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jeudi 22 avril 2010

Ecoquartiers et habitats partagés

Ecoquartiers, coopérative d’habitants :de nouvelles idées pour se loger autrement
A Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, des “groupes de construction” ont contribué à la création de l’écoquartier Vauban.
Trois millions de mal-logés en France, une pression immobilière qui fait pousser comme des champignons les lotissements standardisés autour des villes, des distances domicile-travail qui s’allongent accompagnées d’un recours massif à la voiture, une atomisation du corps social... Face aux échecs d’une chaîne du logement ultraprofessionnalisée, des Français bricolent des alternatives collectives et écologiques.
Mais que ce soit de la colocation intergénérationnelle, l’autopromotion, ou les coopératives d’habitants, mieux vaut être patient face à des pouvoirs publics sceptiques envers ces projets qui n’entrent pas dans les cases ! Construire son immeuble ou son lotissement en choisissant soi-même ses futurs voisins, le terrain, les matériaux, leur qualité écologique et les règles de vie : c’est possible mais c’est encore un vrai parcours d’obstacle que racontent les pionniers de l’habitat groupé.
A Aix-en-Provence, le groupe des Amidacoté regroupe sept ménages d’âges et d’horizon divers : formatrice en ressource humaines, facteur, femme au foyer, secrétaire retraitée, infirmière, ancienne enseignante, dessinateur, physicien, paysagiste, psychologue, etc. Un point commun rassemble ces Aixois qui se sont rencontrés dans le milieu associatif : «L’envie de vivre autrement dans un esprit solidaire, en développant des valeurs de partage et une attention à l’écologie », résume Corinne, 51 ans.
Au cours de leurs randonnées, est né le projet d’un lotissement d’une vingtaine de maisons individuelles mitoyennes basse consommation énergétique (limitée à 50kWh/m2) avec une salle de fête, deux chambres d’amis, un potager et un atelier bricolage en commun. 20% des logements seront réservés à un usage locatif «pour ceux qui n’ont pas les moyens », le reste sera en copropriété.
«Les maîtres d’ouvrages sont les futurs usagers donc ils vont chercher la qualité à long terme et construire quelque chose pour les générations à venir », assure Stefan Singer, un ancien professionnel de l’immobilier qui a créé Toits de Choix pour accompagner ce genre de projets. Reste à compléter le groupe et trouver un terrain d’un à deux hectares à moins de vingt minutes du centre-ville. C’est là que les ennuis commencent dans une région où le foncier est rare et cher, et où les collectivités locales sont
méfiantes face à ces citoyens décidément très remuants.
«En Allemagne, des villes réservent systématiquement 15% du foncier pour ce type de projet alors qu’en France, ça reste une démarche militante donc suspecte », analyse Stefan Singer. Et de lister les atouts de l’habitat groupé : «On construit des bâtiments durables avec une meilleure densité que des maisons individuelles ; on amène des comportements écolos du type covoiturage et en plus on apporte une mixité sociale et intergénérationelle, tout ce que les promoteurs ne savent pas faire. »
Un immeuble pionnier à Strasbourg
En France, c’est l’association Eco-Quartier à Strasbourg qui a essuyé les plâtres au début des années 2000 «à une époque où personne ne connaissait le terme écoquartier », raconte Bruno Parasote, président de l’association. S’inspirant des baugruppen (particuliers associés pour construire) du quartier Vauban de Fribourg, onze ménages avaient décidé de construire leur immeuble en autopromotion.
«Nous sommes maîtres d’ouvrage : nous supportons le risque et nous sommes aux réunions de chantier », précise Bruno Parasote, un ingénieur de 35 ans, père de trois enfants. Qui bondit à la suggestion d’un projet réservé aux bobos. «Pour tout le monde c’est le projet d’une vie : nous nous sommes tous endettés à 20 ans et, pour certains, très fragiles financièrement, ça signifie pas de vacances et des heures sup à gogo », détaille-t-il. A Strasbourg, les habitants du groupe Ecologis ont montré la voie à une dizaine d’autres projets en autopromotion.
D’ailleurs, le groupe a abandonné l’idée d’un bâtiment passif, qui aurait trop fait grimper la facture (40.000 euros en plus pour un coût actuel de 2,9 millions d’euros). Neuf ans plus tard, la structure intégrale en bois est sortie de terre et l’emménagement est prévu pour l’été 2010. Non sans peine. Devant les tergiversations de l’ex-mairie UMP, le groupe avait dû déposer un permis de construire et payer 50.000 euros d’études sans même savoir si la commune leur céderait le terrain. «L’indécision de la précédente municipalité nous a coûté cher, raconte Bruno Parasote. Le groupe a failli exploser en 2007. » Conquise, l’actuelle municipalité socialiste a offert dix terrains pour des projets d’autopromotion et promet même de leur réserver une partie des terrains dans tous les grands projets urbains à venir.
«La vie d’une ville, son évolution doit aussi permettre à ses habitants de contribuer à sa transformation , plaide Alain Jund, adjoint au maire de Strasbourg en charge de l’urbanisme. Il y a d’un côté le logement social public, de l’autre celui des promoteurs privés : entre les deux, il y a une place pour les coopératives d’habitants.
A condition qu’elles respectent un cahier des charges «drastique sur la qualité environnementale, la performance énergétique et le projet commun », précise-t-il. Une trentaine de candidatures sont actuellement à l’étude.
Des coopératives d’habitants contre la spéculation Village vertical, un projet pionnier de coopérative d’habitants à Villeurbannec : Arbor&sens/Detry&Lévy. Mais il n’est pas forcément donné à tout le monde de s’improviser maître d’ouvrage. Aussi Habicoop, une des premières associations à promouvoir ce genre d’habitat en France, préfère mettre l’accent sur la coopérative d’habitants plutôt que sur l’autopromotion.
«Pour nous, le plus important est que les gens aient l’initiative mais pas forcément qu’ils deviennent des professionnels en suivi de chantier », explique Bertille Darragon, une des deux salariées de cette association créée à Lyon en 2005.
Spéculateurs, passez votre chemin ! Encadrée par la loi de 1947, la coopérative d’habitants vise à sortir un bien de la spéculation immobilière. «Dans une copropriété, le propriétaire qui s’en va revend à qu’il l’entend, au prix qu’il entend, explique Bertille Darragon. Dans une coopérative, le coopérateur récupère en partant ses parts sociales, augmentées du coup de la vie, et c’est tout. Et le nouveau coopérateur est accepté par une décision collective. »
La coopérative est propriétaire des logements qu’elle loue aux coopérateurs en échange d’un loyer et de l’achat de parts sociales.
Ces derniers servent à payer les charges de la coopérative et à rembourser l’emprunt collectif jusqu’à son extinction. Quel que soit le nombre de parts sociales détenues, chaque coopérateur ne dispose que d’une voix. «Quelqu’un qui a un plus grand appartement n’a pas plus de poids», précise Bertille Darragon. Mais mal reconnu par la loi, ce statut reste très militant. «Aujourd’hui, vu que le montage juridique n’est pas encore bien calé, on ne peut pas dire aux gens : ?Ça vous coûtera tant, vous récupérerez tant ?, donc on ne répond pas aux inquiétudes de ménages modestes », constate la jeune femme.
Un projet test à Villeurbanne
Village vertical, le projet pionnier d’Habicoop, un immeuble dans la ZAC de Villeurbanne, s’appuie sur un bailleur social, Rhône-Saône Habitat, qui partage la maîtrise d’ouvrage avec une coopérative d’habitants et un autre bailleur, l’Union régionale pour l’habitat des jeunes. Prévu pour la mi-2012, cet immeuble surplombé d’une toiture solaire comprendra 14 appartements en coopérative d’habitants (dont quatre pour loger des jeunes en parcours d’insertion) et 24 logements sociaux gérés par Rhône Saône Habitat.
Plan du futur immeublec Arbor&sens/Detry&Lévy
La ville et la communauté urbaine ont fait un geste en cédant le terrain au prix du logement social. «Ça nous intéresse d’appuyer toutes les initiatives qui visent à maintenir de la diversité sociale dans nos centres-villes et à casser les mécanismes spéculatifs d’achat-revente, que ce soit de l’autopromotion, de l’habitat coopératif ou des projets intergénérationnels, souligne Olivier Brachet, vice-président du Grand Lyon en charge de la politique de l’habitat.
A une limite près. «La coopérative d’habitants reste un acteur privé : la collectivité peut-elle financer un acteur privé comme elle finance un office HLM? s’interroge-t-il. Plutôt que de les financer, on peut peut-être les aider à repérer le foncier disponible et proposer des baux emphytéotiques (un bail de très longue durée et à loyer symbolique qui peut être résilié par le bailleur en cas d’inexécution des conditions du contrat, ndlr) pour garantir que le foncier revienne à la collectivité en cas d’échec du groupe.»
Louise Fessard
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