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samedi 26 février 2011

Il n' y a pas d' Ecologie de Droite...

Nicolas Hulot, candidat de l’écologie, courant gel douche
Pour avoir vécu de très près celle de Jospin, où j’étais chargé d’une partie de l’intox, et celle de Royal, ou j’étais chargé de la contre-intox, je me doutais bien un peu que cette présidentielle 2012 s’annonçait encore plus baroque que les précédentes… mais quand j’ai appris que le patron de la marque de gel douche qui trône dans ma salle de bain envisageait sérieusement de se présenter, j’en suis quand même resté légèrement sonné.
Nicolas Hulot ! Si ! Rappelez-vous : ce type qui faisait du parapente au-dessus des hippopotames devant les caméras de TF1 à la fin des années 80 en nous commentant tout ça d’un râle d’asthmatique en fin de vie. Eh bien je vous rassure, il va très bien : il s’est reconverti avec un succès certain dans l’industrie cosmétique.
C’est qu’au début des années 90, au plus fort de sa gloire télévisuelle, se présente une opportunité rare : L’Oréal est absent du secteur gel douche et souhaite y investir. Le pur coup de chance car, comme le confesse Patrick Le Lay, l’homme qui gère nos temps de cerveau disponibles, «on n’a jamais retrouvé une marque de la puissance d’Ushuaïa» (1). Un partenariat est donc signé entre L’Oréal, TF1 et une société Eole «Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (7022Z)», qui gère les intérêts de Nicolas Hulot, et qu’il possède à concurrence de 498 parts sur 500 ; cette société tire plus des deux tiers de ses revenus de la vente des produits dérivés Ushuaïa. Depuis 2006, les comptes d’Eole ne sont plus publiés, comme l’y oblige pourtant l’article R-247-3 du code de commerce. Il est vrai qu’acquitter l’amende prévue (minime : 3 000 euros et 9 000 euros en récidive) plutôt que d’exposer au grand jour les profits moralement discutables que rapportent des partenariats avec L’Oréal et TF1 est sans doute un calcul de gestionnaire d’image de marque avisé. 9 000 euros par an, ce n’est pas cher payé par rapport au risque que la ménagère de plus de 50 ans s’aperçoive soudainement que Nicolas Hulot n’est pas seulement le gentil chevalier blanc qui se bat pour sauver la planète et les gentils dauphins, mais aussi un homme d’affaires comme des millions d’autres en ce bas monde.
D’autant qu’un document semble révéler que Nicolas Hulot a des motivations moins altruistes qu’on aurait pu le croire. Il s’agit du très récent (2 février) «rapport d’information de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale» sur les modes de financement et de gouvernance des associations de protection de la nature et de l’environnement.(2) Extrait :
«Nous avons mis le doigt sur des situations assez étonnantes. Ainsi, nous avons rencontré une fondation de protection de l’environnement - celle de Nicolas Hulot - dont EDF et L’Oréal sont des administrateurs et des financeurs importants. Peut-on, dans ces conditions, tenir un discours neutre sur les choix énergétiques et sur les pratiques de vivisection dans l’industrie des cosmétiques ? […]Il me semble que nous, élus de la nation, avons une responsabilité morale et politique majeure.[…] Quand Veolia et EDF financent Nicolas Hulot, que sait-on de leurs actions et que pensent les Français d’un tel mécénat d’entreprise ?»
La candidature Hulot signe la mort de l’écologie politique. Elle annonce l’avènement d’une écologie soft, apostolique, qui fait le lit de l’oxymore «croissance verte» concocté par les think-tanks américains et que le Medef essaie de nous revendre. Une écologie débarrassée de cet horrible clivage gauche-droite qui fait tant de peine au petit cœur de boy-scout de Hulot.
Maintenant, pour ce qui regarde la candidature Hulot en elle-même, je ne suis pas certain qu’il faille absolument, même pour amuser Dany, organiser cette imposture politique pathétique, celle de l’homme-marque. Il est vrai qu’au bout de quatre ans de sarkozysme en bande organisée, on en vient à douter absolument de tout. Mais, même au sein du règne de l’absurde le plus obscène, il reste quelques évidences irréfragables : il y a des gens qui sont taillés pour le parapente et d’autres non. On n’imagine pas Mélenchon en parapente. Encore moins Nicolas Hulot en politique.
PHILIPPE DE TILBOURG, Consultant politique en technologies de l'information et de la communication
 (1) «Sain Nicolas», Bérengère Bonte, Ed. du Moment, 2010. 
(2) Rapport www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3142.asp

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