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mercredi 19 mai 2010

L'abeille sentinelle de l' environnement

Les abeilles victimes des pesticides

Deux minutes à peine suffisent pour qu'une abeille ayant bu les gouttes d'eau issues des plantes de maïs traitées avec de puissants insecticides tombe à terre, morte. Ce sont les dernières découvertes des scientifiques sur le rapport entre pesticides utilisés en agriculture et disparition croissante des abeilles du territoire : un résultat qui ouvre des interrogations sur les effets possibles de ces poisons sur l'homme. C'est un des thèmes du Congrès de l'Apiculture professionnelle de Sorrento qui a eu lieu du 21 au 26 janvier 2009.
- Si jusqu'à maintenant les scientifiques s'étaient limités à constater les effets meurtriers sur les abeilles de la dispersion des néonicotinoïdes (substances utilisées dans le traitement des graines) au moment des semailles du maïs, et de la pollution successive du nectar et du pollen, des scénarii beaucoup plus alarmants voient désormais le jour : les gouttes que l'on trouve sur les plantes telles la rosée ou encore la "transpiration" des feuilles font partie des sources d'eau préférées des abeilles . Celles-ci résulteraient justement extrêmement contaminées et venimeuses : le professeur Vincenzo Girolami de l'Université de Padoue affirme que "les gouttes d'eau issues du phénomène de 'guttation' (les jeunes plantes de maïs produisent en abondance des gouttes d'eau sur la pointe de leurs feuilles) de plantes provenant de graines de maïs traitées, tuent les abeilles en l'espace de quelques minutes si celles-ci utilisent leur ligule (la langue à trompe des abeilles)". Ces gouttes d'eau peuvent être recueillies également par d'autres insectes. Le professeur Andrea Tapparo, du département des Sciences Chimiques de l'Université de Padoue, a analysé les gouttes d'eau produites par les petites plantes de maïs par le phénomène de guttation, découvrant la présence de néonicotinoïdes à raison d'une dizaine de milligrammes par litre, alors que la dose létale pour l'abeille est de l'ordre de grandeur des microgrammes par litre.
- Cette découverte -soutient Francesco Panella, président des Apiculteurs italien- est l'énième démonstration de la légèreté avec laquelle ont été données les autorisations d'usage de ces molécules à effet neurologique systémique, qui transforment les plantes en insecticides pérennes. "Le problème ne se résout pas avec la modification des semoirs ni avec l'amélioration des techniques de traitement (en améliorant par exemple l'adhésion des produits traitants aux graines), parce que la guttation sur les plantes traitées et ses déscendantes met à disposition des abeilles des 'gouttes de sève' empoisonnée par des quantités considérables de principe actif". Partout le même constat. Après 60 millions d’années d’heureux butinage, l’abeille disparaît de la surface du globe à vitesse grand V. Les derniers chiffres ont été rapportés la semaine dernière, à Montpellier, par 500 scientifiques et 10 000 spécialistes internationaux lors du congrès Apimondia. En 2009, en Europe, les pertes s’élèvent à 30 %, contre 5 % en temps normal. Mêmes proportions aux États-Unis et au Canada à la fin de l’hiver dernier. Au Moyen-Orient, « les ruches ont perdu 20 % de leur population en 2008 et jusqu’à 80 % à Bagdad », alerte Nizar Haddad, chercheur au Centre national de recherche en agriculture de Jordanie. En Argentine, en Chine, au Japon, les apiculteurs assistent aussi impuissants à ce désastre.

L’hécatombe porte un nom : le CCD, comme Colony Collapse Disorder (syndrome d’effondrement des colonies). Si, pendant plusieurs années, le débat a fait rage pour en trouver l’origine, la recherche mondiale a aujourd’hui trouvé un terrain d’entente : la surmortalité des abeilles est due à des causes multifactorielles. Reste à en établir une hiérarchie. Du frelon asiatique Vespa velutina qui gobe les abeilles à la sortie de la ruche à l’acarien Varroa destructor qui suce leur sang, de la dégradation de l’environnement au microchampignon parasitaire Nosema ceranae, des ondes électromagnétiques aux travers de l’apiculture intensive…. Selon les régions du monde, le classement change.

Mais un facteur décroche le pompon de la controverse : les pesticides. « Les abeilles se sont toujours accommodées des virus et des parasites, ce qui est nouveau, c’est ce qui a été introduit par l’homme, c’est-à-dire les neurotoxiques », explique Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, qui a constaté des « troubles du comportement » chez les abeilles ayant butiné des tournesols traités. Trop simpliste, rétorque Marie-Pierre Chauzat à la suite de ses études sur des ruchers des Alpes-Maritimes. Pour cette ingénieure de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), « la cause prédominante de la mortalité des abeilles, ce sont les pathogènes, pas les pesticides, le système d’homologation fonctionne très bien ». Pour « preuve », la France a décidé d’interdire momentanément le Regent et le Gaucho, insecticides pour le tournesol et le maïs, en attendant la décision de l’Union européenne. « Les pesticides affaiblissent les colonies et des agents pathogènes en profitent », tente de synthétiser Marc-Édouard Colin, chercheur à SupAgro.

Face à cette bataille de laboratoires, le 41e congrès d’Apimondia a réservé pour la première fois un temps de parole aux apiculteurs. « La recherche doit prendre plus en compte l’analyse des apiculteurs, encourage Franz Hecker, président du syndicat apicole allemand, car sur le terrain, nous voyons au moins cinq voies d’exposition des abeilles aux pesticides, mais seules une ou deux sont étudiées. » Pour Jean Sabench, de la Confédération paysanne, c’est clair : la recherche publique est aujourd’hui « noyautée » par le lobby des pesticides. « En 2007, l’AFSSA a par exemple autorisé l’utilisation du pesticide Cruiser en s’appuyant sur les seules études du fabricant Syngenta soi-disant réalisées entre 2006 et 2009 ! » Un sentiment partagé par Jan Slaby, secrétaire d’État au ministère de l’Agriculture slovaque : « Le risque de la toxicité chronique des pesticides n’est pas suffisamment étudié, il est absolument nécessaire de changer la législation de l’Union européenne rapidement. » Disparition des abeilles : la fin d’un mystère

Le varroa : oui et alors ?

Loin d’être la cause de la surmortalité des abeilles, le varroa (un acarien qui aspire le sang des abeilles) est une conséquence de l’affaiblissement des abeilles. Pour lutter contre le varroa, les apiculteurs utilisent un traitement dont l’effet principal est de tuer les larves d’abeilles.

La vérité est ailleurs !

Les causes de mortalité sont à chercher ailleurs. Prenez le temps de regarder la vidéo intégrée au bas de ce billet. Il y a le cas de cet apiculteur du sud de la France qui, un matin, a perdu 17 ruches sur 24 après un traitement de lavandins sur lesquels ses butineuses allaient collecter le pollen. En 7 ans, l’introduction, depuis 1996-1997, du gaucho et du régent - aujourd’hui totalement proscrits - a été à l’origine de la disparition de 450 000 ruches. Depuis 2008, la France a suspendu l’utilisation du Cruiser qui est de la même famille que le gaucho et le régent.

Pesticides : des effets cumulatifs et croisés !

L’affaiblissement des abeilles vient aujourd’hui de l’utilisation massive d’insecticides, de fongicides, d’herbicides. En France, agriculteurs et particuliers en utilisent 80000 tonnes par an. C’est la persistance dans le sol (de 6 mois à 1 an), l’effet cumulatif et l’interaction des molécules qui constituent aujourd’hui la 1ère explication de l’affaiblissement immunitaire des abeilles. Mais, du fait du recours de semences enrobées de pesticides systémiques et d’OGM tels que le maïs Monsanto 810 qui fabriquent leurs propres insecticides, le pire est sans doute devant nous.

Destruction de la diversité… affaiblissement des abeilles

Les monocultures qui ont envahi nos campagnes (blé, maïs, betteraves, pommes de terre, colza) sont à l’origine de la destruction de la diversité et aussi de l’affaiblissement des colonies d’abeilles qui n’ont plus de quoi se nourrir. A y regarder de plus près, les champs sont devenus des déserts : plus un coquelicot, plus un bleuet. Aux États-Unis, les ruches font désormais des centaines de kilomètres pour polliniser les plantes. Les pollinisateurs “sauvages” ont presque tous disparu et les apiculteurs sont obligés de nourrir leurs abeilles pour les renforcer !!!

Des industriels coupables, des politiques responsables et des agriculteurs irresponsables

Les tests de toxicité des molécules sont réalisés sur les bases d’un protocole défini il y a 50 ans. La plupart des laboratoires de recherche et des chercheurs sont financés par les semenciers et autres firmes chimiques. Ce n’est plus de lobbies qu’il faut parler, mais de corruption généralisée. On achète le silence des scientifiques qui, pour la plupart, s’en accomodent. Quant aux agriculteurs, ils ne nous nourrissent plus : ils nous intoxiquent ! Il est temps que les pouvoirs publics si prompts à dégainer leurs milliards pour sauver la finance mobilisent leurs moyens pour que nous allions le plus vite possible vers une agriculture sans pesticides.

Il y en va de la survie des abeilles, de la diversité, mais aussi de celle de l’humanité !

Éléments du Débat lors du Forum Local Citoyens de Vercheny -26- « Plaidoyer pour la Terre » du 25 Avril 2010 animé par Cécile Lanio de Die et le GDSA de la Drôme organisé par les CLD Diois, Val de Drôme et Écologie au Quotidien et Terre de Liens ( et une dizaine d’ autres associations).

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