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mercredi 26 janvier 2011

L' Etat sacrifie les énergies renouvelables

Le gouvernement casse les énergies renouvelables made in France, pourquoi ?
Le Gouvernement, contre toute logique économique et industrielle vient de sacrifier la dernière énergie renouvelable qu’il n’avait pas encore anéantie, le solaire photovoltaïque.
Après la mise en place d’un moratoire sur les raccordements électriques des installations solaires, voici que la France souhaite instaurer des quotas solaire (comme s’il s’agissait de quotas carbone !), à savoir 500MW par an quand nos voisins allemands sont à 8000MW.
La décision du gouvernement a eu pour premier effet l’annulation de plus de 800 millions d’euros d’investissement en création/extensions d’usines de panneaux solaires français et la plupart des fabriquant sont en train de préparer le démontage et la délocalisation des unités de production existantes vers des pays disposant d’un vrai marché. C’est catastrophique. L’UMP réussit l’exploit de précipiter la désindustrialisation verte avant même qu’elle ait commencé tout en favorisant l’arrivée des produits chinois.
Au pays (bien seul) du tout nucléaire, les responsables UMP sont restés bloqués dans les années 70-80.
Cette énergie, dont nous tirons le bénéfice d’un KWh dans les moins chers d’Europe grâce au programme nucléaire amorti et à la non prise en compte d’un certain nombre d’éléments, a réussi en France le pari incroyable de faire oublier les problématiques colossales qu’elle engendre. Problèmes de sécurisation et de déchets pour les siècles et les générations à venir, problèmes géopolitiques liés à l’uranium qu’il faut bien extraire (surtout pas en France !) dans des pays très démocratiques comme le Niger avec son cortège d’implications diplomatiques. De ce pays, dont notre fierté nationale tire 30% de son combustible, l’on devrait imaginer qu’il a forcement dû profiter de la manne nucléaire et en tirer profit pour son développement. La France aurait au moins fait cela pour ne pas se permettre de voir notre nucléaire attaqué sur ce plan ! Et bien non, le Niger et ses 15 millions d’habitants partagent avec une consternante régularité la dernière place de l’indice de développement humain, parfois avec 1 ou 2 pays suivant les décennies. C’est même le seul pays en 2010 à être dans la catégorie IDH de moins de 0,350 (Haïti : 0,546). La France leur apporte au moins de la continuité dans la présence de forces armées pour « stabiliser » la zone, avec le succès que l’on connait (AQMI, otages, rébellion touareg), et l’apport démocratique (dizaines de coups d’état) que les Nigériens connaissent.
Le gouvernement a placé le solaire sous le feu des projecteurs tout au long de l’année 2010 en l’harcelant de décret, avançant un risque de surcouts trop importants, ou encore en martelant le mensonge éhonté de « 90% des panneaux installés sont chinois ». Pendant ce temps, la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires se fait sans l’ombre d’un débat public à raison de 600 à 800 millions d’euros par réacteur (il y en a 58). Et AREVA comme EDF de lancer une grande campagne de promotion du nucléaire via des spots télévisés et radiophoniques qui tentent de faire passer le nucléaire pour propre à défaut d’être renouvelable, de faire croire qu’il s’agit de l’énergie du futur (de nombreuses plaintes sont déposées concernant ces publicités). Mais comment lancer une filière industrielle du renouvelable sans investissements ? Cela fait à peine 2 ans que le solaire débute en France et il aurait dû en un si court laps de temps devenir une filière mature et concurrentielle ? Le nucléaire a bénéficié de 50 années de subventions et de soutien massif de la part de l’état et de dizaines d’années de recherche et de maturation avant de pouvoir être lancé à grande échelle. Pourquoi une telle différence ?
L’UMP ré-engage la France dans la seule voie du nucléaire, sans débat et en tuant dès le départ toute autre filière industrielle. Le secteur énergétique français est ainsi contraint à miser tous ses œufs dans le même panier. Pourtant le nucléaire ne produit que 15% de l’électricité mondiale et cette part ne cesse de diminuer malgré la construction de nouveaux réacteurs, qui ne suffisent pas à enrayer la fermeture des plus anciens. Le nucléaire est de plus en plus dépendant d’autres pays (cuves de l’EPR fabriquées par le Japon, Uranium totalement importé). Le KWh nucléaire coute de plus en plus cher, il est passé de 3/4 cent € à 5,5/7 cent d’euros en moins de 10 ans quand le KWh des ENR ne cesse de baisser et n’est structurellement lié au cours d’aucune énergie fossile. Ainsi le Kwh solaire est passé dans les pays les plus avancés de plus de 60 cent à moins de 20 cent en seulement 5 ans, le Kwh éolien terrestre est à parité réseau et le Kwh éolien maritime est en passe d’atteindre cette parité.
Pendant ce temps le gouvernement, aveuglé par ses « experts » du nucléaire, continue à tenter de fourguer son EPR qui perd un à un les appels d’offres internationaux. Nous voici réduits à brader ces EPR en inventant le concept « machine expresso » à prix cassé et au « combustible » onéreux. Mais si cela peut faire illusion quelques temps, la menace concurrentielle portée par les coréens, les allemands et les russes, sans compter la chine ne laisse, aucune chance à notre EPR national. Comment vendre une machine plus chère, pas plus sûre pour autant et largement surdimensionnée quand nos concurrents proposent tous des produits moins chers, autant voire plus sûr et dans des gammes plus variées ?
Pourtant notre pays dispose d’atouts industriels indéniables, une main d’œuvre qualifiée et très productive, des infrastructures de premier plan, des entreprises nationales de premier rang, une qualité et un cadre de vie largement au dessus de la moyenne pour ses employés et des capacités de financement importantes. Nombreux sont ceux qui mettent en avant, avec forces études, tribunes, prises de positions l’opportunité unique dont dispose la France aujourd’hui pour se placer sur le marché de l’éolien off shore. Le solaire qui était en train d’émerger en France, avec une capacité de production qui devait passer de 450 MWc à 650 MWc en 2011 pour un marché annuel de 850 MWc voit ses projets de créations et d’extension d’usines abandonnés, ses investisseurs lassés des promesses non tenues et des revirements incessants. Et pourtant l’opinion plébiscite les ENR, les collectivités locales les soutiennent fortement, les industriels qui voient nos voisins européens y investir massivement veulent s’y lancer mais le gouvernement reste obnubilé par le tout nucléaire.
Nos voisins européens sont en train de structurer d’importantes filières de production d’énergies renouvelables, l’Angleterre dans l’éolien off shore, l’Allemagne dans l’éolien et le solaire, le Danemark dans l’éolien, etc.. Ces secteurs connaissent des croissances colossales, créent des centaines de milliers d’emplois le plus souvent non délocalisables et les perspectives à long terme sont de plus en plus attractives. Resterons-nous sur le bord de la route à regarder passer les trains d’éoliennes et de panneaux solaires en tentant un énième appel d’offre pour vendre nos EPR ?
Sans parler de doter la France d’objectifs plus ambitieux dans les ENR, il serait déjà bon que la France se donne les moyens d’atteindre les siens, plutôt que d’être l’un des seuls pays européens à ne pas y arriver. La France doit produire 23% d’énergie renouvelable en 2020 et dans l’état actuel des choses nous ne dépasserons pas 17%. L’objectif de 2010 était déjà de 21%, nous en sommes à 14%.
Il est grand temps de lancer le débat de l’énergie en France.
Corentin

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