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lundi 7 décembre 2009

La Bégude de Mazenc 26160 : mobilisation de la population pour la famille Bayan

La Bégude de Mazenc : « On a envie de les intégrer ! ».
Ou la révolte humaniste d’un village drômois.
La colère gronde à La Bégude de Mazenc. Une famille de réfugiés venus de l’Azerbaydjan arménien (Haut-karabakh), fuyant la Russie, installée depuis 18 mois dans le village, tombe aujourd’hui sous le coup d’une OQTF. Sous ce nom barbare une réalité très dure : l’expulsion immédiate hors de France de tout ressortissant étranger non autorisé à résider légalement sur le sol de notre pays. Cette OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), prise par le représentant de l’Etat français dans le département (le Préfet de la Drôme), les Babayan l’ont reçu la première fois en juin 2008 suite au refus de leur demande pour obtenir le statut de réfugiés. Ils ont fait appel de cette décision devant le Tribunal Administratif de Grenoble. Celui-ci leur a donné raison et a annulé l’OQTF en décembre 2008.
- C’était sans compter sur la volonté d’une application stricte et peu humaine de la politique des quotas de reconduite à la frontière, voulue dès 2007 par le Président de la République. La barre était fixée à 25 000 en 2007. La réalité fut un peu inférieure. Mais en 2008 elle dépassait les 29 000 expulsions. Le Préfet, dans cette logique de la politique des quotas (27 000 reconduites à la frontière prévues en 2009 selon le nouveau Ministre Eric Besson) a fait appel de la décision du TA de Grenoble. La Cour Administrative d'Appel de Lyon vient de lui donner raison et d'entériner définitivement l'OQTF qui vise les Babayan
- La famille Babayan c'est Karen le père, 23 ans, Susana la maman, 22 ans, Surik un premier garçon de 3 ans 1/2 et Erik le petit de 2 ans 1/2. Ils sont arrivés en France il y a 4 ans quand, Susana enceinte, le couple fuyait la Russie où leurs familles respectives avaient cru pouvoir trouver refuge. Mais les agressions très violentes contre les « étrangers », qui se multiplient en Russie, les ont une nouvelle fois contraint à l’exil.
- N'ayant plus sa place ni dans leur pays de naissance l’Azerbaïdjan, qui n'accorde plus la nationalité à qui a quitté le sol natal, ni en Russie, la famille croyait enfin avoir trouvé, dans la patrie des droits de l'homme, un havre de paix et une terre d'accueil. Les temps ont changé et chez nous en France aussi on leur a fait savoir qu'ils n'étaient pas certains d’être accueillis et qu'il fallait faire de nombreuses démarches pour obtenir un hypothétique droit d'asile.
- Patiemment la famille Babayan a donc appris la langue française, suivi le parcourt des demandeurs d'asile et finalement réuni tous les éléments qui auraient dû permettre leur intégration à ce jour réussi. Mais c'était sans compter sur la crise économique et sur une France qui désormais renonce à accueillir « toute la misère du monde, même si elle doit en prendre sa part » disait Michel Rocard alors 1er ministre dès 1990.
L'accélération de la mondialisation avec ses restructurations, ses délocalisations, auxquelles se rajoutent maintenant une crise financière majeure, ont encore ravivé les contradictions entre nos traditions françaises d'accueil et la tentation de repli sur soi et de fermeture des frontières.
- Aujourd’hui Karen est maçon en contrat à durée indéterminée auprès de l'entreprise bégudienne Saurel . Susana s'occupe des enfants. Surik est scolarisé auprès de l'école maternelle publique de La Bégude de Mazenc. Ils ont trouvé une famille d’accueil les Perret, Sylvie, Bruno et leurs enfants qui ont élargi les murs de leur logement pour leur faire de la place en attendant que leur situation administrative soit régularisée. Et patatras, c’est tout le contraire qui arrive.
- Révoltée à l’idée que les Babayan qui au fil du temps « sont devenus mes propres enfants » puissent être expulsés de la sorte , Sylvie Perret, par ailleurs militante associative active, a décidé de se battre pour trouver de l’aide.
- Elle a donc saisi le maire de La Bégude qui immédiatement a répondu à son appel prenant fait et avec cette famille. Mais les possibilités sont minces. Même les 2 enfants pourtant nés en France ne peuvent bénéficier du droit du sol. Le droit français ne leur autorisera la nationalité qu’à leur majorité, sur leur demande et s’ils n’ont pas quitté le sol de la France entre temps. Ces enfants sont donc, comme leurs parents, des apatrides privés de toute racine de naissance. Et la montée des égoïsmes que les crises attisent ne facilitera pas leur avenir.
- Pour le Maire la situation est intolérable et inacceptable. Il a pu mesurer par lui-même la détermination à l'intégration dont la famille Babayan fait preuve depuis son arrivée en France. De la même manière l'employeur de Karen auquel celui-ci a proposé de remettre sa démission pour ne pas le mettre en difficulté après la décision du tribunal. Monsieur Saurel lui a demandé de rester au poste pour lequel il est employé et donne toute satisfaction.
- A l'école aussi où les parents d'élèves se sont mobilisés, scandalisés par la décision qui touche une famille, comme les leurs. Ils ne comprennent vraiment pas que la France ne puisse pas faire un effort tout particulier pour la famille Babayan.
- C'est donc tout un village qui entre en résistance pour la reconnaissance d'un droit d’accueil digne de l'image de la France. La solidarité que la France ne sait plus manifester, La Bégude ne veut pas l'abandonner et se mobilise collectivement autour de son maire pour obtenir que la famille puisse continuer de vivre à La Bégude, définitivement et dans la paix qu'ils avaient enfin pu trouver.
- C’était le sens du rassemblement autour de la famille Babayan proposé samedi dernier. Ils ont été plus de deux cents venus de tout le canton, les élus étant nombreux (Président de l a Communauté de Communes, maires des communes voisines, conseiller général du canton) à se joindre à la population.
Le rassemblement fut plein d’émotion à l’évocation de ce parcourt humain si exemplaire de l’absurdité qui frappe trop souvent à nos portes. Pourquoi les Babayan ne pourraient-ils pas rester en France ?
- La longue tradition d'accueil et de résistance du Pays de Dieulefit se voit là soudainement réactualisée. Cette manifestation de solidarité des habitants et des élus de la Bégude de Mazenc ne devrait pas rester sans conséquences. C’est en tout cas le vœux du maire qui cloturait l’évènement par un souhait d’une nouvelle et prochaine rencontre festive autour des autorisations enfin acquises.
Il est à noter que le Président de la République lui-même complétait ses indications quantitatives sur les quotas par un appel à un traitement humain des situations rencontrées. Lors de ses vœux à l’Elysée pour 2008 il précisait (à son Ministre de l’Immigration d’alors) «J'ai demandé à Brice Hortefeux d'avancer sur deux points extrêmement importants à mes yeux… (Sur la politique des quotas) on doit accueillir des gens qu'on peut accueillir parce que l'on a envie de les intégrer (...) cela évitera les drames… » (NDR). Souhaitons que le message des Bégudiens soit entendu que le drame puisse être évité, la population ayant montré par sa présence cette envie d’intégrer ceux qu’elle a accueilli.
Jean Noël Chassé
Le Village
26160 Le Poët-Laval
jnoc26@yahoo.fr
tel : 04 75 91 01 38
ou : 09 71 27 50 91
ou : 06 2180 44 20

Nb : Il faut préciser que le cas d’autres familles en situation analogue ont été évoquées par des participants venus en solidarité de la Drôme et de l’Ardèche.

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