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mardi 22 juin 2010

Discours de Jean Jack Queyranne


Seul le discours prononcé fait foi
Conférence sociale du 26 avril 2010
- Charbonnières

1) Une situation économique régionale toujours préoccupante
- Notre Région, orientée sur l’industrie et les échanges extérieurs, est fortement impactée par la crise :
Un recul de l’emploi industriel : le chômage a cru d’autant plus en Rhône-Alpes que l’emploi industriel y était plus important que dans la moyenne des autres régions. Les bassins les plus industriels ont ainsi été les plus touchés : Oyonnax, la vallée de l’Arve et Annonay. Sans oublier
Roanne ou la Vallée de la Maurienne - ou encore le Nord-Isère où nous constatons une accélération depuis quelques semaines.
L’industrie en Rhône-Alpes compte désormais plus de salariés dans les fonctions de gestion, de conception-recherche et de commerce inter-entreprises que dans les fonctions de « production » pure (Etude INSEE Mars 2010 – 62% en 1982 et 47% aujourd’hui). On assiste d’ailleurs à un déplacement des créations d’emplois vers les services.
Un chômage en forte croissance. Une augmentation de 13,8% en un an (chiffre au 1er avril 2010). Les chiffres officiels fin février s’établissent à 252 561 demandeurs d’emplois.
Des populations fragilisées : les jeunes, les salariés en intérim ou en CDD, les personnes peu qualifiées, les seniors (près de 25% d’augmentation en un an).
Un chômage qui touche très fortement les femmes : la destruction d’emplois industriels touche beaucoup le personnel féminin.
- Des perspectives de reprise de la croissance incertaines et inégales :
Les perspectives de la reprise restent incertaines - avec le risque d’une croissance molle mais surtout une croissance sans emplois.
Si l’industrie en général redémarre très lentement, il règne une très grande incertitude chez nos entrepreneurs et les carnets de commande sont encore jugés très insuffisants.
Plus inquiétant encore est le ralentissement des investissements. La Banque de France fait état d’un « attentisme notable ».
Dans notre Région, certains secteurs sont encore fortement touchés : je pense à l’automobile (avec la mécanique, le décolletage), l’habillement et le textile, le bâtiment et les travaux publics.
Le nombre de défaillances d’entreprises continue à croître (notamment parmi les jeunes entreprises créées depuis 2004/2007). Il semble que le recours au médiateur du Crédit soit de nouveau en forte hausse.
Nous avons connaissance que davantage d’entreprises sont au bord du dépôt de bilan (dans toute la Région – et spécialement dans les bassins fortement industriels). Nous suivons, avec les services de la Région, plus de 150 entreprises qui sont en difficulté.
- L’ensemble des indicateurs mettent en évidence une crise plus profonde que celle traversée en 1993. C’est pourquoi nous devons continuer de conjuguer nos efforts pour que l’industrie reste le moteur de l’économie régionale.
- L’Industrie reste le moteur de l’économie régionale.
Nous l’avons rappelé dans le cadre des Etats généraux de l’industrie. Au-delà des mutations qui se sont engagées (avec une chimie « plus environnementale », des textiles « plus techniques » et des véhicules industriels « plus propres »), la réduction de l’activité peut menacer la vocation industrielle de notre Région dont dépend près d’un emploi sur deux en Rhône-Alpes. Sans oublier que nous sommes la première région française pour la sous-traitance (20% de la soustraitance française).
Je veux rappeler l’engagement de notre Région : il faut préserver nos capacités industrielles et nos emplois pour tracer le chemin des nouvelles activités et des nouveaux métiers. La fibre industrielle est dans l’ADN de Rhône-Alpes. Nous devons tout faire pour endiguer les conséquences de la crise et soutenir les mutations de notre tissu industriel.
Notre Région étant en « pôle position » des Régions d’Europe pour l’innovation, nous avons le devoir de soutenir les créations d’activités et d’emplois liées à l’innovation sous toutes ses formes : innovation technologique (avec les pôles et les clusters notamment) ; innovation environnementale (c’est le sujet des éco-innovations) mais aussi l’innovation sociale (nous maintiendrons notre soutien au secteur de l’économie sociale et solidaire).
Bien entendu, cela doit s’accompagner d’un soutien réaffirmé aux autres secteurs de l’économie : l’artisanat, le tourisme, l‘agriculture et le monde rural (nous réunissons une conférence régionale agricole jeudi 29 avril).
2) Cette conférence sociale s’inscrit dans la continuité de l’action économique et sociale du Conseil Régional.
Je veux vous en rappeler brièvement les ancrages successifs. Cette Conférence sociale s’inscrit en effet :
- Dans la lignée des Conférences sociales initiées en 2004, qui relèvent du cadre de compétence de la Région, chef de file du développement économique,
- Dans la longue tradition de dialogue social de notre région : humanisme, « pack régional » pour faire face à la crise notamment,
- Dans l’esprit du Schéma régional de développement économique de 2005,
- Dans la droite ligne des 2 plans de soutien (décembre 2008 et juin 2009). Nous nous inscrivons ainsi dans la continuité avec les 2 plans de soutien à l’emploi et à l’économie (ces 2 plans de soutien ont totalisé 134 M€ de crédits qui ont été entièrement engagés),
- Bien entendu également dans la logique de la mobilisation autour des Etats Généraux de l’Industrie. Ces Etats généraux ont suscité beaucoup d’espoir – les élus comme les partenaires sociaux se sont particulièrement mobilisés – je souhaite que les conclusions de cette mobilisation ne restent pas lettre morte. J’ai pris connaissance de la nomination d’un Médiateur national de la sous-traitance, Monsieur le Préfet nous précisera sans doute son rôle et plus généralement, les retombées de cette consultation nationale pour Rhône-Alpes,
- Enfin, une continuité avec le Schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche dont les traductions les plus récentes devraient être le Plan campus et le Grand emprunt.
Une continuité dont nous assumons tout l’héritage. Et aujourd’hui l’occasion de lancer une nouvelle étape.
3) La révision du Schéma régional de développement économique (SRDE) marque le début de cette nouvelle étape.
Cette révision sera l’occasion de remettre en perspective l’action économique et de formation du Conseil régional. Je souhaite que le nouveau Schéma puisse être préparé d’ici la fin de l’année pour être applicable au 1er janvier 2011.
Devraient ainsi être définis les nouveaux objectifs stratégiques de l’action régionale pour les années à venir : pour les aides au développement économique, pour la formation et l’accès à l’emploi – et pour l’innovation.
Je veux toutefois attirer votre attention sur l’insécurité juridique d’une telle révision du SRDE : la loi ne garantissant pas actuellement sa pérennité au-delà du 31 décembre 2010.
Ce nouveau SRDE devra reprendre à son actif les cinq moteurs de la croissance régionale. Je les ai souvent évoqués devant vous :
- il s’agit de l’innovation (qui est la clef de notre compétitivité) ;
- de la formation (qui, par l’excellence de son niveau, est à la fois l’un des grands atouts de notre région et qui permet par ailleurs, de préparer et d’anticiper les mutations économiques et les emplois de demain)
- de la responsabilité écologique (car les ressorts de la croissance sont en grande partie dérivée de cette prise de conscience générale)
- de l’emploi durable (accès à l’emploi et adaptation à l’emploi, notamment avec la sécurisation des parcours).
- et de l’international (30% du Chiffre d’affaire de nos entreprises est réalisé à l’international).
Ce sont là, les cinq piliers de notre politique économique et sociale.
Le nouveau Schéma permettra de redynamiser nos actions dans ces cinq domaines que je viens d’évoquer.
Pour bien marquer notre détermination, je proposerai à l’Assemblée régionale, le 27 mai prochain, une délibération intitulée, « une nouvelle étape pour le développement de l’économie, de la formation et de l’emploi en Rhône-Alpes ».
Elle sera à la fois le point de départ de la révision du Schéma et une nouvelle étape de mesures pour l’économie et l’emploi régional.
4) Dans le cadre de cette délibération nous entendons concourir à une nouvelle dynamique régionale pour l’emploi, la formation et l’économie
1) je souhaite que nous puissions, en concertation avec les partenaires sociaux, vous proposer de nouvelles mesures pour consolider les entreprises et ouvrir de nouvelles perspectives de développement économique.
Cela passe, notamment :
- par la poursuite de nos actions de soutien aux entreprises : nous envisageons de nouvelles dispositions pour les pme – de réabonder des outils qui ont montré leur efficacité comme les FRAU – de travailler sur les problématiques de relation sous-traitant et donneurs d’ordre.
- par une accélération des transferts de l’innovation en faveur des PME : nous souhaitons travailler avec l’Etat au renforcement des moyens et des objectifs de l’ARDI.
- par le soutien régional apporté à la création d’un Fonds régional d’investissement : la Région assumant le rôle « d’effet de levier » que nous avons souvent auprès des entreprises – je souhaite profiter de la présence de Monsieur le Préfet aujourd’hui pour qu’il puisse soutenir notre démarche, notamment auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations et du Fonds Stratégique d’Investissement.
- par la poursuite de la mise en oeuvre du Contrat sectoriel Artisanat et par la signature d’un nouveau Contrat sectoriel Economie Sociale et Solidaire pour 2011.
2) je souhaite également que nous puissions intégrer, et en concertation avec vous, de nouvelles mesures pour l’emploi et la formation.
Nous continuerons notre mobilisation aux côtés des publics les plus éloignés de l’emploi : avec les CARED notamment, dont la prise en charge par la Région des actions de formation devrait être portées dans ces cas à 100%.
Pour les bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA), nous étudierons avec les départements, les conditions dans lesquelles ils pourraient obtenir le statut de stagiaire rémunéré de la formation professionnelle.
Le Gouvernement vient d’élaborer un plan d’urgence pour les sans-emploi en fin de droit. Le concours des Régions serait sollicité pour la formation : nous attendons d’en connaître les modalités.
Pour les salariés contraints au chômage partiel, je souhaite que nous prolongions nos actions pour leur permettre d’accéder à la formation : nous prolongerons les conventions avec le Fongecif et le Fonds d’Assurance Formation du Travail Temporaire (FAFTT) (qui s’adressent aux travailleurs temporaires).
Parallèlement, nous devons améliorer l’accès à la Valorisation des acquis professionnels et il nous faut travailler sur de nouvelles mesures en faveur des jeunes notamment dans le cadre de nos actions de formation en alternance.
Nous serons également très attentifs au travail qui sera fait sur la mise en oeuvre de l’égalité homme/femme.
Le déploiement de ces politiques doit principalement se faire au niveau des territoires, à l’échelle des bassins d’emplois notamment : nous ferons des propositions concernant le fonctionnement des Contrats territoriaux emploi formation.
- Les sujets de la sécurisation des parcours professionnels et de la formation tout au long de la vie seront dans notre feuille de route. Nous avons déjà montré notre forte préoccupation sur ce sujet avec SecuriSe’ra. Nous serons très attentifs aux préconisations des partenaires sociaux.
J’ai souhaité saisir le CESR sur les thèmes suivants afin de recueillir des avis :
- sur les emplois de la croissance de demain, ceux de la nouvelle économie qui sont en grande partie liés aux enjeux du réchauffement climatique,
- sur les emplois liés au développement du numérique, liés aux technologies mais aussi aux usages,
- sur l’emploi des seniors. Alors que notre pays est engagé dans une réflexion sur le grave sujet de l’avenir du régime des retraites, il nous apparaît nécessaire d’envisager la problématique de l’emploi des seniors sous un angle plus opérationnel.
Conclusion
1) Nous traversons une crise très grave. Nous avons fait le choix de « former plutôt que licencier ».
Nous avons apporté des aides d’urgence (en garantie et en conseil, avec les FRAU salariés et dirigeants) aux entreprises et à leurs salariés.
Nous avons maintenu et accru (avec les plans de soutien) le niveau de nos investissements publics. La Région a tenu à jouer son rôle de chef de file du développement économique.
2) Nous souhaitons poursuivre dans cette voie : en misant sur la formation, en misant sur l’emploi durable, en misant sur le soutien aux entreprises et en misant sur l’innovation.
Nous souhaitons apporter le maximum de soutien à la croissance pour qu’elle soit plus vertueuse en emplois afin de sortir de ce cycle de croissance molle sans emplois.
Le CESR nous a transmis un projet de charte pour le développement économique et social de notre Région, que nous présentera le Président Bruno Lacroix. Ce projet constitue une contribution intéressante à la réflexion que nous souhaitons poursuivre avec les partenaires sociaux et l’Etat.
Jean-Jack QUEYRANNE
Président du Conseil régional Rhône-Alpes

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