Information Participative

Médias Citoyens Diois continu !

Retrouvez-nous sur notre nouveau site :

http://mediascitoyens-diois.info

vendredi 11 février 2011

L' attitude bulldozer...

L'attitude bulldozer
Ce n'est pas pour rien que le discours des gens d'affaires est truffé d'expressions sportives. La rivalité entre entreprises prend souvent les allures d'une course au championnat. Avec des dirigeants qui se motivent comme des joueurs de football réunis en caucus qui émettent de gutturaux cris de guerre une fois leur plan de match établi.(photo : entée de Die)
La communauté d'affaires jette un regard admiratif sur les chefs d'entreprise combatifs qui partent à la conquête de nouveaux marchés, qui achètent d'autres sociétés ou qui bousculent les pratiques établies.
Peut-on désirer trop ardemment ce qui est bon ? Demandait Shakespeare. Chose certaine, la testostérone, sécrétée en trop grande quantité, est mauvaise conseillère en affaires.
Le départ précipité de Jurgen Schreiber à la tête de Shoppers Drug Mart, plus tôt cette semaine, reste inexpliqué. D'autant plus que l'entreprise est au tout début d'un plan de restructuration visant à diminuer son accoutumance envers les médicaments.
Mais s'il faut spéculer sur la raison pour laquelle ce dirigeant s'est séparé de cette chaîne de 1240 pharmacies, dont tous les Pharmaprix du Québec, le caractère querelleur de Jurgen Schreider vient tout de suite à l'esprit.
Ancien dirigeant pour l'Europe du détaillant hongkongais Watson&Co., Jurgen Schreider a eu la difficile tâche de succéder à Glenn Murphy en 2007. Après 22 trimestres consécutifs de revenus à la hausse qui ont permis de doubler les profits par action, Glenn Murphy a attiré l'oeil de chasseurs de têtes. Ils l'ont invité à diriger le détaillant américain Gap.
Il est parfois plus difficile de maintenir un succès que de redresser un canard boiteux, comme l'a appris Jurgen Schreider. Le ciel est tombé sur la tête de Shoppers Drug Mart au printemps dernier, lorsque le gouvernement ontarien a changé les règles du jeu pour les médicaments génériques.
L'Ontario a réduit de moitié la somme qu'elle rembourse aux sociétés pharmaceutiques pour les médicaments génériques qui figurent sur sa liste.
De plus, la province a déterminé que les ristournes versées aux pharmaciens par les fabricants de médicaments génériques, surnommées «indemnités professionnelles», seraient dorénavant illégales. Or, les fabricants de médicaments génériques ont versé près de 750 millions de dollars en indemnités aux pharmacies canadiennes en 2009.
Ces décisions et leurs répercussions ailleurs au pays (le Québec et la Colombie-Britannique emboîtent le pas à l'Ontario) ont de lourdes répercussions pour Shoppers Drug Mart. À son dernier trimestre, les profits ont reculé de 3% par rapport à l'année précédente, une première depuis son entrée en Bourse, en 2001.
Mais au lieu de tenter de négocier un compromis moins douloureux avec l'Ontario, Jurgen Schreider a contre-attaqué avec férocité. Ce dirigeant a affirmé qu'il réduirait les services et reporterait l'ouverture de nouveaux magasins en Ontario. Il a d'ailleurs commencé en réduisant les heures d'ouverture des pharmacies de London, où se trouve la circonscription de la ministre de la Santé de l'Ontario, Deb Matthews. Ce qui n'a fait qu'accroître la détermination de la ministre d'aller de l'avant avec son plan...
Puis, Jurgen Schreiber s'est mis à dos une association aux côtés de laquelle il avait combattu la réforme ontarienne. Shoppers Drug Mart a cessé de rembourser la contribution annuelle de ses pharmaciens à l'Association des pharmaciens de l'Ontario. Une petite économie qui a brûlé un pont.
Pour couronner le tout, deux franchisés viennent d'intenter une poursuite de 1 milliard de dollars tout en demandant à la cour qu'elle la reconnaisse comme recours collectif. Ils affirment que Shoppers Drug Mart n'a pas refilé aux franchisés l'argent reçu des fabricants de médicaments génériques, contrairement au partage des revenus convenu.
Ce sont ces querelles qui ont détourné l'attention du plan stratégique de Jurgen Schreiber. Un plan sur trois ans qui prévoit que Shoppers Drug Mart se lancera dans les services financiers et l'exportation de médicaments génériques de marque privée. Peut-être que Shoppers connaîtra du succès dans ces domaines. Mais Jurgen Schreiber ne sera plus là pour les savourer.
C'est cette même intransigeance que le grand patron de Potash Corporation a perçue dans l'offre d'achat hostile de BHP Billiton. «S'ils étaient présentés avec un peu plus d'humilité, l'histoire se serait peut-être terminée autrement», a dit jeudi Bill Doyle, en entrevue au Globe and Mail.
Bill Doyle, rappelons-le, ne s'était jamais opposé au principe d'un rachat par ce géant minier de l'Australie. Mais il jugeait l'offre de BHP insultante. Son opinion n'aurait pas eu autant de poids si BHP n'avait pas menacé de casser le consortium Canpotex, l'agence de commercialisation de laquelle la province de la Saskatchewan tire une partie de ses revenus. Le premier ministre Brad Wall est monté aux barricades. Avec la suite que l'on connaît aujourd'hui.
Creuser un puits en fracturant le sol. Puis regarder autour pour voir si les travaux incommodent les voisins. C'est aussi l'attitude bulldozer qu'a prise l'industrie du gaz de schiste.
En forant au plus vite plutôt qu'en se souciant de l'acceptabilité de leurs projets, des promoteurs ont braqué les Québécois contre cette activité économique avant même qu'on découvre si elle peut être sécuritaire et prometteuse. Une opposition qui a encore été alimentée, hier, par le constat d'infraction livré à Talisman Energy. Cette entreprise n'a toujours pas colmaté la fuite constatée en décembre à son puits de Leclercville.
Shoppers Drug Mart, BHP Billiton, industrie gazière : dans ces trois cas, des attitudes agressives ont desservi les intérêts des entreprises. Au point où elles ont torpillé leurs projets.
Je vous laisse tirer la morale de l'histoire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire