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lundi 29 juin 2009

Désinformation




Depuis 2005, les adversaires des ours répandent la rumeur que les vautours affamés s’en prennent aux vaches et aux moutons vivants. Autopsie d’une fable ancienne.
Les journaux locaux et nationaux commentent à l’envi une nouvelle exception française : les vautours « attaquent » le bétail dans les Pyrénées. L’ours, le loup et le lynx ne suffisant plus aux chasseurs, à la FNSEA et à quelques bergers pour affoler les foules, la vindicte et les fantasmes populaires nous offrent maintenant un nouveau tueur : le vautour fauve. Victime et acteur de choix, puisque, c’est bien connu, ces rapaces prolifèrent par la faute des « protecteurs de la nature qui organisent l’espace rural depuis leurs villes qu’ils ne quittent que pour emmerder les agriculteurs ».
Sauf que, le vautour fauve, comme tous les charognards, les gypaètes barbus qui ne s’intéressent qu’aux os ou les percnoptères (vautour blanc) migrants saisonniers de l’Afrique ne s’en prennent qu’aux animaux morts. Ceux, par exemple, que les éleveurs ou les bergers laissent des jours et des jours sans surveillance et sans soins dans la montagne et le piémont pyrénéens. Ce que l’on peut comprendre car ce métier n’est pas de tout repos et que la rentabilité d’une telle agriculture de montagne est tout à fait aléatoire. Elle n’existerait d’ailleurs pas ou plus si elle n’était pas, même imparfaitement, subventionnée par la PAC et donc l’Europe. Et nul ne dénonce les dégâts occasionnés aux troupeaux par les chiens errants.
Sauf que, toutes les enquêtes menées depuis plusieurs années par la Ligue pour la Protection des Oiseaux, la LPO, prouvent que les vautours ne s’en sont pris jusqu’à présent, qu’à des vaches, des juments ou des brebis mortes ou mourantes après des naissances difficiles et mortelles. Parce qu’elles se déroulent trop souvent sans surveillance, sans l’aide d’un vétérinaire ou d’un éleveur. Chez les animaux comme chez les humains, on compte un certain nombre d’accouchements difficiles qui tournent mal sans aide extérieure.
La fable des vautours « qui attaquent les animaux vivants » date de 2005. Au hasard des ragots et des rumeurs colportés par les organisations de chasseurs et les adversaires de l’ours brun, pas fâchés de s’en prendre à une espèce protégée par la loi. Les vallées pyrénéennes, à commencer par celles des Pyrénées Atlantiques bruissent de récits fantaisistes repris sans aucune vérification par des confrères. Ils ressemblent à ceux que l’on racontait dans les Cévennes il y a des lustres, jusqu’à ce qu’un chasseur abatte le dernier vautour fauve de la haute vallée du Tarn en 1941. Et aux histoires d’aigles enlevant les enfants dans leurs berceaux sous les yeux horrifiés des familles.
Curieusement, alors que les vautours ont été réintroduits dans la région au début des années 80 par deux naturalistes, les frères Terrasse, aucune histoire de rapaces tueurs n’est jamais contée dans cette région alors qu’y volent désormais, réussite spectaculaire, plus de 250 couples. Mais il est vrai que les bergers des Cévennes coopèrent à ce succès et qu’il n’y a pas d’ours dans la région...
Les vautours ont ou auraient faim : possible, mais les règlementations sanitaires interdisent aux éleveurs de leur laisser sur place les carcasses des animaux morts ( mais ça bouge). La protection conçue par la loi de 1976 se heurte souvent aux règles administratives de l’Etat et à l’ignorance de certains de ses sujets.

Claude-Marie Vadrot

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