Information Participative

Médias Citoyens Diois continu !

Retrouvez-nous sur notre nouveau site :

http://mediascitoyens-diois.info

samedi 19 février 2011

Tous pourris, non, mais tous libéraux, assurément…
Bien sûr, ça donne envie de tout confondre… Après les frasques tunisiennes du couple Alliot-Marie / Ollier, celles, égyptiennes, du présumé vertueux François Fillon incitent à une indignation éditoriale bien partagée. Des nuances transpirent, dans la justification plus ou moins diplomatique de ces escapades plus ou moins privées, entre mélange des genres et conflit d’intérêts, mais le fond de sauce est commun. Dès lors, à chacun son mensonge : celui, bafouillé dans une répétitive dénégation, de la titulaire des Affaires étrangères, est pathétiquement grotesque ; celui du Premier ministre, prétendant anticiper la publicité d’une inéluctable révélation, est vicieusement misérable. Seule sa déclinaison varie.
Le président de la République irréprochable en croisière Bolloré l’inaugura : outre que tout ça ne coûte pas un rond au contribuable (tu parles !), ces compromissions n’auraient pas donné lieu à «enrichissement personnel» des, si j’ose dire, intéressés (1). Et les diplomates, pour justifier ces nécessaires torsions du col de la morale, invoquent en vrac Realpolitik et déficit du commerce extérieur qui leur font obligation de dîner avec des brigands et de coucher avec des crapules.
Et partout se claironne que ces mœurs, de longtemps établies, furent également partagées par des sommités de tous bords, qu’elles fussent de droite ou «de gauche», dans les noces compliquées de l’Union pour la Méditerranée et de l’Internationale socialiste. Pensez ! Même des journalistes s’en seraient accommodés. Personne ne dément.
Et voici que remontent, sous le blanc manteau de ce qui fut la «politique arabe de la France», tous les remugles racistes d’un colonialisme dont le vieux, le très vieux, le cacochyme pays ne s’est jamais véritablement départi. Deux révolutions - à moins qu’elles n’en fassent qu’une - en Tunisie et en Egypte (série en cours) réactualisent de morbides souvenirs. Celui de ce couvre-feu instauré dans les banlieues françaises, à l’automne 2005, pour faire pièce aux «émeutes de Clichy-sous-Bois», lors desquelles deux gamins fuyant l’arbitraire policier moururent électrocutés ; M. de Villepin, Premier ministre, avait alors invoqué une loi de 1955, abondamment sollicitée durant la guerre d’Algérie. Ou cet autre, du «discours de Dakar» de juillet 2007, rédigé par le conseiller Guaino et prononcé par le néoprésident Sarkozy, où il fut pesamment question de «l’homme africain [qui] n’est pas assez entré dans l’Histoire». En écho aux voyages ministériels qui font désordre, on aurait dû mieux considérer ce que signifia celui, avorté, des trois députés UMP Censi, Dumoulin et Mancel, en Côte d’Ivoire pour y honorer le dictateur Gbagbo, toujours officiellement déchu, selon Paris, mais encore terriblement en exercice.
Et voici que l’homme arabe - l’homme musulman, même ! - aspire à des élections libres et à entrer dans la démocratie ! La prétention est si inconcevable qu’elle ne fut pas conçue…
C’est que la démocratie, comme la civilisation, appartient consubstanciellement au riche. Au pauvre, l’obscurantisme et la barbarie - et de toute éternité, s’il vous plaît ! Cette culture du Tout nous est dû (nous le valons tellement bien !) constitue l’essence même du libéralisme éternellement prédateur - une peste fédératrice dont tous sont frappés. Les Areva et les Bolloré y sont aux peuples du Sud ce que des Woerth et des Bettencourt sont au peuple hexagonal d’en bas… Que les nantis se goinfrent toujours plus, tandis que les autres en crèvent ne signifie pas que les premiers tirent profit d’une quelconque injustice, mais ressortit à un ordre que la corruption ne déshonore pas. Ainsi l’homme homme, l’homme blanc, l’homme patronal, l’homme actionnaire, l’homme capitaliste, ne saurait-il être regardé comme «pourri», ni, cela va sans dire, ses élus non plus. Il est, ils sont, en conscience et tout simplement, supérieurs
Sans doute les révoltés du Caire et de Tunis sont-ils susceptibles de modifier ce bel ordonnancement. Sur France Culture, Max Gallo les saluait dans ce soupir du cœur : «Ils portent, poitrine nue, NOS (c’est moi qui souligne) valeurs.». Car, même «de gauche», le libéral conserve le sens du possessif.
(1) A propos d’usage de l’argent public, ceci, anecdotique, mais quand même… Vendredi dernier, dans la matinale de France Inter, vers 7 h 45, Patrick Cohen, qui y remplaça Demorand (1 bis), commenta dans un ricanement le lancement d’une page de publicité par un incongru  : «Il faut bien payer Stéphane Guillon!» Cette subtile allusion au jugement des prud’hommes condamnant MM. Hees et Val à verser à l’humoriste abusivement licencié quelque 200 000 euros, ne résonnait pas d’une spirituelle bienveillance. Il lui pousse des dents, à Patrick Cohen ?
(1bis) Que le désir de réenchantement de la gauche patiente : le nouveau chef de «Libération» nous échoira début mars, au terme de son préavis chez Europe1.
PIERRE MARCELLE

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire