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vendredi 19 février 2010

La France handicape l' Agriculture bio

L’Agriculture Biologique à la traîne en France
A en croire l’Agence Bio et son président, Pascal Gury, tout va pour le mieux dans le monde de la bio française. En 2009, ce sont 300 producteurs qui se sont convertis chaque mois en bio soit au total 3600, après les 1800 qui avaient également engagé leurs fermes vers la bio en 2008. A ce rythme, les objectifs du Grenelle de l’Environnement de 6% de la SAU en bio en 2012 pourraient même, d’après Pascal Gury être atteints.
Pourtant, même si la situation s’est améliorée, après une période de gel de six ans suite aux mesures anti bio prises par le gouvernement Raffarin en 2002 et maintenues par ses successeurs, cet enthousiasme de l’Agence Bio, doit cependant être tempéré par une réalité un peu moins réjouissante. Car à regarder de près les chiffres, il y a de quoi être un peu perplexe et un peu moins optimiste.
Tout d’abord le retard accumulé par la France est tel qu’elle reste loin derrière les autres pays européens en termes de part de sa surface cultivée en bio : plus d’une vingtaine d’entre eux nous précèdent toujours, dont les principaux, Italie, Espagne, Allemagne, Angleterre, et l’Autriche… qui arrive en tête avec plus de 13% de part de la SAU cultivée en bio ! A comparer aux 2,5% français, même après cette « bonne » année 2009. D’autre part la France reste toujours le premier pays européen pour la consommation de pesticides chimiques et une terre bénie pour les fabricants de produits phytosanitaires dont les ventes ont même augmenté en 2008 ! A défaut de produire bio, mieux produire non bio ne serait pas à négliger non plus, ce qui est un autre objectif du Grenelle qui a proposé de diviser par deux la quantité de pesticides déversées sur nos terres, dans l’air et dans l’eau et donc dans nos aliments d’ici 2017. Objectif dont Florence Jacquet de l’Inra, dit qu’il pourrait être atteignable à condition d’instaurer "une taxe sur les produits phytosanitaires qui serait redistribuée aux plus vertueux". Cette mesure permettrait que les consommateurs bio ne payent plus - en tout cas à un niveau moindre - la facture de la pollution environnementale et réduirait le différentiel de prix bio non bio qui fait aujourd’hui les choux gras d’associations consuméristes qui ne voient pas plus loin que leur porte monnaie au détriment de la santé de leurs adhérents. Mais c’est une mesure qui nécessiterait du courage de la part du ministère de l’agriculture et du gouvernement soumis depuis si longtemps aux impératifs des lobbies agro-industriels. Ce n’est donc que peu probable.
Certains chiffres avancés par l’Agence Bio posent également question. Tout d’abord la surface agricole utile en France étant de 29 millions d’ha, 670 000 ha bio, chiffre annoncé par l’Agence bio pour 2009, ne représente que 2,3% et non 2,5%.
D’autre part, les surfaces cultivées en bio, qui étaient fin 2009 de 557 000 ha dont 60 000 ha en conversion auraient du être logiquement de 557 000 bio en 2009, auxquelles il conviendrait d’ajouter les surfaces en conversion, soit 154 000 ha, soit un total de 711 000 ha bio et en conversion. En effet la période de conversion étant de deux ans (ou trois ans pour les cultures pérennes mais dont les superficies sont assez modestes), quasi toutes les terres en conversion en 2007 sont logiquement devenues bio en 2009. Or ce ne sont que 670 000 ha en bio et conversion qui sont annoncés par l’Agence bio, soit un manque de 41 000 hectares. Ce qui représente 6,1 % de surfaces en moins. Que sont elles devenues ? Il serait intéressant de pouvoir l’analyser : retour vers le conventionnel une fois les primes à la conversion versées, bétonnage, etc.
Mais surtout l’objectif de 6% en 2012 représente 1 million 740 mille hectares soit 159% de plus que la surface bio actuelle. Ce sont plus d’un million d’hectares à convertir en trois ans soit 350 000 ha par an !
Plus que des déclarations triomphantes, telles que celles d’Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence bio, qui rappelle qu’« historiquement » il n’y a « jamais eu une conversion aussi forte» les bioconsom’acteurs aimeraient surtout savoir de la part de l’Agence bio et des pouvoirs publics, quels moyens vont être mis en place pour satisfaire la demande, atteindre les objectifs et réduire les importations.
Hugues TOUSSAINT

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