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samedi 11 juin 2011

Sortir du nucléaire vite...


Sortir du nucléaire à un rythme "raisonnable" est…déraisonnable !
La catastrophe de Fukushima, toujours en cours, démontre la dangerosité extrême de l'énergie atomique et donne raison à ceux qui réclamaient de longue date la sortie du nucléaire. Encore faut-il savoir à quelle vitesse fermer les réacteurs. Des voix s'élèvent pour affirmer qu'il faut le faire à un rythme "raisonnable", c'est-à-dire en vingt ou vingt-cinq ans, voire trente ou même quarante ans. C'est en fait totalement… déraisonnable.
Déjà, d'un simple point de vue mathématique, fermer un réacteur dans vingt ans plutôt que dans dix ans revient à lui donner deux fois plus de temps pour causer une catastrophe. Et à lui permettre de produire deux fois plus de déchets radioactifs. Trois fois plus si c'est dans trente ans. C'est d'une logique imparable.
Mais il y a bien pire : sortir du nucléaire à un rythme dit "raisonnable", en vingt ans, trente ans ou quarante ans, cela ne revient pas seulement à augmenter statistiquement le risque de catastrophe, cela consiste aussi à faire fonctionner certains réacteurs jusqu'à l'âge de quarante ans, voire quarante-cinq ou même cinquante ans.
En effet, fin 2011, 21 réacteurs nucléaires français sur 58 auront dépassé les trente ans de fonctionnement (c'est-à-dire la durée de vie annoncée au départ par EDF) et 28 autres atteindront cet âge avancé dans les sept années suivantes.
Pour être clair : sortir du nucléaire à un rythme "raisonnable" pouvait être une hypothèse défendable il y a quinze ans, elle ne l'est plus aujourd'hui. Il y a quinze ans, cela revenait "seulement" à laisser plus de temps aux réacteurs pour causer une catastrophe. Aujourd'hui, cela revient à démultiplier le risque : faire durer un réacteur jusqu'à quarante ans est sûrement 10 fois plus risqué que de le faire durer jusqu'à trente ans. Et faire le faire durer jusqu'à cinquante ans est certainement 100 fois plus risqué que de le faire durer jusqu'à trente ans.
EDF a prévu d'investir 600 millions d'euros dans chaque réacteur pour lui permettre de fonctionner au-delà de trente ans. Avec 58 réacteurs, cela fait un total astronomique de 35 milliards. Or, le 3 mai, en visite à la centrale de Gravelines (Nord), M. Sarkozy a affirmé que "sortir du nucléaire coûterait 45 milliards". Finalement, continuer le nucléaire coûte pratiquement aussi cher qu'en sortir, et bien plus en réalité si l'on tient compte des factures pour la gestion (sans solution) des déchets radioactifs supplémentaires.
Pour financer ces travaux dans les réacteurs nucléaires, EDF a commencé à augmenter fortement le prix de l'électricité et ces augmentations vont continuer de plus belle. Le PDG d'EDF, M Proglio, a parlé d'une augmentation de 30 %, mais ce sera probablement bien plus. Qui plus est, bien que très coûteux, ces rafistolages ne donneront aucune assurance sur le plan de la sûreté. C'est comme une vieille voiture que l'on a beau amener de plus en plus souvent chez le garagiste : l'état général des réacteurs ne fait que se dégrader.
D'ores et déjà, contrairement à une idée fausse, habilement entretenue par les pronucléaires, la France est très loin d'avoir l'électricité "la moins chère du monde" : rien que dans l'Union européenne, les ménages paient mois cher dans douze pays !
Nous ne reviendrons pas ici en détail sur les différentes données qui prouvent que l'option nucléaire est basée sur des mensonges : le prix de l'électricité nucléaire n'est pas du tout "bon marché" (nous l'avons vu), l'indépendance énergétique est nulle (puisque 100 % du combustible, l'uranium, est importé), l'emploi est peu nombreux et de mauvaise qualité (des salariés sont forcément irradiés pour faire la maintenance), etc.
Par ailleurs, la sécheresse actuelle a commencé à mettre en difficulté les réacteurs, faisant courir un fort risque de black-out cet été : c'est en fin de compte le changement climatique qui s'attaque au nucléaire et non l'inverse comme tentent de nous le faire croire depuis des années les promoteurs de l'atome.
L'Allemagne ferme 7 réacteurs d'un coup, et va fermer les autres très vite : sous peu, ce grand pays fonctionnera sans nucléaire. C'est donc que c'est aussi possible en France. Mais il faut le faire vite, avant un nouveau Fukushima. La majeure partie du parc nucléaire français a été construite à marche forcée en moins de dix ans, il est clair qu'il faut faire le chemin inverse en moins de dix ans.
Stéphane Lhomme, président de l'Observatoire du nucléaire

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