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vendredi 21 août 2009

Verbatim


Thierry Geffray est un philosophe tombé en politique. Visionnaire plus que gestionnaire, jardinier du sens, plus que maniganceur politicien, chercheur de nouvelles voies d’expérimentation plutôt que ressasseur de vieilles recettes épuisées, il laisse autant une excellente impression dans la Société Civile et auprès des habitantes et des habitants du Diois qu’un dépit chez les politicards. Et une déception pour toutes et tous qui aspirons à changer totalement les modes de fonctionnement du politique.
Intervention de Thierry Geffray, ancien Président de la Communauté des Communes du Diois à la Journée de la Terre : « Plaidoyer pour la terre » le 25 avril 2009 à Vercheny (26).
Regard Distancié
Eleveur de Brebis en GAEC à Bellegarde en Diois, je remercie les organisateurs (et Claude Veyret qui choisi cette expression de Regard Distancié) de cette journée et cette invitation à m’exprimer. Après m’être un an (suite à son départ volontaire de la Communauté des Communes du Diois, NDLR) volontairement abstenu de prises de paroles.
J’apporte ce regard distancié qui est une prise de recul vis-à-vis de mes engagements ultérieurs. C’est la terre qui me permet cette posture de va et vient, c’est la terre qui me donne une base, qui me donne confiance, cohérence et stabilité.
C’est cette intuition (de la terre qui nous retrouve) qui a présidé à notre « retour à la terre ». Avec Sjoerd Wartena (président de Terre de Liens), tout ce qu’on dit aujourd’hui, on le disait dans les années 70 ( GFA territorial, Gaec…). La terre ne doit pas être réservée à celui qui en a les moyens mais à ceux qui l’aiment et en sentent le besoin. Tout le monde devrait avoir accès à la terre, tout le monde devrait avoir la possibilité de vivre de son jardin. « Terre de liens », deux mots qui fondent un nouveau paradigme, Terre de liens ou Biovallée sont dans la droite ligne de 1970. On est pugnace. On n’était pas dans le sens de l’histoire en 1976, en attendant, on a bricolé, nous sommes devenus nombreux à bricoler de la sorte… En 1970, ce paradigme du lien était déjà un objectif. On ne perd pas la boule. Des actions comme les «Rencontres de l’Ecologie» ont permis de compléter les explications sur la relation et «Interactions, Transformation Personnelle - Transformation Sociale» des gestes quotidiens, les uns à côté des autres. Ce furent des crises pour que la transformation de la société, et que ses explications deviennent implications culturelles. De moins 30 à moins 1 degré, l’eau est toujours de la glace et il suffit d’1 degré pour qu’elle devienne liquide… Terre de liens et sa souscription sont un peu cette transformation.
Nous sommes en marche. Au pied des murs successifs pour éviter de les passer, certains vont les repeindre en trompe l’œil, les repeindre en vert. Il s’agit d’ouvrir les portes sur un nouveau paradigme qui est celui du lien vis-à-vis du bien. Des peuples sont dans cette façon d’être au monde, il s’agit dans notre triptyque républicaine de mettre la Fraternité comme déterminant premier avec le partage des Universaux, nous sommes des enfants de la Terre mère. Le déficit est l’humain et pas la technique, le pari de Biovallée, Grand Projet, c’est le pari du lien, des réseaux,d’ un riche monde associatif, de la tri-articulation entre le monde politique, l’économie et la société civile. « Les problèmes importants auxquels nous sommes confrontés ne peuvent pas être résolus avec les habitudes de pensée qui sont à l'origine de leur apparition... » disait Albert Einstein.
Nous devons comprendre et s’entendre sur une vision politique qui n’est autre que de mettre en place un processus « d’intelligence collective » qui nous relie. Avec des élus qui acceptent les idées nouvelles. Nous avons désormais le sentiment de « pied à l’étrier » par rapport à notre impuissance d’agir. Notre territoire est un territoire d’avenir, de la bonne taille pour se relier et mettre en place nos valeurs. Les « Rencontres de l’Ecologie » était dans l’explication, nous devons entrer dans l’implication collective. L’ensemble de nos bricolages personnels donne à nos initiatives une dimension sociétale. Ils nous donnent à « habiter la Terre » de façon responsable, à retrouver notre dignité. Attention le système en place toujours à l’œuvre (avec croissance, emploi, consommation) va s’occuper de Biovallée au titre de l’accumulation de biens en priorité (Biovallée du vivant). C’est pourquoi, à cette bio-logistique, je rajouterai la stratégie des 4 L. Les 4 L ce sont, une journée comme aujourd’hui : bio-logiques, bio-létique (concession de terres en échange de service), bio-lithique( construction-pierre de logement) et bio-ludique ( allusion au coopérateurs ludiques de Viveret, ndlr).
Jusqu’au bout, jusqu’à la dernière heure, un système qui s’effondre ne le sait pas ou refuse de le voir. C’est ce qu’il se passe actuellement. L’émergence des Créatifs Culturels est une haute époque de la résistance qui s’instille. Celle de « Résister, c’est créer », créer du lien, c’est comme si on passait de moins 3 degrés à moins 1 degré.
Il s’agit de trouver des actions qui participent à la Biovallée. Ce remue–méninges. Et ce n’est pas la politique de guichet, de redistribution aux entreprises qui renforcera ce Pays. Ce sont des actions qui participent, produisent du lien (Terre de Liens, Rencontres de l’ Ecologie, Dispensaire de santé, Compagnons de la Terre et d’ autres à venir encore… . Il s’agit de faire le plus possible « avec » et le moins possible « contre ». La France rurale s’est vendue à chaque génération( peu être 10 fois) pour produire les villes et la stérilisation des terres. Il faudrait maintenant une traçabilité locale de l’épargne, une organisation de cette épargne pour que le territoire se renforce. Je suis parti au Mexique pour dialoguer sur le thème de la gouvernance et de la Démocratie locale. Ce qui compte, c’est les processus d’intelligence collective qui seront partout mis en place dans le monde. Il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant.
Le statut du local a changé, nous sommes tous des enfants de la Terre mère, nous partageons des Universaux : « paysans, pays, paysages, pays sage », sur les terres solidaires (de la Biovallée), Osons ensemble, vivre simplement pour fêter le vivant (évocations symboliques des cinq derniers titres des Rencontres de l’Ecologie, notes de la Rédaction)…
Il est urgent de se presser lentement…
Thierry Geffray, Montlahuc, Bellegarde en Diois 26470
Tel : 04 75 21 40 50

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