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mardi 12 avril 2011

Vercheny sur Drôme : Journée de la Terre, le Dimanche 17 avril 2011 : débat sur le retour du Loup...

Conférence –Débat, ce Dimanche17 avril 2011 à 14 heures à Vercheny-La Plaine, avec Farid Benhamou sur "Les animaux sauvages ont ils leur place aujourd’ hui en France à coté des activités humaines Quels sont les enjeux ?"   A la « Journée de la Terre et la Biodiversité ».
(Salle de l’ Ecole des Amis des  Enfants de Paris de la Fondation Robert Ardouvin, ancien UPASEC).
Territoire des animaux, territoire des hommes : aspects et enjeux du retour des grands prédateurs
Les animaux font partie de ces "oubliés de la géographie" (N. Blanc et M. Cohen, 2001). Même la biogéographie, qui a su replacer ses approches dans un cadre social et culturel, néglige le champ de la grande faune, ce qui est déploré par Paul Arnould (1994). Pourtant, nombre d’espèces animales posent des problèmes territoriaux, écologiques et socio-culturels. L’étude des grands prédateurs en France (ours, lynx, loup) est un cas d’école pour aborder les relations société / nature. Ses problématiques renvoient aux aspects politiques et conflictuels inhérents aux questions environnementales. Les territoires des zones rurales concernées, souvent marginales, sont l'objet d'une demande d’environnement qui parcourt toute la société mais qui n’est pas sans rencontrer des résistances. Les enjeux prennent souvent des formes plus complexes que la caricaturale opposition entre des ruraux a priori hostiles à la conservation de la nature et des citadins écologistes rêvant d’une nature sans hommes et soutenus par un État central.
L’ours (Ursus arctos), le loup (Canis lupus) et le lynx (Lynx lynx), encore largement présents sur le territoire français au XVIIIe siècle, ont quasiment tous disparu au milieu du XXe siècle, victimes de la chasse, du piégeage, de la destruction des milieux naturels et seuls quelques ours persistaient dans les Pyrénées. Depuis les années 1980, ils ont le statut d’espèce protégée (Convention de Berne), conforté par la directive Habitat de 1992 [2]. Si ces trois espèces ont fait leur retour en France dans des territoires aux caractéristiques proches, leur état de conservation et leurs dynamiques de croissance territoriale sont néanmoins distincts.
Après avoir abordé les conditions et le contexte du retour des prédateurs sauvages en France, nous verrons en quoi ces espèces emblématiques sont des analyseurs des évolutions de certains territoires et de notre société, puis nous ouvrirons sur les perspectives qu’offre leur conservation.
De leur disparition à leur retour, des animaux sans frontières
Le loup, des Alpes du Sud à l’Ain
Les loups connaissent un meilleur sort que les ours, alliant croissance territoriale et des effectifs. Alors qu'ils avaient disparu du territoire du Parc national du Mercantour depuis près de 50 ans, deux canidés ressemblant à des loups y ont été aperçus lors d’un comptage de chamois et de mouflons en vallon de Molières en 1992. Environ six mois tard, après vérifications et tergiversations, la présence du loup est officiellement reconnue en France. S’agit-il d’une réintroduction, artificielle et donc aidée par l'homme, ou d’un retour naturel ? Un groupe de pression agricole tente de démontrer que l’espèce a été réintroduite mais une réapparition naturelle spontanée est la plus vraisemblable (encadré ci-dessous).
La progression  du loup de l'Italie vers la France
Pour comprendre la réapparition du loup en France, il suffit de voir ce qui se passe de l’autre côté de la frontière, en Italie où il n'a jamais disparu. Il en reste moins de 100 spécimens lorsque sa protection a débuté en 1973. Il commence sa reconquête territoriale à partir du bastion principal que constitue le massif des Abruzzes. En quelques années, il réapparaît dans de nouvelles zones, profitant des milieux naturels très favorables (zones de forêt) et des milieux péri-urbains où ordures et chiens constituent son alimentation principale. Tout à fait capable de traverser routes, autoroutes, voies ferrées et ponts, les loups pionniers peuvent parcourir de 80 à 100 km en 24 heures. En effet, une meute a besoin d’un territoire de 150 à 200 km² pour vivre, chasser et se reproduire. Or, le nombre de loups sur un territoire étant à peu près stable au regard de ce que peut fournir le milieu, la meute exclut régulièrement des jeunes à la fin de leur croissance. Ce sont ces derniers, vagabonds, endurants mais exposés à une forte mortalité qui vont errer jusqu’à trouver un partenaire du sexe opposé pour fonder une nouvelle meute. Cela explique la colonisation aléatoire des loups qui pratiquent une expansion par bond et non en tache d’huile.
On profite du nom de la sous-espèce du loup italien "loup des Abruzzes" pour sous-entendre que les loups colonisateurs des Alpes françaises sont directement originaires de ces montagnes du cœur de l’Italie. Or ce massif est trop éloigné et les populations de loups discontinues ainsi que le montre cette carte d’expansion du loup selon le Groupe Loup Italie (regroupement d’experts du loup). En mars 2004, un loup italien renversé par une voiture près de Parme a été, après avoir été soigné, équipé d’un radio-émetteur puis relâché. Le dispositif de suivi indique qu’il avait, en novembre 2004, parcouru 400 km vers le nord-ouest, en direction des Alpes françaises et de la zone frontalière du Mercantour : une preuve supplémentaire du retour naturel du prédateur.
Dès le début des années 1990, des spécialistes italiens alertent, sans retenir beaucoup leur attention, des biologistes français et la direction du Parc du Mercantour de l’arrivée imminente du loup. Pourtant ce sont bien des Canis lupus italicus qui foulent les Alpes françaises. Le dynamisme de la colonisation est surprenant. Dès 1997, les loups fréquentent le Plateau de Canjuers (Var), le massif du Queyras et les Hautes-Alpes. En 1998, leur présence est attestée dans les Monges (Alpes-de-Haute-Provence), puis dans les massifs du Vercors (Drôme, Isère) et de Belledonne (Isère, Savoie) l’année suivante en 1999. De 2000 à 2003, le loup montre sa trace dans les Préalpes de Grasse non loin de Nice, en Maurienne (Savoie) et dans le Bugey (Ain). Sa présence est même attestée dans les Pyrénées-Orientales.
Cette dynamique de colonisation peut paraître surprenante. Cependant, le rythme de progression du loup est comparable à celui observé en Italie. De plus, de nombreux facteurs socio-territoriaux et écologiques favorisent cette colonisation dans les zones de montagne françaises particulièrement touchées par des modifications d'usage et par l'extension d'espaces peu perturbés par les activités humaines. Parallèlement, l’imposition des plans de chasse et les différents programmes de réintroduction du gibier ont contribué à reconstituer des populations de proies nécessaires au loup (chamois, mouflons, cervidés). Pour différentes raisons, ces territoires bénéficient fréquemment du statut d’aires plus ou moins protégées : réserves naturelles, parcs naturels régionaux, parcs nationaux, ce qui a pour effet d’accroître le degré de protection de l’espèce…
Farid Benhammou
Géographe,
Docteur en Sciences de l’Environnement - Géographie
AgroParisTech - ENGREF, Ecole Nationale du Génie Rural des Eaux et des Forêts
Enseignant, Lycée F. Villon, Beaugency (45)
tel : 06.65.36.66.46 / 02.38.52.07.92
voir une synthèse des travaux et la suite de ce texte :
http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/breves/2006/3.htm
Télécharger la thèse : http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/breves/2006/popup/TheseBenham.pdf




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