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vendredi 8 avril 2011

Drôme : le prochain accident sera en Vallée du Rhône...


PIERRELATTE (Drôme) - Le Tricastin, une fourmilière dédiée à l'enrichissement d'uranium…Au loin, deux gigantesques tours réfrigérantes et leur panache de vapeur. A l'entrée, pistolet à la ceinture, des gardes contrôlent les accès. Entre les deux, les 650 ha de la plate-forme Areva du Tricastin, plus important site d'enrichissement d'uranium en Europe.
"Ce site intégré unique", classé confidentiel défense, couvre "toutes les étapes de la production", jusqu'au démantèlement des installations nécessaires à la fabrication de combustible pour réacteurs nucléaires civils, expliquent à l'AFP les responsables de la communication de la plate-forme, spécialisée dans la chimie de l'uranium.
En bordure du Rhône, entre Drôme et Vaucluse, 3.000 salariés - plus de 7.000 avec les sous-traitants et EDF, qui exploite la centrale nucléaire voisine - sont employés par les six filiales d'Areva présentes sur le site, le coeur du dispositif étant constitué des usines d'Eurodif et de la SET (Société d'enrichissement du Tricastin).
Vacarme assourdissant, chaleur étouffante, couloirs si longs que les employés, vêtus de combinaisons vertes, masque à gaz en bandoulière, s'y déplacent à vélo: l'usine George-Besse I d'Eurodif, désormais en fin de vie, a durant plus de 30 ans assuré jusqu'à "un quart de la capacité mondiale" d'uranium enrichi, par la méthode dite de diffusion gazeuse.
A quelques encablures, flambant neuve, juchée sur une butte anti-inondation, sa façade percée de grosses canalisations aux couleurs vives lui conférant des airs de centre Georges-Pompidou, l'usine Georges-Besse II opérée par la SET prendra peu à peu le relais, enrichissant le minerai par centrifugation, méthode plus économe en énergie.
Egalement présents sur le site, la Socatri - qui avait défrayé la chronique en 2008 lorsque 74 kg d'uranium avaient été répandus dans le milieu naturel - chargée du démantèlement des matériels et du traitement des effluents, ainsi qu'Areva NC, qui intervient sur les déchets, ou encore la Comurhex (transformation de l'uranium en hexafluorure), sans oublier la centrale EDF et ses quatre réacteurs.
Une telle concentration d'activités nucléaires représente-t-elle un risque radiologique particulier ?
"Vous savez, la radioactivité est présente à l'état naturel", minimisent invariablement les interlocuteurs sur place, rappelant par ailleurs que l'uranium ne devient hautement radioactif qu'après avoir été irradié dans un coeur de réacteur.
Le véritable risque admis est plutôt chimique: l'hexafluorure d'uranium, gaz à partir duquel est produit l'uranium enrichi, est en effet fortement toxique. "Tout le site est organisé à partir de ce risque-là", confirme le Dr Michel Carles, médecin du travail.
Ce que craint Roland Desbordes, président de la Criirad (Centre de recherche indépendant sur la radioactivité), c'est l'accumulation d'éléments radioactifs, la vétusté de certaines installations et "l'effet domino".
"Indépendamment, c'est faiblement radioactif, mais en activité totale, vu les tonnages, on est en présence de l'équivalent de plusieurs coeurs de réacteurs", affirme-t-il. En outre, "il y a de vieilles installations, pas toujours aux normes anti-sismiques et anti-inondations", selon lui.
Il alerte enfin sur "l'effet domino", dû à la proximité d'installations chimiques et nucléaires, lequel verrait un incident sur une partie du site atteindre en cascade des équipements sensibles.
A M. Desbordes qui estime qu'"on a eu beaucoup de chance jusque-là", les autorités du site répondent "respect des normes", "prévention" et "formation".
Apis
Incident nucléaire de niveau 2 à la centrale nucléaire du Tricastin
Ce sont les groupes électrogènes qui ont posé problème...
Une usure prématurée de coussinets sur des groupes électrogènes de secours a été signalée jeudi par EDF et aussitôt qualifiée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) comme «un incident de niveau 2» au Tricastin (Drôme) et une simple «anomalie» pour 18 autres réacteurs. «EDF a décidé, à titre préventif, de remplacer tous les coussinets concernés par des pièces neuves», a annoncé jeudi le groupe public d'électricité dans un communiqué. «Ces opérations de maintenance, réalisables lorsque les réacteurs sont en fonctionnement, ont débuté le 12 février 2011», ajoute-t-il.
Des coussinets qui se sont dégradés prématurément et rendraient les groupes inopérants.
Sur les réacteurs 3 et 4 du site de Tricastin, les deux groupes électrogènes, ainsi que le groupe électrogène commun à l'ensemble des réacteurs du site, «sont équipées de coussinets potentiellement sensibles», explique l'ASN dans un communiqué, pour justifier le classement en niveau 2. EDF a pour sa part précisé qu'au Tricastin le remplacement du coussinet du troisième groupe de secours « a d’ores et déjà été réalisé le 17 février 2011». Sur les autres sites concernés, l'ASN relève que «chaque réacteur dispose d'au moins un groupe électrogène (...) équipé de coussinets d'une autre marque», qui ne présentent pas ce défaut entraînant une «dégradation plus rapide que prévue des coussinets». L'anomalie a été classée de niveau 1 sur l’échelle Ines, qui en compte 7, pour les centrales de Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Saint-Laurent (Loir-et-Cher.)
Les groupes électrogènes de secours à moteur diesel permettent d'alimenter les systèmes de sûreté du réacteur en cas de perte de l'alimentation électrique par le réseau national, rappelle l'ASN. Les coussinets sont destinés à limiter les frictions entre les pièces mobiles des moteurs diesel, précise-t-elle. Après la défaillance d'un groupe électrogène, lors d'un essai, à la centrale du Blayais, une dégradation plus rapide que prévue des coussinets a été constatée. 26 groupes électrogènes de centrales nucléaires françaises sont équipées de ce type de coussinets, précise l'ASN qui a demandé à EDF de présenter un plan d'actions correctives.
Cinq anomalies génériques par an
«On a mis en évidence une usure prématurée des coussinets qui nécessite de changer les coussinets de manière plus fréquente que dans nos programmes actuels. Aujourd'hui, on les change à peu près tous les dix ans», a expliqué Jean-Philippe Bainier, directeur opérationnel du parc nucléaire d'EDF. Chaque réacteur nucléaire doit disposer, en permanence, de cinq sources d’alimentation électrique différentes lui permettant de faire fonctionner «l’ensemble de ses matériels dont ses systèmes de sûreté». Pour les réacteurs concernés par l'anomalie, ces cinq sources sont deux lignes à haute tension, deux groupes électrogènes diesels et un troisième groupe de secours commun à la centrale. Le 1er février, EDF avait déjà signalé une anomalie classée de niveau 1, présente dans 34 réacteurs nucléaires, dans la mesure des débits d'eau d'un système de sécurité utilisé dans des circonstances exceptionnelles.
EDF exploite un parc de 58 réacteurs nucléaires en France, répartis sur 19 centrales. Le groupe public, qui gère un parc «standardisé», déclare environ 5 anomalies génériques par an, selon M. Bainier.
Apis

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