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lundi 21 juin 2010

Die, Chamaloc, Col de Rousset : transhumance...



Le grand troupeau sous l’eau.

Die le Samedi :

Huit heures 40, le soleil est absent et l’accompagnement est plus léger que sous la canicule des 18 dernières transhumances, les brebis attendent le départ. Les touristes s'impatientent sur le parcours que va emprunter le troupeau. Les premières sonnailles se font entendre et ce sont des dizaines d'appareils photo et de caméras qui sont brandis à bout de bras. Finie la mythique photographie des brebis sous la porte St Marcel immortalisée par tous les amateurs, cette année pas de passage sous la porte romaine . Gérard Goti précède le troupeau qui va refaire un tour de marché pour le bonheur des enfants et des estivants. Peu de visiteurs cette année. La montée est un peu tardive, les troupeaux sont déjà en pâturage depuis 15 jours. L’herbe est haute…

Et le dimanche 20 juin, au Col de Rousset…C’est le déluge. La montée du troupeau vers le Col de Rousset, vers 6 h partant de la maison de Rocher (2 Km en amont de Chamaloc) est passée inaperçue. 10h30 : toujours la pluie au Col naturel. 11h : A la station et toute la journée les forains ont fuit, comme les visiteurs. Le marché paysan (produits du terroir, artisanat, laine) se résume à une petite tente abritant six stands des plus téméraires (jouets bois, miel, filage de la laine, etc.…) .

Promenade en calèche annulée. Télésiège panoramique des Hauts plateaux du Vercors arrêté. Repas du Berger dans les restaurants de la Station vide. Démonstration de tonte et du travail du chien de berger désertés. Observation des vautours fauves impossible dans le brouillard.

Animations musicales déambulatoires supprimées. Vers 15 heures les quelques badauds qui affrontèrent les intempéries, désertaient la station.


Mémoire vive en 2007 : Nous avons repris cette interview de notre ami André Pitte, organisateur de la fête de la transhumance à Die, fondateur de l’association Drailles et de la Revue « Alpes ».C.V.

André Pitte, vous êtes un des fondateurs de "La fête de la Transhumance" à Die, dans la Drôme. Quels sont les objectifs et la philosophie de cette manifestation, et depuis combien de temps existe-t-elle ?

André Pitte : Cette fête existe depuis sept ans, mais l'idée est née il y a une quinzaine d'années : Au parc du Vercors, il y avait un projet qui s'appelait Patrimoine et Développement. Cette idée a décliné des manifestations qui se sont faites sur la vigne, sur le bois, sur la préhistoire et sur la construction de routes en Vercors ...

L'idée étant que le Patrimoine devienne facteur de développement dans les zones rurales ou d'ailleurs et pas uniquement en France. Ce projet pour le parc du Vercors étant terminé, nous avons pensé, ceci au début des années 1990 à un projet sur le pastoralisme. Le pastoralisme n'avait jamais été traité dans le même esprit, c'est à dire en essayant d'utiliser le patrimoine pastoral très fort dans la Drôme et le Vercors et ce depuis des temps très anciens qui remonte à l'antiquité et même à la préhistoire, puisque nous avons des traces de ces pasteurs dans les pâturages d'altitude.

Cette fête sur le pastoralisme associe d'abord les professionnels, mais aussi d'autres opérateurs comme des scientifiques et des opérateurs culturels, pour justement attirer le public autour de ce patrimoine pastoral.

Quelles sont les activités que recouvre ce patrimoine pastoral ?
André Pitte
: Elles se résument en une profession qui depuis des temps mémoriaux transhume pour le cas qui nous intéresse, en Provence de la Crau (à côté d'Arles) jusque sur les pâturages du Vercors. Certains vont bien sûr jusqu'en Savoie.

Le Diois est un secteur de transhumance intense. A l'arrivée de l'été, autour du 20 juin, vous avez là encore quelques vingt-cinq mille bêtes qui montent sur les hauts plateaux du Vercors. Les anciens se souviennent d'avoir vu les bêtes passer dans les rues des villages. En cela, nous n'avons pas créé une fête sur un ex-nihilo, mais à partir d'une tradition très forte. Même si à l'époque il n'y avait pas vraiment de fête, les vieux invitaient les gamins à sortir sur le pas de la porte pour vivre cet événement. C'était l'annonce de l'été. Le troupeau redescendait à la fin de la belle saison et annonçait le retour des mauvais jours.

Comment peut-on construire une manifestation culturelle par rapport à cet héritage multi-séculaire tel que le patrimoine pastoral ?
André Pitte
: Effectivement, ce n'est pas une manifestation agricole. Pourtant le moment le plus fort c'est de voir les troupeaux traverser les villages, et en particulier dans la ville de Die. Ce n'est pas le seul troupeau, mais celui-ci est vraiment très beau, cinq mille brebis "mérinos d'Arles", une vie entière d'un éleveur génial qui a sélectionné ces bêtes, la petite race de "mérinos d'Arles" une race faite pour marcher, et pour marcher en troupeau.

À partir de cela, nous donnons à voir une profession entière, de tout son savoir faire. Pour cette manifestation, nous avons associé les aspects culturels du cinéma, du théâtre, de la poésie et de la musique. Parce que finalement, nous sommes tous un peu transhumants, le fait de se reconnaître dans un troupeau en marche avec des bergers est une image qui parle beaucoup aux gens.

Comment s'organisent ces manifestations culturelles, et quels sont leurs contenus ?
André Pitte
: Les premières années, nous avions organisé des rencontres sur le thème du "mouton dans l'espace de la Transhumance", avec comme invités des personnes très différentes, ethnologues, préhistoriens, économistes, pour parler des aspects de la Transhumance.

Cela a d'ailleurs donné naissance à un livre "L'homme et le mouton dans l'espace de la Transhumance". Par la suite, nous avons continué les rencontres, mais notre désir n'était pas de "faire du scientifique" sans arrêt. C'est pourquoi, maintenant, nous invitons des poètes, puis toujours des ethnologues, notamment, sans trop m'avancer cette année nous aurons Jean Duvignaud voyageur qui a beaucoup écrit sur le Sud tunisien dans les années 60, puis un grand sociologue que l'on a envie de faire venir, Théodore Monod. En fait cette année nous orientons notre sujet sur les "aspects du pastoralisme dans le bassin méditerranéen", qui donnera bientôt naissance au projet que nous sommes en train de réaliser, le projet d'un Centre Pastoral des Cultures Méditerranéennes. Cela nous permettrait de pérenniser toute l'année cette fête, par des expositions et un centre de documentation.

Est-ce que l'idée de l'animal "mouton" domestiqué maintenant depuis au moins sept mille ans est un bien commun entre des civilisations de cultures différentes qui permet de se retrouver, est au coeur de vos préoccupations ?
André Pitte
: Tout à fait. Ce n'est pas la première année que nous invitons des personnes, venues par exemple du Maroc. Dans nos colloques en particulier, nous avons eu des gens d'Espagne, de Roumanie... Mais cette année nous offrons la spécificité d'un pays, la Tunisie.

Auparavant, et un peu à l'instar de la fête "Est-Ouest", tous les ans Die invitait un pays de l'Est. Cette année, nous retrouverons les pasteurs berbères tunisiens, mélés à des éleveurs du sud de la France. Car je crois fortement qu'il y a une civilisation pastorale, je ne dis pas "des", mais bien "une", et pas seulement dans le bassin méditerranéen. Ces berbères viendront avec leurs tentes s'installer sur la place de Die, avec des tisseuses tunisiennes, le thème étant "les savoir-faire" des femmes, la laine et la cuisine. Ces tisseuses venues du Sud, tisseront sur des métiers verticaux tout à fait antiques, et il y aura une vente de tapis. Deux potières berbères seront aussi présentes et travailleront des poteries cuites à l'air libre. Enfin, sur cette place sera recréé un véritable souk tunisien, avec de la musique tunisienne mais aussi du pays nissard ou d'ailleurs.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les artistes présents ?
André Pitte
: Normalement prévu, il y a Gnawa diffusion de Grenoble, Sawtel Atlas (raï), également Khaled Ben Yahia qui sera présent pour le concert de vendredi soir avec d'autres groupes bien sûr. Nous avons insisté pour qu'il vienne en temps que musicien tunisien vivant en Rhône-Alpes. Il y aura aussi un conteur français Jacques Coutureau et puis probablement un groupe de chant polyphonique nissard, le Corou de Berra. Le concert de vendredi soir se passera devant les tentes sur la place, un peu comme une veillée sous les étoiles.

Au point de vue logistique, une manifestation qui a une certaine ampleur dans une zone rurale ne pose-t-elle pas des questions au niveau des capacités d'accueil, au niveau du public ?
André Pitte
: Chaque année, se posent des questions d'accueil, car sur place il n'y a pas beaucoup d'hôtels, et énormément de gens viennent occuper les campings au moment de la fête. Déjà le fait de dater la fête au 20 juin, sur une semaine entière permettra d'avoir plus de monde. Mais l'idée est d'élargir la saison avant les vacances et après, au mois de septembre entre la fin Août et le festival St-Ouest qui a lieu le 20 septembre. Nous souhaitons donc inclure la fête de la Clairette qui pourrait avoir la même dimension que celle de la Transhumance. Encore une fois, cela permettrait d'élargir la saison, car sur deux mois il y a beaucoup trop de monde, et bien sûr, pas assez le reste du temps.

Votre action s'inscrit donc dans un plan de développement du tourisme culturel ?
André Pitte
: C'est exact, et c'est pour cela que cette année entre le 14 et 22 juin dans le cadre de la fête de la Transhumance, nous accueillons un séminaire. Cinquante personnes débattront sur le sujet qui entre pleinement dans notre démarche : "Nouveaux usages de la Campagne et Patrimoine". C'est le Ministère de la Culture qui impulse ce projet avec la Fédération des parcs régionaux de France.

Apis avec http://www.buvettedesalpages.be

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