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jeudi 27 janvier 2011

Die 26150: Ce matin Water Makes Money aux Rencontres Régionales de Die

JEAN-LUC TOULY, licencié par Veolia qui a dû le réintégrer, cet ex-syndicaliste CGT combat la marchandisation de l’eau ce matin avec Water Makes Mone à Die (120 personnes présentes).
Il a retrouvé début septembre le siège de Veolia. Cette fois, il n’y avait pas une haie de CRS pour lui barrer l’accès, ni d’altermondialistes en renfort pour se frotter gentiment avec les forces de l’ordre. Jean-Luc Touly avait rendez-vous avec la DRH, en vue de discuter des conditions de son retour dans la grande maison. Licencié il y quatre ans pour cause de combat contre la marchandisation de l’eau, il vient d’obtenir devant la Cour Administrative d'Appel de Paris sa réintégration chez le délégataire de services publics, qui sous-traite pour les communes ramassage d’ordures, transports ou adduction d’eau. Veolia est contraint d’entretenir un renard dans son propre poulailler.
Les voies du militantisme sont parfois impayables. Quand, licence d’économie en poche, Jean-Luc Touly intègre il y a trente quatre ans la Générale des eaux (rebaptisée Vivendi, puis Veolia, au gré des affaires politico-financières), son employeur ne peut rien suspecter. Son précédent fait d’armes, trois mois de mitard lors de son service militaire en Allemagne pour avoir tenté de créer un syndicat d’appelés, ne figure pas sur son CV. A l’époque, les boîtes du CAC 40 n’en sont pas encore à recruter des anciens policiers ou gendarmes pour déshabiller les candidats à l’embauche. Très vite, Touly devient délégué CGT, puis grimpe les échelons jusqu’à devenir le n°2 du syndicat chez Veolia. Ça coince sur l’éthique du financement syndical. Pour résumer poliment la chose : si les politiques (PS et PCF en tête) n’ont jamais exigé la nationalisation de l’eau et obtenu en retour d’invraisemblables financements occultes, les syndicats des marchands d’eaux se sont rarement départis d’une certaine impavidité bovine. «Je me suis rendu compte de choses bizarres», commente tout aussi courtoisement Jean-Luc Touly. Nonobstant les procès en diffamation qui l’opposeront plus tard à la CGT, retenons simplement ceci : Veolia a plaisir à diffuser des publicités dans la revue confédérale cégétiste.
D’une dissidence l’autre, Touly s’émeut également de ce que Mme Messier, épouse du plénipotentiaire PDG de Vivendi, puisse toucher quelques subsides de l’auguste maison. Il le dénonce, mais cela ne se fait pas, du moins en interne. Touly en prend acte, contourne l’obstacle par l’extérieur.
Ce sera un premier bouquin, l’Eau de Vivendi, les vérités inavouables (Alias). «J’allais au-devant des ennuis, licenciement programmé, convient-il. Mais ma femme m’a encouragé.» La CGT lui ayant chichement mesuré son soutien, suivra un second, l’Argent noir des syndicats (Fayard). De l’art de se faire deux ennemis pour le prix d’un.
Son licenciement sera motivé par une condamnation en diffamation. C’est du moins le prétexte que prendra le ministre du Travail d’alors, Gérard Larcher, actuel président du Sénat, pour autoriser son éviction en dépit de ses mandats syndicaux et prud’homaux. «Le ministre a commis une erreur de droit, a rectifié cet été la cour administrative d’appel. L’autorité n’est pas dispensée de rechercher si les faits reprochés au salarié sont d’une gravité suffisante pour justifier son licenciement.» Sinon, c’est la double peine pour délit d’opinion syndicale.
Entre-temps, Jean-Luc Touly n’a pas mégoté ses engagements. D’abord chez Attac : «Une bouffée d’oxygène, je pouvais enfin parler des enjeux de l’eau sans qu’on me regarde de travers.» Puis chez Anticor (une association anticorruption) et surtout auprès de Danielle Mitterrand. Jusqu’à se faire élire au conseil régional d’Ile-de-France sous l’étiquette Europe Ecologie.
C’est donc un activiste tous azimuts que Veolia est contraint de récupérer en son sein. A mi-temps, l’autre restant consacré à Tatie Danielle, particulièrement remontée contre la marchandisation de l’eau, un concentré à ses yeux de la mondialisation. Dans le sillage de sa fondation, France Libertés, ils ont créé l’Acme (Association pour un contrat mondial de l’eau).
Si Jean-Luc Touly goûte le comique de la situation, il appréhende le choc des cultures. «Il me semble que je suis un peu en conflit d’intérêts. Il serait raisonnable qu’on se quitte à l’amiable.» Hors de question de négocier pour la DRH, l’ordre venant des hautes sphères de Veolia. Son PDG, Antoine Frérot, préfère payer pour avoir le temps de fourbir un pourvoi en cassation. En attendant son examen d’ici deux ou trois ans, Veolia a confié à Touly un poste de la plus haute importance. Il gère les 166 fontaines publiques de la rive droite de Paris, l’un des derniers marchés conservés par Veolia dans la capitale. Le Paris de Bertrand Delanoë étant en pleine phase de retour en régie municipale grâce aux aimables conseils de Jean-Luc Touly…
Désormais intraitable sur la question des fontaines, leur alimentation, leurs horaires de fonctionnement, Jean-Luc Touly conserve un agenda militant plutôt chargé en compagnie de Danielle Mitterrand. Une visite à Martine Aubry, maire de Lille, qui vient de réclamer 115 millions d'euros de pénalités à son distributeur d’eau, une descente chez Bernard Poignant, maire PS de Quimper, qui entend rempiler avec Veolia. Et grosse mobilisation à venir sur la diffusion du film Water Makes Money, nouvelle salve en mode audiovisuel contre les marchands d’eau. Toujours avec sa même méthode : débonnaire, souriante, discutante. Mais également intransigeante. Ne jamais oublier qu’il a baptisé l’un de ses trois enfants Andreas, comme Baader, de la bande du même nom.
Cet omnimilitant est aussi élu local de Wissous (Essonne), réussissant à se faire nommer représentant auprès du Sedif (Syndicat des eaux d’Ile-de-France), regroupant 144 communes de la banlieue parisienne. Le premier marché de distribution d’eau en France, bastion historique de Veolia. Aux bons soins d’André Santini qu’on aurait tort de résumer à ses cigares ou à ses blagues : président du Sedif depuis un quart de siècle, c’est l’homme de l’eau par excellence.
Bille en tête, Jean-Luc Touly part en croisade contre le renouvellement du contrat Sedif-Veolia. Avec d’autres, il tente de fédérer des maires partisans du retour en régie publique. Par une sombre manœuvre, on lui retire son mandat. Qu’à cela ne tienne, changement de tactique : manif devant le siège du Sedif, tentative soft d’occupation des lieux, Danielle Mitterrand restant pudiquement en retrait. En vain, Santini vient de reconduire le contrat avec Veolia. Mais la partie n’est pas finie. Touly s’est fait désigner au comité de bassin de l’Agence de l’eau Paris-Normandie, un autre machin où trône également Santini. Lors de sa dernière réunion, Santini s’est vu contraint de présenter à ses pairs le nouvel impétrant : «C’est un gauchiste, un fou, viré de chez Veolia.» Rectificatif gêné du vice-président de l’Agence (dirigeant de Veolia) : «Il vient d’être réintégré.» Santini : «C’est quoi ce bordel ?»
Association Ecologie au Quotidien
En 6 dates
Octobre 1953 Naissance à Paris.
Février 1976 Embauche à la Générale des Eaux.
Février 1981 Premier mandat syndical à la CGT.
Novembre 2003 Publie l’Eau de Vivendi, les vérités inavouables (Alias).
Février 2006 Licencié par Veolia.
Septembre 2010 Réintégré chez Veolia.
23 septembre. Première du film Water Makes Money.

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