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jeudi 25 février 2010

Elections Régionales du 14 mars : analyse

Les maigres chance de la Droite
(Photo : Sophie Landrin)
Curieux clin d'oeil : alors que s'ouvre la campagne pour les élections régionales, l'ancien président de région, Charles Millon, a été renvoyé vendredi 5 février devant le tribunal correctionnel de Lyon "pour prise illégale d'intérêts". Il lui est reproché d'avoir embauché du personnel de maison pour son propre compte aux frais de la région qu'il présida de 1988 à 1999.
Jusqu'aux élections sénatoriales de 2008 où il a été candidat, Charles Millon, qui avait pactisé en 1998 avec le Front national, a été au centre de toutes les campagnes électorales. En 2004, la droite emmenée par Anne-Marie Comparini (UDF) avait encore fait la part belle aux amis de M. Millon et créé les conditions de son échec.
Cette fois, elle n'est pas tombée dans le piège et a préféré, à la candidature de Jean-Claude Carle et d'Etienne Blanc, deux anciens proches de M. Millon, celle de Françoise Grossetête (UMP). La page du millonisme, qui a tant traumatisé la droite lyonnaise et rhônalpine, est enfin tournée. Anne-Marie Comparini, qui lui avait succédé avant d'être battue en 2004 par Jean-Jack Queyranne, a, elle aussi, quitté la vie politique.
En une décennie, le paysage rhônalpin s'est totalement transformé : cette terre longtemps centriste s'est fortement rosie. Toutes les grandes villes de la région ont été conquises par le PS : Lyon, Grenoble, Saint-Etienne, Bourg-en-Bresse, etc. La droite ne tient plus qu'Annecy. La gauche a pris les rênes de quatre départements sur huit. Le centre s'est effondré. La gauche, représentante d'un socialisme plutôt tempéré, lui a succédé. "La région est passée du centre droit au centre gauche", analyse Jean-Jack Queyranne, le président socialiste sortant, qui n'hésite pas à se présenter, comme "l'héritier de Raymond Barre". Depuis 2004, l'ancien porte-parole du PS cogère la région avec les Verts, les communistes et le PRG. Mais, en dehors des radicaux de gauche, M. Queyranne n'a convaincu aucun de ses alliés de se présenter unis aux élections. Il le regrette, persuadé qu'il aurait pu gagner dès le premier tour, avec une large union allant jusqu'au MoDem. "Ça aurait eu de la gueule. Et nous aurions pu donner un sérieux avertissement au gouvernement", se désole-t-il.
Les Verts, dopés par leur score aux européennes (18,2 %), ont préféré partir sous les couleurs d'Europe Ecologie, emmenés par une personnalité issue de la société civile, Philippe Meirieu, professeur de sciences de l'éducation à l'université Lyon-II.
M. Queyranne s'est résolu à quelques débauchages, notamment celui d'Hélène Blanchard, l'une de ses vice-présidentes, qui a quitté les Verts, ainsi que deux conseillers régionaux écologistes sortants. "Jean-Jack Queyranne affiche sa vertitude", ironise Philippe Meirieu. Les deux concurrents, futurs alliés, se ménagent cependant. "Le bilan de Jean-Jack Queyranne est honorable, reconnaît la tête de liste d'Europe Ecologie. Nous sommes concurrents, pas adversaires."
Le président sortant a réussi à rallier dans la dernière ligne droite le président départemental du Parti radical, membre de l'UMP, Gérard Périssin-Fabert, maire du Grand Bornand (Haute-Savoie). Enfin, pour ajouter une touche "people" à ses listes, il a été rejoint par l'ancien champion olympique de patinage artistique Gwendal Peizerat. "Nous, nous ne faisons pas dans le casting", raille Philippe Meirieu.
Les communistes, pour leur part, se sont alliés au Front de gauche auxquels ils ont cédé la tête de liste, permettant à la conseillère régionale sortante, Elisa Martin, d'occuper cette place. Le MoDem, enfin, a suivi les consignes de François Bayrou et s'est vu contraint de présenter une liste autonome.
En ce début de campagne un peu morne, les centristes ont, à eux seuls, animé le paysage par leurs divisions. Leur chef de file, Azouz Begag, ancien ministre délégué à l'égalité des chances dans le gouvernement de Dominique de Villepin, a maille à partir avec les élus et cadres qui, alertés par les mauvais sondages, plaidaient pour une alliance dès le premier tour avec les socialistes. Faux mails, vrais blogs, vraies fausses démissions des têtes de liste : François Bayrou et Marielle de Sarnez ont le plus grand mal à ramener à la raison une famille centriste éclatée.
Malgré les contestations, Azouz Begag se dit déterminé à mener une campagne décalée pour "rapprocher, dit-il, les citoyens de leur élus". "Malgré l'argent dépensé dans la communication par M. Queyranne, 80 % des habitants de la région ne connaissent pas leur président", assure-t-il. Lui, se présente en "candidat authentique", hostile à tout cumul de mandats "pour restaurer la confiance et la proximité". "Je souhaite être une figure transformationnelle de la vie politique française", affirme-t-il .
Face au président sortant, la droite unie a peu de chances de reconquérir la région, perdue en 2004, même si le spectre d'une triangulaire avec le FN emmené par Bruno Gollnisch semble s'éloigner. Chef de file de la droite, la députée européenne UMP Françoise Grossetête sait que le contexte national ne lui est guère favorable. Comme la plupart des chefs de file régionaux de la droite, la candidate privilégiera une campagne locale, centrée sur le bilan de son adversaire socialiste.
"Sous son mandat, accuse la candidate, les structures se sont alourdies au détriment de la réactivité. La politique de M. Queyranne est trop rigide et trop idéologique. Auparavant, on adaptait la politique régionale aux besoins. Je veux faire du sur-mesure, notamment en matière de formation." Dénonçant "les hausses fiscales" décidées par son adversaire et ses "dérives" en matière de communication, la candidate promet une "fiscalité zéro".
Pour doper sa campagne, M. Queyranne tente, à l'inverse, de nationaliser l'enjeu du scrutin, en appelant les électeurs à s'opposer à la réforme des collectivités territoriales proposée par le gouvernement et à sanctionner la politique "d'inégalités" de Nicolas Sarkozy. "L'Etat, affirme-t-il veut affaiblir les régions qui fonctionnent bien et qui ont pris le relais de l'Etat dans bien des domaines. Voter les 14 et 21 mars, c'est un moyen de jeter aux oubliettes cette réforme et la politique de recentralisation menée par le gouvernement."
Sophie Landrin

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