Connaît-on aujourd’hui la qualité réelle des eaux ?
- A.S. : "Non. Et si on ne connaît pas la qualité réelle des eaux, c’est parce qu’on la mesure mal. Les ménages, les industries et l’agriculture déversent des milliers de tonnes de substances toxiques dans les cours d’eau. La plupart ne sont pas recherchées, ou mal recherchées, ce qui revient au même car on ne peut trouver dans l’eau que ce que l’on cherche, et que l’on cherche correctement".
- Mais la Directive Cadre Européenne sur l’eau, ce n’est pas fait pour ça ?
- A.S. : "La DCE est d’abord un outil pour harmoniser et améliorer la gestion de l’eau afin que tous les pays européens parviennent rapidement à un état minimum acceptable. En matière de connaissance à acquérir, si ses recommandations sont ambitieuses, ses obligations sont très insuffisantes et ne peuvent donner qu’une estimation très tronquée et très décalée de la toxicité et de la contamination réelles des eaux".
- Qu’est-ce que c’est exactement la contamination ?
- A.S. : "La contamination, c’est l’imprégnation du milieu naturel par des substances qui n’ont rien à y faire. On devrait normalement avoir zéro-contamination pour toutes les substances chimiques de synthèse comme les pesticides, les PCB, les dioxines, etc.".
- Pourquoi est-ce si important de connaître l’état réel des eaux ?
- A.S. : "L’érosion de la biodiversité atteint aussi les espèces aquatiques. L’eau est un compartiment majeur de notre environnement et une ressource vitale. Il faut donc la protéger efficacement. Cela implique d’en connaître son état du mieux possible".
- Et demain ?
- A.S. : "Avec le dispositif de surveillance mis en place par la France, on ne pourra toujours pas connaître la contamination réelle des eaux, ni comprendre pourquoi les grenouilles par exemple changent de sexe et y remédier, ni boire l’eau même traitée en toute confiance mais ce n’est pas le sujet qui nous intéresse ici. Seule une surveillance patrimoniale permettrait une connaissance réelle et approfondie de la ressource ainsi que la compréhension du fonctionnement et des évolutions à long terme des écosystèmes.
Elle permettrait de mettre en évidence la dégradation des milieux par rapport à l’état de référence qui est zéro contamination pour les polluants chimiques synthétiques, ou d’établir un lien entre les substances chimiques et les phénomènes de toxicité constatés. Mais les protocoles de mesure associés à ce type de surveillance sont beaucoup plus exigeants que ceux qui sont prévus".
La désinformation récurrente sur l’état réel des eaux et des milieux aquatiques
L’information technique est élaborée à partir des données brutes sur l’eau qui concernent à la fois la qualité et la quantité. Les enjeux environnementaux d’une bonne surveillance et d’une bonne évaluation de l’état des eaux sont immenses : connaissance, gestion et protection de la ressource, maintien de la biodiversité, mise en place de réactions adaptées et pertinentes à l’érosion de la biodiversité et au changement climatique, contrôle de l’efficacité des mesures mises en œuvre, etc.
Les travaux d’Anne Spiteri, articles du site Eau-Evolution dont une synthèse sur l’état réel des eaux et des données sur l’eau, montrent que les informations publiques sont déficientes par rapport aux enjeux environnementaux et aux données existantes elles-mêmes très partielles et insuffisantes.
- A.S. : "Vingt cinq ans après Tchernobyl, la crise de défiance sur l’information environnementale n’est toujours pas résolue. L’information publique élaborée à partir des données brutes existantes, en plus de manquer de transparence et de réactivité, est simpliste, réductrice, partielle et insuffisante, voire erronée.
En particulier, on ne tire pas toutes les informations que l’on devrait à partir des données brutes existantes (connaissance des pics de concentration en périodes sensibles pour la vie aquatique, connaissance des cocktails de substances chimiques dans les eaux ou les sédiments, connaissance des impacts toxiques potentiels et réels sur les espèces vivantes et leur communauté, sous-évaluation des pollutions, contaminations et toxicités, production de statistiques pertinentes et représentatives notamment sur les tendances, etc.).
Qui plus est, les données brutes existantes sont et seront toujours elles-mêmes très partielles et insuffisantes. Ce qui signifie que même en utilisant un jour des méthodes de traitement de ces données plus pertinentes, on ne pourra plus connaitre rétrospectivement l’état réel des eaux et des milieux aquatiques (limites analytiques des analyses trop élevées par rapport aux teneurs réelles et aux performances analytiques de notre époque, très peu de données de toxicité et dans très peu de compartiments, fréquences insuffisantes, périodes sensibles mal mesurées, cocktails pas pris en compte, relativement peu de substances chimiques mesurées et mal mesurées en particulier pour les métabolites et produits de dégradation, les perturbateurs endocriniens, etc.).
Il y a donc déficience, que ce soit au niveau des informations synthétiques présentées au public qu’au niveau des données brutes sur l’état réel des eaux. Cette double couche de déficience concerne le passé, le présent mais aussi l’avenir, et c’est grave".
- Des exemples précis ?
- A.S. : "A travers les questions des PCB dans les rivières et des algues vertes en Bretagne, l’histoire récente nous a montré que l’information et l’anticipation en matière de qualité des eaux brutes faisaient gravement défaut. Malgré la convention d’Aarhus signée en 1998, il semble bien que la situation dans ce domaine ne s’améliore pas. Quand elle n’est pas distillée de façon tronquée ou trop tard, l’information officielle sur l’état des eaux et des milieux aquatiques est si vague et si confuse que l’on est même en droit de se demander à quoi ou à qui elle peut bien servir.
L’évolution du contenu des bilans sur les pesticides dans les eaux publiés par l’IFEN puis par le SOeS est un bon exemple de mauvaises informations officielles et même de régression de l’information et de désinformation.
Encore de nos jours, les citoyens ne disposent d’aucune évaluation sérieuse et représentative de la contamination et encore moins des tendances pour les pesticides dans les eaux. A quoi et à qui servent tous ces bilans pesticides qui se suivent et rivalisent d’inconsistance dans leur contenu ?
Autre exemple, le chapitre "L’eau" du rapport officiel "L’environnement en France" de 2010 prête gravement le flan à la critique. Ce rapport présente de nombreuses déficiences en particulier méthodologiques. C’est pourtant le premier document de ce type publié après le Grenelle de l’environnement, après la dissolution de l’IFEN et la création du SOeS et réalisé avec des données issues de la surveillance de la DCE !
Et l’avenir de l’information officielle est plus sombre encore. Pourra-t-on consommer sans risques le poisson issu des rivières classées en "bon état chimique DCE" ? Les poissons et grenouilles ne changeront-ils pas de sexe dans les rivières en "bon état chimique DCE" ?
Car le "bon état chimique" de la DCE, est loin de garantir le bon état chimique et toxique patrimonial. Cet état chimique réglementaire ne prend en effet en compte qu’un tout petit nombre des toxiques susceptibles d’être présents dans l’eau, avec en plus une méthode d’évaluation simpliste et inadaptée basée sur des dépassements de seuils arbitraires par des moyennes annuelles ou des concentrations maximales souvent calculées avec des données inadaptées (fréquence, LQ, etc.), et il ne tient pas compte de la toxicité cumulée de toutes les substances.
Mais plus grave encore est ce qui concerne la surveillance chimique. La Directive fixe un cadre commun dont un protocole minimum obligatoire de surveillance qui n’a malheureusement rien à voir avec une vraie surveillance patrimoniale. A l’intérieur de ce cadre, chaque Etat membre reste libre d’organiser comme il le souhaite la surveillance de sa ressource en eau. Mais il est fortement incité à l’organiser du mieux possible en fonction des problématiques particulières auxquelles il est confronté, je pense entres autres à la pollution chimique pour la France. Nous aurions donc pu espérer que la surveillance française mise en place dans ce cadre ne se limite pas à une approche de gestionnaire orientée vers l’efficacité réglementaire à court terme
L’analyse des textes de cadrage européen et des premières circulaires françaises dévoile en effet l’absence de fondements qui auraient permis d’évaluer correctement la contamination chimique, notamment :
- absence de limites analytiques patrimoniales c’est-à-dire les plus basses possibles,
- absence de prise en compte systématique des problématiques émergentes comme le changement climatique et les perturbateurs endocriniens,
- impossibilité de chiffrer les cumuls de l’ensemble des dégradations chimiques, organiques et physiques qui agissent simultanément sur les organismes vivants,
- protocoles de mesures très insuffisants et inadaptés.
Même si la France possède des bases de données conséquentes composées de prélèvements datant du début des années 1970, force est de constater que l’on a recherché, que l’on recherche et que l’on recherchera toujours mal les substances chimiques et de manière non homogène à l’échelle nationale, que ce soit pour évaluer la pression, la contamination ou la toxicité. La surveillance et l’évaluation de l’état des eaux ne satisfont manifestement pas les besoins de connaissance d’une ressource déclarée patrimoniale. Le curseur de l’exigence est placé bien trop bas par rapport aux enjeux écologiques, sanitaires et climatiques".
Un parcours singulier
Aujourd’hui âgée de 56 ans, Anne Spiteri, polytechnicienne et ingénieur du génie rural des eaux et des forêts, a commencé sa carrière dans la recherche scientifique publique : en biologie à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), puis sur l’eau au Centre d’étude du machinisme agricole du génie rural des eaux et forêts (Cemagref).
- A.S. : "J’ai passé la première partie de ma vie en Tunisie, au Mali et au Sénégal. Cela a surement contribué à me sensibiliser très tôt à l’eau et à son rapport avec la vie sous toutes ses formes. L’eau est d’ailleurs devenue le fil bleu de ma formation et de mon cursus professionnel. J’ai choisi une formation généraliste : scientifique à l’Ecole polytechnique puis dans le domaine eaux-agriculture-forêts à l’Engref (Ecole nationale du génie rural des eaux et des forêts). J’ai complété cette formation généraliste en travaillant dans la recherche publique dans les domaines de la biologie (physiologie végétale et biologie moléculaire végétale) puis de l’eau (procédés d’épuration des eaux usées, écologie des milieux aquatiques d’eau douce, bio-indicateurs et traitement des données environnementales)".
Un regard sévère sur la réalité de la protection publique de l’environnement en France
Elle a ensuite tenté de valoriser ses compétences scientifiques (eau, écosystèmes aquatiques, traitement des données environnementales) dans le domaine de la protection de l’environnement, comme responsable de la police de l’eau en administration déconcentrée du ministère de l’Agriculture (Ddaf), puis comme chargée de mission sur l’eau à l’Institut français de l’environnement (Ifen).
Ces deux expériences lui ont ouvert les yeux sur la réalité de la protection publique de l’environnement en France qu’elle qualifie d’affligeante. Elle-même a été victime de pressions, de menaces et de sanctions atterrantes, en décalage complet avec l’affichage officiel, ainsi qu’avec la nécessité vitale pour l’homme et le maintien de la biodiversité d’une protection efficace de l’environnement.
Elle pense que l’intérêt général devrait être redéfini explicitement car, pour ce qu’elle en a vu, un intérêt général qui prendrait vraiment en compte la protection des équilibres naturels ne paraît malheureusement qu’une vue de l’esprit. Elle signale que l’obligation de respect du secret professionnel dans le domaine de l’environnement, qui est imposée pour tous ceux qui travaillent pour l’Etat, est tout à fait incompatible avec la convention d’Aarhus et la Charte de l’environnement. Elle remarque que l’indépendance et la pertinence de l’information sur l’état de l’environnement ne faisaient pas partie des préoccupations majeures du Grenelle de l’environnement.
- A.S. : "J’ai ensuite tenté de valoriser mes acquis scientifiques et techniques dans le domaine de la protection publique de la ressource en eau, puis dans le domaine de l’information publique sur l’état des eaux. Mais ces dernières expériences ont été pour moi extrêmement décevantes, révoltantes et consternantes : je n’ai pu ni valoriser mes compétences ni faire évoluer en quoi que ce soit des mentalités et des pratiques que j’ai trouvées tout à fait archaïques et décalées par rapport aux différents enjeux modernes.
Des années gâchées dans les placards de l’administration française ; ici, une note de service annonçant soudainement que j’étais "remplacée dans mes fonctions" ; ailleurs, un document "confidentiel" trouvé un jour sur mon bureau qui me signifiait une "faute professionnelle grave" pour "refus de réalisation d’un travail" ; des années de chômage ; le tout pour des raisons que je trouve indignes et incompatibles avec l’intérêt général… et que le devoir de réserve m’empêche de livrer…
J’ai largement expérimenté ce que je considère comme une véritable féodalité de la fonction publique, avec ses petits seigneurs costume-cravate tout-puissants et ses oubliettes pour ceux qui dérangent. Et je suis sans doute étiquetée comme "rebelle" ou "passionnée" : deux défauts suprêmes dans un système qui m’a paru privilégier le sectarisme, le copinage, le carriérisme, l’obscurantisme, la flagornerie, la lâcheté et l’obéissance zélée, à la créativité, au travail en équipe, à l’ouverture d’esprit, à la compétence, au respect de l’expertise scientifique et surtout au sens du service public et de l’intérêt général.
Je ne m’attendais pas à entrer dans ce que je considère être une chienlit inacceptable lorsque j’ai choisi, à la sortie de l’X, d’entrer dans un "grand corps de l’Etat".
J’en suis d’ailleurs arrivée à la conclusion que l’état de l’environnement était un très bon indicateur de l’état de l’administration, et vice-versa."
Elle rappelle que le décret portant dissolution de l’Ifen a été signé en novembre 2008 et que cet espèce de premier bébé du Grenelle de l’environnement a été de très mauvais augure.
- A.S. : "Le Syndicat national de l’environnement (Sne), majoritaire au sein du Meedat s’est indigné à l’époque : "Nous venons de faire un bond de 20 ans en arrière !". Mes anciens collègues de l’Ifen syndiqués au Sne se sont vaillamment, mais en vain, battus pour alerter l’opinion publique sur le sort de cet institut et de l’indépendance de l’information publique environnementale.
On pouvait d’ailleurs lire sur le site du Sne :
"Les actions du personnel n’ont pu empêcher la réintégration de l’Ifen au sein de l’administration centrale. La mise en place de la fonction statistique dans un établissement public (habituellement dévolue aux administrations centrales), se justifiait par le caractère fortement interministériel de l’action environnementale et par la nécessité de l’indépendance de l’information.
Cette indépendance est désormais battue en brèche. La section locale a dénoncé les manipulations des chiffres par l’administration au service d’intérêts politiques et demande une révision du statut de l’Ifen. Le changement de statut a considérablement affecté la capacité d’action de l’institut et sa possibilité de s’adjoindre des spécialistes des thématiques environnementales émergeantes. Ce changement a également mis en difficulté les fonctionnaires mis à disposition. La capacité d’innovation de l’institut est désormais très réduite".
Je remercie vivement les rares personnalités politiques comme Corine Lepage, Jean-Pierre Sueur ("J’espère très vivement que nous pourrons un jour renouer avec la belle ambition qui était au départ celle de l’Ifen") ou Ségolène Royal qui, à ma connaissance, se sont émues à l’époque sur ce sujet".
La création du site internet Eau-Evolution
Anne Spiteri s’est donc retrouvée, depuis son passage à l’Ifen, à faire trois années de chômage. Pour apporter sa contribution à la lutte contre la désinformation, guidée par l’intérêt général et par l’esprit de la Convention d’Aarhus, elle a créé le site citoyen Eau-Evolution dédié à la connaissance de l’état réel des eaux et des données sur l’eau.
- A.S. : "L’objectif de la vitrine citoyenne Eau-Evolution est de faire parler en toute indépendance les données sur l’eau, pour produire une information consistante sur l’état patrimonial réel des eaux, ou pour montrer qu’elles ne le permettent pas, ce qui est malheureusement souvent le cas. Plusieurs directives européennes font obligation aux Etats de faciliter l’accès à ces données. J’apporte ma petite contribution à l’édifice : "la part du colibri", selon les termes poétiques de Pierre Rabhi, pour plus de pertinence et de transparence dans le domaine de l’information sur l’état des eaux. Je propose aussi une réflexion participative autour d’un nouveau paradigme pour l’eau potable et l’assainissement. Et j’aimerais pouvoir participer un jour à une expérience pilote sur ce sujet".
Son expérience l’a en effet conduite à remettre radicalement en cause "les fondamentaux de la gestion de l’eau" élaborés dans les pays occidentaux depuis le XIXème siècle. Elle appelle à ne pas reproduire dans les pays du Sud ce qu’elle décrit comme "une véritable impasse environnementale, économique et sociale", mais à promouvoir de façon urgente la recherche technique d’un "nouveau paradigme pour l’eau potable et l’assainissement" dont elle propose un exemple sur le site Eau-Evolution.
Eau-Evolution : la connaissance de l’état réel des eaux et des données sur l’eau
Les données brutes relatives à l’état de l’environnement sont désormais accessibles au public. Le site Eau-Evolution les fait parler en toute indépendance pour faire le point, à l’heure où la gestion de l’eau prend une dimension européenne, sur l’état réel des eaux et des données sur l’eau. En zoomant sur quelques zones géographiques ou problématiques bien choisies, les différents articles présentés invitent à une réflexion participative sur l’état des eaux et son évaluation, sur la pertinence des données sur l’eau, et sur un nouveau paradigme pour l’eau potable et l’assainissement.
Une information transparente et pédagogique, essentiellement sous la forme de graphiques et de cartes que chacun peut vérifier et commenter librement. Cette vitrine montre un panel de ce que l’on peut faire avec peu de moyens.
Elle veut contribuer, dans l’esprit de la convention d’Aarhus et de la Charte de l’environnement, à l’enrichissement et à l’évolution de l’information publique sur l’état des eaux considérées avant tout ici comme espace et source de vie.
- A.S. : "Je trouve que la gestion de l’eau est une vielle dame malade et mal entourée. Il faut absolument donner un coup de pied dans la fourmilière et faire évoluer tout cela, d’où le nom de ce site qui, je l’espère, y contribuera un peu ! Le nom du site rappelle aussi qu’il est vital de connaitre enfin sérieusement l’évolution de l’état réel de la ressource en eau pourtant déclarée patrimoine commun de la nation depuis 1992.
J’espère que les bases présentées dans cette vitrine (nombreux exemples de graphiques et de méthodes de traitement des données, index des substances chimiques, cartes de qualité interactives, etc.) permettront à chacun de consulter à l’avenir plus facilement et plus systématiquement les données brutes pour voir par lui-même les évolutions des données sur l’eau et de l’état des eaux, et pour estimer de façon motivée la pertinence des informations officielles sur l’état des eaux et ses tendances. Les résultats, analyses et méthodes proposés peuvent intéresser les particuliers, les associations de protection de l’environnement, les industriels, les agriculteurs, les médecins, les enseignants, les étudiants, les scolaires, les journalistes, etc.
Je remercie vivement le WWF et tout particulièrement Monsieur Deshayes, responsable des Programmes Eau Douce/Agriculture, ainsi que vous-même, Monsieur Laimé, pour vos soutiens appuyés dès le démarrage et tout au long du projet".
Un outil inédit : des cartes de qualité patrimoniale interactives
Les cartes présentent de façon conviviale de nombreux paramètres de qualité, macropolluants et micropolluants, et pour différents compartiments aquatiques, eaux ou sédiments des cours d’eau et eaux souterraines. Elles présentent aussi la qualité des données brutes elles-mêmes, comme par exemple les limites de quantifications ou les nombres de substances chimiques recherchées par prélèvement. La contamination par les micropolluants est autant que possible abordée de façon globale, c’est-à-dire pour les cocktails de substances. On trouve aussi des cartes présentant les essais d’évaluation de la toxicité de l’eau occasionnée par ces cocktails. De nombreuses requêtes sont disponibles qui permettent en particulier de présenter de façon continue la gradation de qualité entre les différents points indépendamment de toutes références de qualité réglementaires.
Des propositions
- A.S. : "Il faudrait pratiquement tout remettre à plat dans le domaine de l’eau. Et de façon urgente :
- Mettre en place une information environnementale indépendante, pertinente, consistante et réactive. Ce qui implique d’une part qu’elle soit réalisée par des experts reconnus en écologie et en analyse mathématique des données de l’environnement et que ces experts disposent de moyens financiers et humains conséquents ainsi que de toute l’indépendance nécessaire. Et d’autre part que les protocoles de surveillance des eaux soient revus immédiatement et corrigés chaque année pour fournir des données toujours plus patrimoniales au fur et à mesure des progrès scientifiques écologiques et analytiques. Je rappelle qu’une ressource patrimoniale mérite une surveillance et une évaluation patrimoniales.
- Mettre en place une police de l’eau et de l’environnement réellement indépendante, qui soit très présente sur le terrain et qui ait des vrais moyens financiers, en expertise écologique et en contrôle.
- Revoir l’ensemble de nos modèles en profondeur, en toute indépendance et avec les bases scientifiques écologiques sérieuses qu’ils n’avaient pas à l’époque où on les a conçus. Avec aussi une approche intersectorielle et interdisciplinaire qui seule pourra aboutir à des changements structurels à la hauteur des enjeux dont ceux du maintien de la biodiversité et du changement climatique. En particulier nos modèles agricoles, de gestion de l’eau et d’alimentation en eau potable et d’assainissement, ainsi que les autorisations des rejets organiques et chimiques ponctuels ou diffus, tous secteurs confondus. En veillant à prendre systématiquement en compte des cumuls des impacts, les cumuls des rejets et les possibilités d’accumulation dans les sédiments et les biotes".
Marc Laimé, 23 juillet 2011

Regarder vraiment un arbre...


Regarder vraiment un arbre
"Nous n’aimons pas la terre, nous nous contentons de l’utiliser"
Jiddu Krishnamurt 
(photo : An.T.)
Quelle relation avez-vous avec la nature ? (par nature il faut entendre les rivières, les arbres, les oiseaux au vol rapide, les poissons dans l’eau, les minéraux sous la terre, les cascades et les toutes petites mares) . Quelle relation avez-vous avec tout cela ?
La plupart d’entre nous ne sont pas conscients de cette relation. Jamais nous ne regardons un arbre vraiment ou si nous le faisons, c’est pour l’utiliser, nous asseoir sous son ombrage ou l’abattre pour en faire du bois de construction. En d’autres termes, nous regardons les arbres dans un but utilitaire. Nous ne regardons jamais un arbre sans nous projeter sur lui ou l’utiliser à notre convenance. Nous traitons la terre et ses ressources de la même façon. Nous n’aimons pas la terre, nous nous contentons de l’utiliser.
Si nous l’aimions vraiment, nous utiliserions ses ressources avec frugalité. Si nous voulons comprendre notre relation avec la terre, nous devons puiser dans ses ressources avec plus d’égards. Comprendre notre relation avec la nature est aussi difficile que comprendre notre voisin, notre femme et nos enfants. Mais nous n’y avons jamais vraiment pensé, nous ne nous sommes jamais assis pour regarder les étoiles, la lune ou les arbres. Nous sommes trop accaparés par nos activités sociales ou politiques. Bien évidemment, ces activités sont une fuite de nous-mêmes mais adorer la nature est encore la même fuite. Nous utilisons toujours la nature comme échappatoire ou à des fins utilitaires. Nous ne prenons jamais vraiment le temps de nous arrêter pour aimer la terre ou les produits de la terre. » (…)
Ainsi nous avons perdu notre relation avec la nature. Si, pour une fois, nous comprenions cette relation et sa véritable signification, nous ne diviserions plus la terre en « ma » propriété et « votre » propriété. Bien que l’on puisse posséder un morceau de terre et y construire une maison, ce ne devrait pas être « ma » maison ou « votre » maison, dans un esprit d’exclusivité, mais plutôt une façon d’avoir un abri. Nous sommes insensibles à la beauté d’une cascade, nous avons perdu contact avec la vie, nous ne savons pas ce que c’est que de s‘asseoir, le dos contre un arbre, parce que nous n’aimons pas la terre ni les produits de la terre et que nous nous contentons de les utiliser. Et comme nous n’aimons pas la nature, nous ne savons pas comment aimer les hommes et les animaux. Allez voir au bout de la rue comment on traite les bœufs (…). Vous pouvez hocher la tête et dire « C’est bien triste ! » mais, en fait, nous avons perdu le sens de la tendresse, cette sensibilité, cette faculté de réagir devant la beauté et ce n’est qu’en retrouvant cette sensibilité que nous pourrons comprendre ce qu’est la relation véritable. » (…)
La terre est là pour qu’on l’aime et qu’on en prenne soin, pas pour qu’on la divise en « ma » propriété et « votre » propriété. C’est idiot de planter un arbre et de l’appeler « mon » arbre. Ce n’est que lorsqu’on est libéré de l’esprit d’exclusivité qu’il est possible d’être sensible, non seulement à la nature, mais aussi aux êtres humains et aux défis incessants de la vie.
Jiddu Krishnamurti
Source : http://www.perspectives-gorziennes..... Extraits tirés du Rapport authentique de la huitième causerie publique de Poona, 17 octobre 1948. Publié dans De la nature et de l’environnement (Editions du Rocher).