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mercredi 24 mars 2010

Avec ou sans le loup ( première partie )

Voulons-nous laisser la montagne au loup ?
Protégé par les dispositions de la Convention de Berne du 19 septembre 1979 et par celles de la directive européenne « Habitats », le loup est réapparu en France en 1992. Après 15 ans de présence, la population de loups s’est développée de telle sorte qu’elle est aujourd’hui jugée comme suffisante par les autorités nationales qui ont déclaré le 5 juin 2009 le loup comme n’étant plus menacé d’extinction en France. Officiellement constituée d'au moins 180 individus répartis en 29 meutes, la population recouvre à l'heure d'aujourd'hui 9 départements.
Le retour du loup en France serait – nous dit-on - un signe de la bonne santé des milieux naturels de notre pays mais les éleveurs, dont l'activité traditionnelle s'est structurée et développée en l'absence, depuis près d'un siècle, de tout grand prédateur, ne voient pas les choses tout à fait du même oeil. Depuis les premiers cas de prédation du loup constatés sur les troupeaux domestiques en 1993 et avec l’expansion du territoire occupé par le loup, le bilan s’alourdit chaque année pour les éleveurs atteignant 992 attaques et faisant 3161 victimes en 2009. Et le protocole national qui autorise chaque année le prélèvement de 8 loups est loin de répondre à l’attente de régulation dés lors qu’un seul animal est abattu dans le meilleur des cas. Dans ces conditions, pourquoi ne pas autoriser les chasseurs à réaliser ces prélèvements ?
Certes, la mise en place de moyens de protection limite les dégâts sur les troupeaux, mais au prix de modifications importantes dans les pratiques des bergers, faisant passer au deuxième plan tous les autres enjeux de la biodiversité de la montagne. Or, le pâturage en est un facteur essentiel et sa perturbation produit des effets négatifs.
Bien mener un troupeau en montagne demande beaucoup de souplesse et de savoir-faire. Il faut ajuster en permanence la conduite au temps qu'il fait, au passage de randonneurs, à la préservation de la faune sauvage, il faut tenir serrées les bêtes sur l'herbe dense et grossière mais les laisser s'étaler sur l'herbe rase et éparse. Il faut répartir les bêtes la nuit sur de multiples points de couchage pour limiter leurs déplacements et les risques d'érosion. Lorsque le berger est obligé de conduire le troupeau toujours serré et de le regrouper toutes les nuits dans un même parc de nuit afin de le protéger du loup, cette gestion fine disparaît. Le berger concentre le troupeau sur les secteurs les moins dangereux où le risque de surpâturage sur un petit nombre de parcs s'accroît augmentant ainsi les risques de pollution par excès d'azote. Pour regrouper les bêtes, les circuits s'allongent, les risques d'érosion s'accroissent, les secteurs éloignés ne peuvent plus être pâturés et s'embroussaillent, les secteurs boisés deviennent dangereux et peuvent être abandonnés, les risques d’avalanche augmentent.
Certains éleveurs ayant signé une mesure agri-environnementale ne peuvent plus appliquer la gestion prévue parce que la protection des animaux passe avant tout. Et c'est ainsi que les chiens patous, qui pour être efficaces ne doivent pas rester près du berger et ne peuvent donc être contrôlés, aiment chasser et dérangent la faune sauvage, avec une prédation de leur part sur certaines espèces. De plus, la multiplication des chiens de protection rend la montagne beaucoup moins accueillante aux randonneurs et multiplie les frictions entre bergers et éleveurs d'un côté, promeneurs, chasseurs, maires de petites communes rurales de l'autre.
Décidément non, la réapparition du loup n’est pas une chance pour la montagne et n'a pas que des effets positifs sur notre environnement .
Henriette MARTINEZ, Députée des Hautes-Alpes,
Membre du comité national Loup
Présidente du groupe de travail Loup à l’Assemblée Nationale

4 commentaires:

  1. On ne peut pas dire que votre vision "participative" soit un monument d'objectivité, ni même de connaissance de vos dossiers. Si vos motivations étaient autres chose que la démagogie, vous vous rappelleriez que jadis, lorsque les loups étaient nombreux, les troupeaux étaient prospères. Les "bergers" (généralement plutôt des éleveurs) ont certes des problèmes, mais que dire des conditions de travail des infirmières, pour ne citer qu'un exemple, qui n'ont pas la chance d'évoluer dans nos paysages les mieux préservés ? Arrêtez cet égoïsme d'enfants gâtés, qui considèrent que la montagne n'appartient qu'à eux. Le tourisme aussi est une grande source de profit, et cela mériterait plus une discussion que cet appel à flinguer.
    Bien naturellement
    Marc Giraud

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  2. Le loup est le dernier grand prédateur et carnassier d'Europe (avec l'ours c'est vrai). C'est l'esprit sauvage et libre d'occident, il justifie le troupeau. Le loup est l'ombre et la noblesse du berger.
    Un pastoralisme qui veut éradiquer le loup est déjà mort. Nous voulons une population de loups dans nos montagnes, [qu'elle soit régulée si nécessaire avec les moyens apropriés]. Le loup est là, il restera.

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  3. J'espère vivement que les membres du "Comité Loup" ont plus de jugeote et de hauteur de vue sur ce problème que les propos caricaturaux qui sont signés de Mme Martinez. C'est hélas très exactement ce genre de propos "pousse-au-crime" que nous entendons régulièrement dans le Diois, dès qu'un élu de gauche ou de droite vient rencontrer les éleveurs. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à remettre en cause le traité de Berne lui-même, justifiant par là les meurtres illégaux de loups commis par les Tartarins de Savoie ou d'ailleurs. L'équilibre de notre biodiversité nécessite la présence du loup, mais je ne suis pas très étonné qu'une député UMP tienne ce genre de discours, tant les contradictions sur l'écologie sont nombreuses dans cette majorité présidentielle : on se gargarise de 2010 "Année de la Biodiversité" et on appelle au crime sur le loup ! Quand ces élus comprendront-ils qu'ils sont en train de scier la branche sur laquelle l'humanité est assise, on prônant l'homme comme prédateur suprême de sa seule et propre survie. C'est suicidaire non seulement pour l'homme, mais pour la vie en général. Donc, essayons de voir un peu plus loin que le bout de la lorgnette des lobbies agricoles et chasseurs, et essayons de discuter entre gens intelligents pour trouver les solutions (et elles existent) qui permettront au loup de vivre dans nos régions en bonne intelligence avec le VRAI pastoralisme.
    Patrick.

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  4. Mme Martinez ne fait après tout que de la "pêche aux voix", un exercice malheureusement trop classique prisé par beaucoup d'élus de la République... Que serait Mme Martinez, sans le pain béni que constitue pour elle le retour du loup ?

    Sérieusement, lisez plutôt le bulletin officiel des gens de terrains qui suivent cette espèce (et le lynx), chez-nous. Ce bulletin s'appelle "Quoi de neuf ?" et le dernier N° a été livré en Janvier 2010. Vous pouvez les télécharger en cliquant sur le lien : http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=bulletin

    Après, il en est des Loups comme des Hommes : qu'on aime ou qu'on n'aime pas, on essaie de comprendre et on s'adapte pour pouvoir vivre ensemble dans le respect de toutes les formes de vie. Plus difficile à faire et moins risqué politiquement que de proposer une solution radicale...

    Roger MATHIEU

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