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dimanche 15 août 2010

Editorial : l' optimisme de la volonté



Eloge de l’optimisme

Pourtant ceux qui, dans les années récentes, ont annoncé l'imminence de catastrophes écologiques, sociales, économiques, financières et même civilisationnelles n'ont pas été démentis par les faits et méfaits du capitalisme.

Il court en ce moment une schizophrénie dans le monde politique, qui en dit long sur ce que nous sommes : quiconque dévoile quelque risque est accusé de "pessimisme", grave accusation discréditant celui qui en est affublé : le pessimiste voit tout en noir, donc son avis n'a pas d'intérêt, puisqu'il jurerait qu'il pleut en plein soleil. Et l’obligation culturelle et imaginaire de croire au Progrès, la Technologie, la Croissance et autres mystiques du monde qui s’écroule, orgueil d’un optimisme béat, nous indispose autant qu’exaspère.

Bien sûr, il peut y avoir, dans certains cas, une dimension pathologique au pessimisme systématique ; en particulier quand il vient de gens pour qui tout était mieux avant, tout simplement parce qu'avant ils étaient jeunes. Bien sûr aussi, dans notre monde complexe, où les anticipations jouent un rôle déterminant, des prévisions pessimistes peuvent contribuer à un climat qui conduit au pis : par exemple, en annonçant qu'un pays est insolvable, on pousse les prêteurs à s'en éloigner, le rendant vraiment incapable d'honorer ses échéances.

Pour autant, le pessimisme et l’optimisme renforcent les conditions des transformations sociales et écologiques nécessaires voire indispensables.

D'abord, parce que, malheureusement, dans les périodes les plus noires de l'Histoire, les pessimistes ont eu raison ; et ceux qui les ont écoutés se sont épargnés bien des désagréments. Enfin, parce que la dénonciation systématique du pessimisme et l'apologie de l'optimisme systématique correspondent à une posture de nantis : les riches peuvent se permettre d'être optimistes parce qu'ils savent que de tous les maelströms ils se sortiront mieux que les autres ; par exemple, la crise financière actuelle peut être pour eux une source de profit. Ainsi Guizot disait-il : "Le monde appartient aux optimistes ; les pessimistes ne sont que des spectateurs." En effet : les plus pauvres, eux, sont souvent des spectateurs et ont raison, aujourd'hui, de craindre le déclassement et l’appauvrissement.

Dénoncer le pessimisme, c'est donc se satisfaire du monde comme il est ? D’une certaine façon, l'optimisme est conservateur et évolutionnaire, le pessimisme est révolutionnaire et cynique.

Etre pessimiste ne veut donc pas dire être résigné, au contraire : cela implique d'être capable de faire l'analyse des menaces, de les comprendre, de les prendre au sérieux et d'agir. Avec les optimistes fer des énergies… positives.

On peut être à la fois pessimiste dans le diagnostic et optimiste dans l'action. Par exemple, je suis aujourd'hui résolument pessimiste quant à l'évolution à moyen et long terme de la crise écologique, sociale, économique et financière, et très optimiste sur la possibilité de dépasser cette crise (dans tous les domaines des déplacements, d’habitat, d’urbanisme, d’agriculture, de médecines, de démocratie, d’éducation, etc. largement surannés) et sur l'avenir formidable qui peut s'ouvrir au-delà, en changeant un système mortifère à bout…

Picabia a eu raison d'écrire que "le pessimiste pense qu'un jour est entouré de deux nuits, alors que l'optimiste sait qu'une nuit est entourée de deux jours".

Mais le pessimiste sait, comme l'écrivait le jeune Jean Racine, que les nuits peuvent être plus belles que les jours. Et que c'est justement dans l'adversité que se révèle le meilleur de l'homme.

« Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté » écrivait Antonio Gramsci (1891-1937), qui se serait inspiré de celle de Romain Rolland : « Pessimisme de l'intelligence, mais optimisme de la volonté. »

Claude Veyret

Veyret.claude@wanadoo.fr

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