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lundi 17 mai 2010

Mourir pauvremant après avoir vécu chichement

"Paysan, une vie passionnante mais d’esclave "
C’est une petite maison basse aux volets jaunes. Dans la cuisine, un vieux four à pain. Tomettes, charpente apparente, cheminée. Un petit nid comme on les rêve en ville. Camille a trente ans, Marie quelques années de plus. Ils se sont rencontrés il y a trois ans, des rêves d’avenir plein la tête. Elle, ancienne inspectrice du travail, reprenait des études agricoles. Lui, salarié dans la ferme familiale (chez les Brénat , on est paysan depuis… on ne sait même plus depuis quand !), venait de décider de reprendre les parts de son oncle.
Aujourd’hui, Camille gère avec son père une exploitation céréalière (blé, orge, féveroles et betteraves) de 109 hectares et un élevage de 40 vaches allaitantes (pour la viande). « J’ai grandi sur un tracteur ! J’ai tellement aimé ça que je n’ai jamais imaginé faire autre chose », affirme le jeune homme. Marie, elle, n’a pas trouvé de terres à un prix abordable dans la région. « Ici, on favorise l’agrandissement des grosses exploitations existantes plus que l’installation des jeunes », constate-t-elle. Mais il en fallait plus pour l’abattre. Elle se contente des 9.000 m2 de terrain près de leur habitation pour mettre sur pied un maraîchage bio et un atelier de poules pondeuses, bio également : la future ferme de Loscence, du nom de la Vallée de ce coin du Vercors.
800 € mensuel pour 12 heures par jour ou 84 h par semaine.
« A l’heure actuelle, tous les agriculteurs ont une femme qui travaille à l’extérieur, sinon, ils ne s’en sortiraient pas », se désole Camille. S’il se montre enthousiaste vis-à-vis du projet de sa compagne, il préférerait nettement que leur vie quotidienne n’en dépende pas. Car ce jeune agriculteur, après une enfance passée entre silos à grains familiaux et champs de blé, un bac biologie animale, un BTS en biologie végétale et une licence de commerce, plafonne péniblement à 800 euros par mois de revenus : « Si on fait une moyenne sur l’année, entre les champs et les bêtes, je travaille douze heures par jour. »
Sa journée commence à sept heures avec les vaches – nourrir, nettoyer les litières, vérifier la bonne santé des veaux. Enchaîne aux champs. Retour au bétail vers 18 heures ou 19 heures pour encore une tournée d’inspection. Et les dimanches… on oublie, c’ est comme d’habitude.
Soudain, dans la coquette cuisine au plafond bas, Marie assène : « Une vie de paysan, ce n’est pas la vie de tout le monde. C’est une vie d’esclave. » Son regard se perd. « Le paysan est devenu une matière première comme une autre », enchaîne-t-elle. Quand il choisit de s’associer, Camille sait déjà que la situation des agriculteurs est difficile. « En 2007, tous les prix avaient flambé : le gazole, l’acier, tout le matériel agricole. Mais celui des céréales aussi. On s’y retrouvait encore à peu près. »
Un quotidien sans besoin
« Depuis 2008, le cours des céréales s’est mis à baisser, mais les charges, elles, sont restées les mêmes. On n’y arrive plus. » Pour s’en sortir, Camille rogne sur tout. Il choisit le désherbant le plus économique, diminue la dose d’engrais au risque de produire moins, surveille ses champs quotidiennement pour traiter avant qu’une maladie végétale ne prenne trop d’ampleur. C’est son petit côté « économe des montagnards », il compte au plus juste le prix de revient à l’hectare. « On n’a plus aucune marge de manœuvre. Une mauvaise météo, une erreur de désherbant, et c’est la catastrophe. »
Dans l’étable, le couple nous présente quelques vaches. Des Blondes d’ Aquitaine. La plupart sont à la pâture. Restent celles qui viennent de vêler et une quinzaine de génisses prêtes à partir vers leur destin de « vache à viande », en Italie. Mais cette destinée fatale n’empêche pas Camille d’aimer ses bêtes : « Si on les regarde comme un numéro, ça n’ira pas. Il faut une âme d’éleveur pour s’occuper du bétail. » D’ailleurs, depuis l’arrivée de Marie , chaque veau se voit attribuer un prénom. Italien. Fabrizzio, Flavio, Franco, Fellini… C’est l’année des F. En notre honneur, celui qui est né dimanche s’appellera… Fraternel ! Les temps sont durs, mais sur le plateau du Vercors, on se soigne avec l’humour.
Retraites des agriculteurs ; “Floués de la nation”
Les exploitants agricoles espèrent que la réforme gouvernementale permettra de revaloriser leurs pensions, en moyenne inférieure de 30 % à celles des salariés du régime général.
C’est en début de semaine prochaine que le gouvernement devrait dévoiler les différentes options envisagées pour la réforme des retraites. A l’approche de l’échéance, les prises de position se multiplient. Après les simulations du Comité d’orientation des retraites (COR), révélées mardi, démontrant que le financement du régime de retraites est incertain à l’horizon 2050, c’était au tour du Conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) de donner son avis. Dans une « déclaration commune » adoptée mercredi par une majorité de ses membres, l’instance émet le souhait que la réforme envisagée permette de retarder l’« âge effectif » à laquelle les Français arrêtent de travailler. Actuellement, en moyenne, les salariés du privé liquident leur retraite à 61,5 ans alors qu’ils peuvent le faire dès 60 ans.
Des déséquilibres criants
Côté « ayants droit » justement, le changement n’est pas forcément synonyme de régression. Au contraire. Pour certaines professions, la réforme gouvernementale en gestation peut offrir l’opportunité de remédier à des déséquilibres criants. C’est particulièrement vrai pour le monde agricole. Les pensions des agriculteurs sont nettement inférieures à celle des salariés du régime général : – 30 % en moyenne. La situation des conjoints est encore plus critique.
Mardi, à Laon (Aisne), 200 paysans retraités ont ainsi manifesté, brandissant des cannes peintes en rouge, dénonçant des pensions qualifiées d'« indignes ». « Nous sommes bien les cocus de la nation » résumait abruptement Henri Carton, le président de la section des anciens exploitants de l’Aisne de la FDSEA, un des syndicats agricoles joint au téléphone .
Pourquoi cette situation ? Le faible montant des pensions est directement lié à la faiblesse des revenus agricoles. « 70 % des agriculteurs ont un revenu inférieur au smic », explique Jean-Bernard Bayard, secrétaire général adjoint de la FNSEA. De plus, « le calcul pour les agriculteurs ne se fait pas sur les 25 meilleures années comme dans le régime général mais sur toute la carrière. Donc, les bonnes comme les mauvaises années entrent dans le calcul ». S’ajoute enfin le problème des carrières incomplètes ou en pointillés, très fréquent dans la profession, notamment pour les conjoints.
Revoir la notion même de travail
« Nous représentons 15 % des retraités en France et nous ne touchons que 5 % du montant des retraites », souligne encore Henri Carton, de la section des anciens exploitants de l’Aisne. Sa situation personnelle témoigne de ce malaise : à 70 ans, cet ancien producteur de lait qui a commencé à travailler à l’adolescence, touche 848 euros mensuels. Soit à peine 208 euros de plus que le minimum retraite agricole fixé depuis 2009 à 640 euros. A titre de comparaison, dans l’Hexagone, le seuil de pauvreté est actuellement fixé à 910 euros par mois. Son épouse qui a travaillé avec lui ne touche que la montant plancher prévu pour les conjoints d’exploitants agricoles : 540 euros.
« Nous attendons toujours la retraite minimale à 75 % du Smic, telle qu’on nous l’avait promise en 2002 par la loi de Retraite complémentaire obligatoire (RCO), conclut Henri Carton, et nous réclamons à terme 85 % du Smic, comme pour les autres secteurs. » Une remise à niveau qui est loin d’être acquise.
Vaches maigres pour les agriculteurs.
Pourquoi les retraites agricoles sont-elles si peu élevées ? D'abord parce que le revenu est, en général, peu élevé. À revenu bas, retraites basses, en tout cas pour la part proportionnelle qui s'ajoute à une retraite de base forfaitaire. Ensuite, le calcul des rentes prend en compte toute la carrière et pas seulement des vingt-cinq meilleures années comme pour les salariés. Enfin, les agriculteurs relèvent souvent de plusieurs régimes, ce qui n'améliore pas la rente servie. Si le régime s'est amélioré depuis quelques années (augmentation des pensions, retraite complémentaire obligatoire), les agriculteurs sont toujours en demande d'une parité avec les salariés.
Du coup, pour ces métiers le plus souvent difficiles, parler de retarder l'âge de départ est perçu comme une provocation. Ou alors « il faut faire un geste sur la pénibilité du travail», faudra affirme Gérard Pelhate, président des Caisses centrales de MSA.
Il n'est pas inutile de le rappeler par les temps qui courent : selon la MSA, un exploitant agricole ayant eu une carrière complète touche, en moyenne, une retraite de base de 700 € (450 pour son conjoint) contre 980 € pour un nouveau retraité du régime général en 2009. À cela s'ajoute, depuis 2003, pour 1,8 million d'agriculteurs retraités, une retraite complémentaire obligatoire d'une moyenne mensuelle de 90 €. Le niveau moyen des retraites agricoles est de 700 € par mois contre 1200 € pour le régime général. A la mort de son mari, Marie touchera 670 € par mois pour une vie de labeur. « Les autres classes doivent manger deux fois plus » ironise elle.
Bref, le compte n'est pas bon, les pensions agricoles sont nettement trop faibles Pour mémoire le montant du RSA et de 460,09€ par mois.
APIS

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